Le vendredi 18 juillet 2015 fut une journée riche en surprises aux Vieilles Charrues 2015. Le titre vous l’indique sans ambages : The Chemical Brothers au sommet, Feu ! Chatterton séduit, EZ3kiel déçoit.
Cette journée du vendredi a tout d’abord fait la part belle à des groupes encore méconnus, mais dotés d’un potentiel qui devrait leur garantir un succès croissant dans les prochaines années.
Les Français de Feu! Chatterton, qui ont récemment sorti un EP après avoir fait sensation aux Bars en Trans, ont fait parler leur grande classe lors d’un concert à la fois efficace et lyrique. La fusion des genres opérée par le groupe pop a rapidement séduit les festivaliers, tandis que l’élégance classique du chanteur a su apporter une certaine fraîcheur à ce début d’après-midi.
À 16h50, ce sont ensuite les Bretons de Fragments qui sont entrés en jeu, sur la scène Grall. Leur musique contemplative et exclusivement instrumentale a offert un moment de grâce aux festivaliers, grâce à un agencement raffiné des claviers, de la guitare et des percussions.
Après ces deux premiers, nous avons pu assister au concert endiablé de Caravan Palace. Ce groupe français d’electroswing a enflammé la scène Kerouac, avec sa musique très dansante, reposant sur une hybridation de puissantes basses électroniques, de musique jazzy, et de musique folklorique gitane. La chanteuse, très impliquée, n’a pas hésité à solliciter plusieurs fois le public, créant une ambiance résolument festive. Avec ses rythmes funk, voire hip-hop, Caravan Palace a effectivement très vite conquis la foule. Seul bémol : la grande similarité entre les différents morceaux.
Parmi les autres artistes, on retiendra Laetitia Shaeriff et son rock psychédélique tout aussi incisif qu’exigeant.
The Chemical Brothers, Archive… : des vétérans inégaux
Ce vendredi, nous avons également eu la chance de redécouvrir des artistes plus anciens, qui ont notamment émergé dans les années 90.
À 19 h, Archive a pris le contrôle de la scène Glenmor avec son rock polymorphe, faisant la part belle aux percussions puissantes et aux voix de ses deux chanteurs. Selon les témoignages des festivaliers, le concert a semblé surtout satisfaire les fans, ce qui montre que la musique très austère du groupe reste difficile d’accès en concert. Un peu plus tard, le crooner Tom Jones a quant à lui livré une performance honnête sur la scène Kerouac.
Enfin, le concert des Chemical Brothers figure très nettement au rang des plus marquants de la journée. Programmés à 1h30, les deux DJs anglais, qui s’apprêtent à signer leur retour dans les bacs après cinq ans de disette, ont proposé un live tout simplement hallucinant. La set-list, bien pensée, faisait alterner anciens succès (Hey Boy Hey Girl, Galvanize…) et singles extraits du nouvel album (Go, Sometimes I Feel So Deserted…), pour le plus grand bonheur du public. On retiendra également les jeux de lumière sidérants proposés par les techniciens de la scène Glenmor, dont la sophistication technique ne cesse d’impressionner.
La folie de Salut c’est cool !
Certains artistes émergents ont pour leur part su confirmer les espoirs placés en eux. Les membres de Salut c’est cool, tous étudiants aux Beaux-arts de Paris, sont parvenus à démontrer l’ampleur de leur projet déjanté. Programmés à 21h50, ils ont progressivement dynamité toutes les conventions en matière de performance scénique, notamment en ce qui concerne la sécurité : certains membres se sont adonnés à des bains de foule dès le premier morceau, avant de faire monter des dizaines de spectateurs sur scène.
En apparence tout à fait absurde, le concert se révèle frappant par sa capacité à renouveler son genre, et à coller ainsi au projet du groupe, à savoir réenchanter les choses ordinaires. On finit d’ailleurs par se demander si les slogans répétés inlassablement par les membres du groupe sur fond de techno, comme « Merci nature d’être là, super sympa ! » ne sont pas à prendre plus au sérieux qu’il n’y paraît.
Ensuite, sur la scène Glenmor, Christine and the Queens a une nouvelle fois montré sa capacité à fédérer un public diversifié, dans une ambiance électrique.
La déception : EZ3kiel
Pendant quelques minutes, le trio français nous a fait espérer un concert élégant, reposant sur une scénographie impressionnante (une nouvelle fois, saluons les jeux de lumière proposés), et une musique instrumentale aux sonorités nostalgiques. Mais les morceaux joués se sont rapidement révélés trop peu délicats pour correspondre à l’ambiance paisible régnant autour de la scène Grall.