Fondée par le danseur et chorégraphe rennais Mike Hayford, Zombeavers est une compagnie de danse hip-hop bretonne composée de six danseurs parmi les plus titrés de la région. En première partie de la pièce Elektrik de la chorégraphe Blanca Li, Zombeavers donnera en avant-première une nouvelle création vendredi 7 et samedi 8 décembre 2018 au Triangle, cité de la Danse. Déjà 20 ans de carrière pour le fondateur de Zombeavers, Mike Hayford. Rencontre avec un danseur à la réputation internationale.
Unidivers : Avant de parler de l’actualité de la compagnie Zombeavers, j’aimerais revenir sur votre carrière. La culture hip-hop a toujours été votre drogue que consommez sans modération…
Mike Hayford : Inconsciemment, la danse a toujours été une passion. J’ai baigné dans cet univers pendant toute mon enfance. Mon père – collectionneur de vinyles – m’a fait découvrir la culture funk, hip-hop et rap. Il était passionné de danse et a enseigné à mon grand frère, devenu un grand danseur dans les années 80. Ma grande sœur danse également. Comme tout enfant, je voulais ressembler à mon grand frère et les voir danser me donnait envie de faire de même. Sans oublier la base de tous les garçons au monde : Michael Jackson (rires). J’adore les films à effets spéciaux et la gestuelle et la mécanique du robot m’ont servi d’inspiration pour développer mon style.
La maison de quartier de Villejean proposait des cours de hip-hop animés par le professeur de danse André Descamps… Tout a commencé là, j’avais 14 ans.
Unidivers : Vous êtes multichampion du monde de popping et surnommé depuis « le roi » du popping. Comment passe-ton de votre expérience locale à Rennes à une renommée internationale ? Le changement n’a pas été trop brutal à l’époque ?
Mike Hayford : L’ascension a été soudaine, et je n’ai pas forcément vu les choses arriver. Quand j’ai intégré le collectif Imperial 35, j’étais très jeune. Nous avons participé à plusieurs concours, notamment le titre le plus prestigieux du Grand-Ouest, le Breizh Battle. Parallèlement, je suis entré dans la compagnie Rencontre du 3e style avec mon ami d’enfance Bruce Chiefare. Ces expériences m’ont permis de me perfectionner en tant que danseur professionnel. Rencontre du 3ème style est le premier groupe breton à s’être externalisé hors de Bretagne pour concourir dans des compétitions au niveau national. Les battles s’organisaient par catégories à cette époque, la mienne était le popping – du funk style, du hip-hop debout.
En 2002, Bruce Ikanji (organisateur du grand battle de l’événement Juste Debout) faisait partie du jury et la même année, j’ai remporté le Popping Contest, championnat de Bretagne Popping. Juste Debout venait à peine d’être créée et il m’a invité à participer. Malgré son jeune âge, l’événement est devenu national l’année suivante. Nous avons remporté la compétition avec une danseuse parisienne. La récompensée, un billet d’avion vers la destination de notre choix, m’a permis de participer à la compétition la plus prisée du monde : B-Boy Summit (Los Angeles). J’ai approfondi mes techniques et ai remporté le prix… ce qui a entrainé une renommée plus internationale. Dans la foulée, j’ai remporté le prix du U.K B-Boy championship de Londres (2005).
Ma deuxième participation à Juste Debout en 2006 – avec Salah, vainqueur de l’Incroyable Talent – a également été un succès. Remporter le prix deux années consécutives était une première.
Unidivers : À partir de quand avez-vous ressenti l’envie de développer une association ?
Mike Hayford : C’est venu beaucoup plus tard. De 2006 à 2014, j’ai enchaîné les concours, les tournées et faisais partie de plusieurs compagnies : Force 7, Aktuel Force ou encore la Compagnie Moral Soul et EthaDam.
Lors des différentes conférences que j’ai animées, je me suis rendu compte que la nouvelle génération ne connaissait pas l’activité hip-hop en Bretagne. Cette constatation m’a fait l’effet d’une claque et l’idée d’une association m’a semblé légitime. En 2009, on a créé un groupe Groove Control – Ilioh Eketor (Danseur Hip-Hop au sol), Iron Mike (Danseur Hip-Hop debout), Diablo (Danseur Hip-Hop au sol), Cambo (Danseur Hip-Hop au sol), Lindux (Danseuse Hip-Hop debout), Skara’B (Danseur Hip-Hop au sol), Fresh (Dj), Simba (Rappeur), Oslim (Beatboxeur).
Le seul moyen de partager un savoir n’est pas seulement de parler, mais aussi de créer.
Le crew de renommée internationale Avengers Crew (créé en 2013) m’a également sollicité. Parallèlement West coast project est né en collaboration avec Doc Brrown en 2014. L’idée était d’organiser des stages, des soirées et des conférences quand l’occasion se présente. Je me suis rendu compte des connaissances que j’avais accumulées, mais pas assez partagé.
Unidivers : Une direction reprise dans Zombeavers avec qui vous allez vous produire en première partie de Blanca Li. Un peu stressé, sans doute ?…
Mike Hayford : En effet, et pour plusieurs raisons… Zombeavers – créé en parallèle de l’association – est constitué de six jeunes au potentiel incroyable avec qui j’avais envie de travailler. Lors de sa création, nous avons remporté le concours chorégraphique en Bretagne Hip Hop en scène à Quimper dans la catégorie Show. À la suite de cette victoire, la ville de Quimper et la Hip Hop New School d’Ali Ahamed nous ont accompagnées dans le développement de notre projet. Ali a permis à Zombeavers de répéter dans les locaux afin de présenter une version développée du premier show. Les invitations aux différents battles ont suivi – à Concarneau et au Hip hop International – et les danseurs ont vraiment commencé à passer pro dans pas mal de compagnies. Alors que je fête mes 20 ans de carrière, je souhaitais créer un événement.
