Vingt-cinq années déjà, depuis L’avenir est devant, que Pascal Bouaziz tient dans le creux de la main et à bout de bras le destin de Mendelson. Pour cette fin planifiée, avec un septième album baptisé avec panache et ironie, Le dernier album, la beauté froide, les mots coupants, l’humour noir et la lente fureur du groupe s’abandonnent sur ce disque libre, sensuel et habité. Un concert lancinant qui va chavirer l’écrin de la Chapelle du Conservatoire. Un dernier round à ne pas manquer mercredi 29 décembre 2021.
Alors que les éditions Média Pop publient Mendelson Intégrale (1995-2021), recueil des textes écrits par Pascal Bouaziz pour son groupe, c’est un disque testament qui clôture cette aventure en rock et en chanson. Le chanteur, guitariste et auteur compositeur nous aura embarqués sur ses chemins de traverse, avec son goût pour l’ironie mordante, au long d’un parcours hors normes aux véritables ambitions artistiques. Il aura moins goûté à l’insuccès public et au relatif désintérêt médiatique. En sept albums, Mendelson a tracé une voie unique et intransigeante, à grand coup de poésie brute et brutale, de textes qui grattent et cognent, de chant parlé, de mélancolie et de colère. Cet hardi pourfendeur de la demi-mesure créera également, en duo avec son complice Jean-Michel Pirès, la déflagration sonore et le flux textuel sans filtre de Bruit noir. Il travaille depuis avec Michel Cloup et Julien Rufié sur l’adaptation scénique coup de poing du livre de Joseph Ponthus, À la ligne.
Le dernier album est une œuvre fulgurante et dérangeante, aussi musicale que littéraire, aussi férocement autobiographique qu’étrangement universelle, avec en ouverture, les vingt bouleversantes minutes d’Algérie. On se laisse happer par cette voix parlée contant l’intimité d’une vie sans succès, soldant tous ses comptes avant l’autodestruction. On fera des ponts avec L’Imprudence de Bashung, Nick Cave, Mark Hollis ou Leonard Cohen. « Ce n’est pas si désagréable de mourir un peu » conclut Pascal Bouaziz dans un dernier roulement de tambour macabre. Le sacrifice de Mendelson se prolongera en scène pour la congrégation de ses fans. Et le bonheur d’une ultime découverte pour les autres.
BIOGRAPHIE
Fondé en 1995, à Paris, par Pascal Bouaziz et Olivier Féjoz, Mendelson est rapidement signé par le label Nantais Lithium (Dominique A, Diabologum, Programme) et sort L’Avenir est devant (1997). Quelque part (2000) radicalise encore le propos en frottant notamment leur musique au free-jazz. Les textes et le timbre doux et particulier de Bouaziz, auteur-compositeur, chanteur et guitariste, sont plus que jamais la boussole et la raison d’être de ce groupe à géométrie variable. Suivront Seuls au sommet (2003) et le double-album Personne ne le fera pour nous (2008), largement salué par la critique. Après une pause, Mendelson intégre le label Ici d’ailleurs pour un triple album éponyme et radical (2013). Pascal Bouaziz publie, sous son nom, Haikus (2016), puis le très acide Sciences Politiques (2017) qui adapte et réécrit en français de grandes chansons politiques anglo-saxonnnes signées Springsteen, Cohen, Sonic Youth, etc. Il fonde le duo rageur et robotique Bruit Noir avec Jean-Michel Pirès, avant de rejoindre le Michel Cloup Duo pour l’adaptation scénique du À la ligne de Joseph Ponthus. Avec les cinq titres de Le dernier album (2021), Pascal Bouaziz met officiellement un terme à l’existence de Mendelson.
DISTRIBUTION
Pascal Bouaziz (chant, guitare), Jean-Michel Pires (batterie), Sylvain Joasson (batterie), Pierre-Yves Louis (guitare), Quentin Rollet (saxophone), Jean-Baptiste Julien (claviers) et Nicolas Crosse (contrebassiste).
La Chapelle du Conservatoire de Rennes, mercredi 29 décembre 2021 19h30. 5€ tarif plein, 2€ Carte Sortir ! (+ frais de réservation)