Tina Kieffer fait paraître Une Déflagration d’amour aux éditions Robert Laffont. C’est l’histoire d’une aventure humaine formidable, celle de Toutes à l’école, une association fondée par l’ancienne journaliste française qui permet la scolarisation des petites filles du Cambodge. Du futile à l’essentiel, du plus léger au plus profond, une déflagration d’amour peut changer la vie !
Hier, à savoir il y a vingt, vingt-cinq ans, donc une éternité pour les jeunes d’aujourd’hui, la télévision était un monstre que d’aucuns adulaient. Par là même, les visages que l’on y voyait semblaient des icônes intouchables. Avec les années et la multiplication des chaînes, avec l’avènement du tout numérique et des chaînes web, les bobines se sont multipliées et attirent moins les « fans ». Encore que ! Certaines vedettes se donnent en pâture à coups de selfies, cela les maintient dans une société du tout à l’ego…
Tina Kieffer, journaliste phare des années 90, appartenait à ces personnes que l’on admirait le vendredi ou le samedi devant une petite lucarne où les téléspectateurs s’agglutinaient en millions, entre des tunnels de pub qui enrichissaient les annonceurs… Puis, la belle a quitté le petit écran en plein succès (l’intelligence de ne pas faire LA saison de trop), pour renouer avec ses premières amours, la presse écrite féminine : elle a créé DS Magazine, puis a pris les rênes de Marie Claire, premier mensuel français où les reportages de fond côtoient des articles plus légers autour de la mode, la cosmétique. Mais pour cette femme hyperactive, maman de quatre enfants — dix mille idées à la seconde —, ce n’était pas suffisant. Tina voulait donner un autre sens, du sens à sa vie de femme, elle voulait s’investir dans un projet humain et humaniste et s’ancrer dans le concret, fuyant paillettes et faux-semblants.
À l’occasion d’un séjour en famille au Cambodge, elle se retrouve face à la réalité du terrain au cœur même d’un orphelinat de la banlieue de Phnom Penh. Elle rencontre de nombreux enfants souvent laissés-pour-compte qui seront destinés dès six ou sept ans soit à des négriers qui les installent douze à quinze heures par jour derrière des machines, soit à des proxénètes… Il faut bien répondre à l’appétit financier des grandes puissances occidentales et aux desiderata de prédateurs sexuels…
Tina Kieffer décide donc de s’investir, de monter une école à Phnom Penh… Tout un programme…
À force d’imagination, d’idées, de ténacité, de volonté, d’énergie, de sollicitation de son réseau, de patience comme d’impatience, encouragée par une équipe qu’elle réunit en des temps records, elle réussit un tour de force : gérée par l’association Toutes à l’école, fondée en 2005 par la journaliste et femme de cœur, une école destinée aux petites filles ouvre ses portes en 2006.
Elles seront une centaine pour cette première promotion. Nom de baptême de l’école : Happy Chandara. Pourquoi Chandara ? En khmer, cela signifie lumière d’étoile. C’est le prénom de la petite fille délaissée, maigrelette, que Tina Kieffer avait repérée le premier jour de sa visite dans l’orphelinat et que toute la famille a décidé d’adopter. Aujourd’hui, Théa (Chandara) est une jeune fille de seize ans, sœur des enfants de Tina, qui suit ses études dans l’Ouest parisien. La déflagration d’amour, c’est ce qu’a ressenti cette femme, maman, journaliste, sensible, en lui prenant la main. Cela n’a rien d’un conte, ce sont des choses qui arrivent et qui changent la vie pour toujours.
2019 : Happy Chandara est un complexe scolaire qui accueille quelque 1 400 élèves, de la maternelle au baccalauréat (100 % de réussite en 2018). Ces jeunes filles se destinent souvent à de grandes carrières. Et l’association Toutes à l’école poursuit sa mission humanitaire : donner une chance à des petites filles qui peuvent accomplir des miracles.
Au-delà de l’histoire, ici très résumée, Tina Kieffer défend avec justesse combien il est important et nécessaire que les petites filles, les jeunes filles, aient accès à l’éducation, car on sait que ce sont elles, devenues femmes, qui serviront de trait d’union entre les générations. C’est un rôle de transmission capital, pour plus de liberté, de respect, d’égalité et de démocratie. Quant aux politiciens, la journaliste les égratigne parfois, non sans raison : ils stagnent souvent dans le discours alors qu’on a besoin d’actions concrètes sur le terrain. On ne défendra jamais assez le travail pertinent et nécessaire des ONG et des associations.
Bien sûr à la lecture d’Une déflagration d’amour, on est ému. Mais l’émotion nous conduit nécessairement à nous poser la bonne question, jamais dans le jugement, jamais dans la leçon, jamais dans la culpabilisation de la lectrice, du lecteur… Simplement : comment aider l’autre, les autres en donnant du sens à sa propre existence ? Respect entier pour cette démarche très humaniste !
Pour en découvrir davantage sur l’association Toutes à l’école, ou pour parrainer une fillette (pour 30 €/mois, défiscalisés), consultez leur site internet ou leur page Facebook.
Une partie des droits d’auteur de cet ouvrage seront reversés à l’association.
Tina Kieffer, Une Déflagration d’amour, Paris, Robert Laffont, 245 pages. Parution : mai 2019. Prix : 20,00 €.
En 2005, Tina Kieffer a fondé l’association Toutes à l’école qui scolarise aujourd’hui 1 400 petites et jeunes filles sur son campus Happy Chandara au Cambodge. D’abord journaliste à Cosmopolitan, elle a créé le magazine DS et dirigé pendant dix ans le journal Marie Claire. Elle a aussi été scénariste et animatrice-productrice pour la télévision. Une déflagration d’amour est son premier livre.