C’est en 2001 que l’accordéoniste Maxime Raguin et le guitariste Manuel Mercier ont créé à Rennes le groupe Le P’tit Son. Après une pause de 4 ans engagée en 2012, ils sont revenus l’année dernière avec leur dernier album, Marche ou rêve. Dans la foulée, ils ont également lancé une tournée anniversaire de leurs 15 ans. À cette occasion, ils sont passés samedi 11 août au festival Transat en ville à Rennes, place de la mairie.
Le spectacle de Transat en ville du 11 août a encore une fois mis à l’honneur un groupe directement issu de la scène rennaise. Cette fois-ci, ce fut au tour du groupe Le P’tit Son, dont la tournée célèbre les 15 ans de concerts. Formé il y a 17 ans par Maxime Raguin, accordéoniste et Manuel Mercier, guitariste, il s’est progressivement agrandi et compte également Ludovic Laclautre, guitariste et joueur de banjo, ainsi que Cyril Demichelis à la clarinette, Cédric Motte à la basse et Robin Tixier à la batterie.
Parmi les chansons de leur set, la moitié a été consacrée aux chansons de leur dernier album Marche ou rêve, sorti en mars 2017. En guise d’ouverture, ils ont néanmoins repris Havana Gila, chanson traditionnelle klezmer qui annonce d’emblée leurs influences musicales. En effet, ces dernières semblent polarisées autour des musiques populaires des Balkans, popularisées de nos jours dans leurs versions cosmopolites par des artistes tels que les illustres Emir Kusturica et Goran Bregovic.
On retrouve dans leurs chansons des éléments issus de ces répertoires, comme les contretemps marqués en pizzicato par le banjo et la guitare (mais également par l’accordéon sur certaines chansons), présents notamment dans le jazz manouche et la musique tzigane (Je tourne en rond). D’ailleurs, le jeu de l’accordéon, comme celui d’inspiration klezmer de la clarinette, se rapporte aux mêmes influences. De même, le parcours harmonique, toujours en tonalité mineure, les constructions mélodiques et les moments de ruptures rythmiques des musiques balkaniques constituent la trame de beaucoup de ces morceaux.
Mais si cette influence transparaît de façon évidente dans la plupart de leurs chansons, d’autres lorgnent également vers d’autres répertoires plus ou moins associés. Ainsi, la chanson Gitan renferme des influences tirées de la musique espagnole, principalement le recours de la guitare classique et l’utilisation du mode « andalou ». Par ailleurs, le set du P’tit Son a également inclus deux morceaux lents, La valse du chapeau (2010) et Triste liberté (2006), dont les rythmes de valses marqués à l’accordéon par Maxime Raguin, renvoie inévitablement à la valse musette de l’Entre-Deux-Guerres. La chanson Mauvais homme s’articule quant à elle autour d’une rythmique en contretemps au banjo et à l’accordéon, s’apparentant davantage à celle des « skanks » plus lents du reggae roots.
Parallèlement à la musique, leurs textes révèlent un aspect semi-décalé et en même temps profondément humaniste qui semble résumer la philosophie de ce groupe. Ils sont construits autour de thématiques ayant trait aux déboires de la vie quotidienne, ou encore à des situations burlesques (Petit bonhomme et Derrière la porte) qui évoquent presque l’univers de chanteurs comme Thomas Fersen. D’autres, plus profondément ancrées dans le réel, pourraient être qualifiées de contestataires, comme par exemple Mauvais homme et Vivre l’évolution (2010). Les paroles sont déclamées et parfois même presque contées (Petit bonhomme) sur un ton simple, sans artifices et souvent dans la dérision, mais sur un ton toujours passionné. Si désillusions et déceptions sentimentales sont également évoquées, les trublions du P’tit Son s’attachent aussi à célébrer les idéaux de liberté et la foi en l’avenir (Hier mat). Tout leur charme réside dans leur art de livrer une musique efficace, sans se prendre trop au sérieux. Il faut ajouter à cela une bonhomie naturelle, et leur énergie spontanée comme autant d’injonctions à l’ivresse et à la fête. Des valeurs qu’ils ont visiblement réussi à communiquer aux spectateurs qui ont répondu à cet appel. Certains de leurs fans présents dans le public ont notamment repris en chœur la chanson Vivre l’évolution, véritable hymne révolutionnaire avec lequel ils ont conclu brillamment leur prestation. Bravo les gars !
Dans le cadre de leur tournée Marche ou Rêve, le P’tit son reviendra en Bretagne pour notre plus grand plaisir.
Photos : Sophie Hervet.