Après la zoothérapie, place à la pouponthérapie. Si la première est connue depuis longtemps et a déjà fait ses preuves sur le grand âge, l’usage de poupées dites poupées d’empathie dans ces thérapies est moins connu et arrive à peine en France. C’est la thérapie proposée par Adeline Ginguené, art-thérapeute intervenant à l’EHPAD Saint-Michel à Liffré.
Ces poupées confondantes de réalisme, la thérapeute Adeline Ginguené les améliore à la main dans son atelier de Saint-Malo, pour leur faire adopter des mimiques et émotions. Celles-ci permettent aux personnes qui présentent des difficultés cognitives, comme les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, de se reconnecter à l’autre et de recréer un lien empathico-affectif. Souvent utilisées par les professionnels et parents pour renforcer le lien à l’autre chez les personnes autistes, les poupées ont désormais trouvé refuge dans les EHPAD et maisons médicalisées.
Rapidement les aides-soignants et thérapeutes rassurent : le but n’est pas d’infantiliser les malades. Mais cette thérapie par la poupée permet aux seniors de se reconnecter avec des émotions souvent disparues, de retrouver des souvenirs de leur parentalité. Le besoin de rassurer un autre que soi, de le protéger, d’être rassuré aussi par ce contact, est constitutif de l’être humain, et libère le malade de ses angoisses très courantes dans ces maladies cognitives où il reste conscient de sa perte de contrôle.
S’ils sont réceptifs à la pouponthérapie, le cerveau des patients libère de l’endorphine, hormone neuro-transmettrice du plaisir qui combat le cortisol, l’hormone du stress, et améliore leur qualité de vie. Si la thérapie est réalisée à plus long terme, le taux de sérotonine augmente et stabilise cet état de bien-être, ce qui est le but recherché, car le cerveau des malades d’Alzheimer en manque cruellement. Le tout sans recourir aux médicaments !
Même si la plupart des résidents sont suffisamment lucides pour comprendre que ce ne sont pas de vrais bébés, le but est de leur faire passer un bon moment, de les faire si possible se souvenir… Et si la tête a oublié, le cœur et le corps se souviennent bien souvent.