Jeudi 8 janvier, l’opéra de Rennes donnait Truandot de Giacomo Puccini dans le cadre de la saison Révisez vos classiques. Eh bien : révisons donc nos classiques ! Défense, présentation et conclusion…
Trop nombreux sont ceux qui, faute de l’avoir expérimenté, pensent qu’aller à l’opéra est un exercice difficile. Les remarques sont toujours les mêmes : « C’est trop long, on ne comprend rien même lorsque c’est chanté en Français, c’est cher », etc. Nous vous épargnons la longue litanie des plaintes et autres jérémiades qui accompagnent immanquablement les discussions sur ce thème.
C’est d’un revers de la main que l’on doit balayer ces lieux communs, tout simplement parce qu’ils sont faux. D’abord, tous les livrets, quelle qu’en soit la langue, sont traduits en simultané sur un bandeau lumineux situé au-dessus de la scène et que les représentations sont entrecoupées par le sacro-saint « entracte ». On échappe donc à cette préoccupation d’incompréhension et l’on peut se dégourdir les jambes ou aller fumer une cigarette, selon son bon plaisir. Comme le prétend le dicton pour de nombreuses situations, « il n’y a que le premier pas qui compte. »
C’est probablement cette idée qui a guidé Alain Surrans, directeur de l’opéra de Rennes, dans la création du programme « révisez vos classiques ». Très pratiques pour un public désireux de s’initier à l’opéra, comme pour les habitués avides d’obtenir des précisions sur une partition qu’ils connaissent déjà, ces séances présentent l’avantage d’être courtes et intéressantes. Deux horaires sont possibles 18h et 20h, Quant au prix, puisque la question reste toujours posée, il est de… 4 euros. Qui dit mieux !?
Pour ce montant, n’imaginez pas que c’est l’orchestre de Bretagne qui va accompagner le cours magistral. Il faudra savoir vous satisfaire de la pianiste Colette Diard qui pour lors, accompagnera des chanteurs venus illustrer les explications de notre Pygmalion de circonstance.
Ce ne sont pas des inconnus de la scène rennaise que nous retrouvons sur les planches, tant s’en faut… Catherine Hunold, artisan du succès de « LA WALKYRIE » et qui interprétera dans quelques semaines le rôle de Ortrud dans LOHENGRIN, sera pour la circonstance notre cruelle princesse Turandot, Élodie Hache, également présente lors de la Walkyrie dans le rôle d’Ortlinde sera, elle, la modeste Liu, servante du roi Timur et amoureuse du prince Calaf. On retrouve également Marc Scoffoni, entendu dans FORTUNIO d’André Messager, UNE ÉDUCATION MANQUEE d’Emmanuel Chabrier et POMME D’API de Jacques Offenbach (voir nos différents articles). Enfin, la partie ténor sera assurée par Hamadi Lagha auquel reviendra le périlleux honneur d’interpréter le merveilleux « Nessum dorma » ;
Les choses se déroulent simplement : Alain Surrans après avoir expliqué le thème de Turandot, commente les différents épisodes que les chanteurs viennent illustrer. L’opéra n’est plus à ce moment une pesante histoire à laquelle on n’entend rien, mais un conte dont on suit les péripéties et dont on est avide de connaître la suite.
Si votre curiosité est piquée par ces informations, sachez que « révisez vos classiques » fait l’objet d’une captation audiovisuelle réalisée l’aire d’U de l’université de Rennes 2 (voir au pied de l’article).
Dernier point, écartez d’emblée l’idée qu’une séance à l’opéra est quelque chose de guindé. « Révisez vos classiques » réussit à remplir deux fois en une soirée notre petit théâtre rennais avec un large public et spécialement beaucoup d’enfants et de lycéens venus sans contrainte découvrir ce qui leur apparaissait avant comme un monstre sacré.
N’en doutez pas : l’opéra est aussi pour vous ! Et la musique adoucit les moeurs. Ces paroles prennent tout leur sens dans le contexte actuel. Aussi ne laissez pas d’autres penser pour vous : Agissez ! Cultivons-nous, cela nourrit de liberté l’esprit, ouvre l’âme à l’inspiration et dispose à l’écoute attentive et civilisée de son prochain.