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Revenir en tant que chorégraphe émergent est un véritable honneur et un rêve qui se réalise. Je ne pensais pas cela possible.
Après un premier rendez-vous avec Sandrine Poutel, elle m’a proposé de participer à cette édition au caractère spécial. À l’époque, elle ne voulait pas me dire le nom de la chorégraphe (rires). Plus la date approche, plus je me rends compte de l’ampleur de cette représentation. Quand je vois la programmation, le résumé de Blanca Li, je repense au film Le Défi et à tout ce qu’elle a entrepris donc oui, une pression s’installe obligatoirement…
Unidivers : En vous écoutant, on comprend aussi que c’est important que l’événement se produise à Rennes, en Bretagne…
Mike Hayford : Indirectement, nous avons évolué ensemble avec Sandrine. J’ai un passé avec le festival et nous nous sommes souvent rencontrés sur différents événements. Elle était par exemple une des présentatrices au Breizh Battle. Le temps d’une nouvelle collaboration était venu. Elle m’a surtout senti prêt. C’est une pression autant pour elle que pour moi, car un coup de projecteur a été mis sur cet événement et je ne la remercierai jamais assez. Je me dois d’assurer par rapport à toute l’énergie et la confiance qu’elle a placée dans le groupe et moi. Je ne peux pas nous placer sur un pied d’égalité, mais être programmé dans la même soirée qu’une chorégraphe comme Blanca Li est extraordinaire.
Le premier challenge est envers Rennes. Il va me découvrir sur différentes formes que juste compétiteur.
Unidivers : Sans trop en dire, à quoi doit s’attendre le public qui va assister au spectacle ?
Mike Hayford : Ils s’imaginent peut-être un spectacle spécialisé dans ma catégorie. La particularité de Zombeavers est le développement de styles différents. Chaque danseur dévoile son identité tout en s’insérant dans un univers commun, unis sur une même scène. J’aimerais juste qu’ils ne s’attendent pas à un spectacle commun, celui que l’on peut retrouver tous les jours dans les shows et festivals de pur Hip-Hop.
Cette création propose un univers différent, l’univers de la Bretagne. Zombeavers a été fondé afin de valoriser cet aspect-là. Les danseurs ont toujours su mettre en avant l’originalité des Bretons dans les compétitions. Quand Junior, Linda (Hayford), Bruce (Chiefare) et moi-même nous sommes faits connaître, nous avions certes une catégorie connue, mais nous proposions une nouvelle manière de bouger et d’appréhender le hip-hop. Nous n’avons pas formé toute la nouvelle génération, mais elle a indirectement suivi cette impulsion… Cette particularité est propre à la Bretagne et a toujours fait partie de nos points forts.
Zombaevers s’installe dans ce nouvel univers avant tout grâce aux danseurs et aux choix que j’ai faits en sachant le potentiel qu’ils avaient en étant plus jeunes et qui s’est confirmé avec les années. Le show est basé sur des critères hip-hop, mais il montrera également à quel point le hip-hop peut être élevé. De nombreux chorégraphes doivent le dire, mais si nous avons le même message c’est pour une raison, ouvrir les yeux aux gens qui pensent que c’est une discipline limitée.
Unidivers : Un avis sur la culture hip-hop à Rennes, notamment la nomination du collectif FAIRE à la direction du Centre Chorégraphique National qui prend ses fonctions en janvier 2019 ?
Mike Hayford : Une grande vague culturelle s’est soudainement élevée à Rennes, j’ai l’impression. Je ne parle pas seulement de la danse, mais également en termes de restructuration. Différents projets ont été créés : la Compagnie Engrenages, le Triangle, la Compagnie Frénétik, l’événement Vortex, la danse hip-hop à l’opéra grâce à Stan. D’autres se renouvelaient, l’asso West coast project, Bruce avec la compagnie Flocus, Linda avec la compagnie Insid’out ou encore Engrenages qui fête ses 15 ans. Cette renaissance de la culture hip-hop est importante à relever.
À cette Période La Bretagne a retrouvé sa richesse au niveau hip-hop.
Au même moment, le choix de la nouvelle direction du CCN a été annoncé. Les choses renaissaient avant qu’ils arrivent, mais le collectif va pouvoir accompagner et donner de l’impulsion aux futurs projets intéressants développés sur Rennes. De nouvelles perspectives s’ouvrent. La culture hip-hop va certes évoluer, mais le fait qu’un collectif hip-hop reprenne les commandes ne signifie pas que seule cette discipline sera valorisée. Leur nomination va permettre de passer à un niveau supérieur et la France regardera plus en direction de l’Ouest. C’était déjà le cas au niveau des danseurs, mais vis-à-vis des événements et de la structuration de la danse, les choses ne peuvent qu’évoluer…
Zombeavers en première partie de Elektrik, Blanca Li – Le Triangle, cité de la danse, Boulevard de Yougoslavie, Rennes. Vendredi 7 décembre 2018 à 20 h et samedi 8 décembre 2018 à 18 h. Durée 1 h + 1ère partie 15 minutes.
TARIFS
19€ plein
15€ réduit
11€ – 12 ans
4€ SORTIR !
11€ ADMIT,
5€ ADMIT VIP
PASS Triangle :
15€ plein
11€ réduit, -12 ans
11€ réduit
++ Baby sitting
sam 08 déc 18:00
gratuit, +6 mois,
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