BD MATER DE STANISLAS MOUSSÉ, MÈRE COURAGE

Après Longue Vie et Le Fils du roi en 2020, le dessinateur d’origine nantaise Stanislas Moussé, livre Mater, troisième volet de sa série d’heroic fantasy, publiée aux éditions Le Tripode. Malgré la victoire contre l’ogre cyclope, la vie au château n’en est pas plus paisible et les (més)aventures se poursuivent… Une nouvelle prouesse artistique signée d’une main de maître.

« Où es-tu mon petit ? Mon cœur est déchiré, L’obscurité grandit, Je serais sans pitié », Mater, Stanislas Moussé.

Après l’heureux dénouement sur lequel le lecteur a refermé les pages du Fils du roi, en novembre 2020, le royaume subit une nouvelle mésaventure… Stanislas Moussé livre ici le troisième volet de sa série, Mater. Le grand méchant Fils du roi, anéanti par le valeureux chevalier, laisse place à un mal plus insidieux. Un mal étrange et profond informe ronge en effet le château et s’attaque aux héritiers de la dynastie du roi. Il décime tout sur son passage… N’y aurait-il pas là quelques inspirations de la situation actuelle de notre cher monde, revisitée à la sauce heroic fantasy de Stanislas Moussé ?

Après nous avoir quitté pendant un an, il ne peut être qu’agréable de retrouver le trait singulier de Stanislas Moussé, dessinateur nantais d’origine : ses lignes et ses formes géométriques qui créent des compositions merveilleusement denses, ses accumulations et répétitions qui s’amoncellent dans des cases et planches où grouillent une multitude de détails, ses détails où sont dissimulés une myriade d’inspirations.

S’appropriant une nouvelle fois les codes du genre de l’heroic fantasy avec une pointe d’humour, Stanislas Moussé déploie un univers fictif singulier. Les chevaliers, le système féodal, les créatures imaginaires, un méchant à combattre (et pas des moindres), tout y est pour tenir le lecteur en haleine. Au milieu du bestiaire imaginaire et horrifique sorti tout droit de l’esprit du dessinateur, les spectres informes se multiplient également. Parmi eux, ne peut-on pas y voir les sans visages, compagnons de route de Chihiro dans le voyage de Chihiro, ou Jack Skellington de L’Étrange Noël de Mr Jack ou encore le masque du tueur en série dans la saga de films d’horreur Scream ?

Et, une fois n’est pas coutume, telle la marque de fabrique de l’auteur, aucun mot n’accompagnera l’histoire, si ce n’est le titre et la phrase au dos de la couverture… De sérieux indicateurs quant à la teneur dudit ouvrage !

stanislas mousse mater

Quelque peu vieillis par les années, les personnages que nous avions quittés reviennent en effet. On retrouve la reine, le fils du roi et sa dulcinée. Un petit nouveau fait également son apparition, un nouveau-né qui se révélera au centre de l’histoire…

Parmi eux, deux personnages règnent en maître sous le stylo de Stanislas Moussé, toujours le Rotring 0.2, son arme favorite. Car, comme l’avait révélé le dessinateur lors de notre entretien en décembre 2020 : « Je suis justement en train d’écrire la suite et j’aimerais développer le personnage féminin ». Rappelez-vous, cette femme aux allures d’amazone ou de nymphe des bois, des serpents pour cheveux, avait servi de guide au fils du roi, l’aiguillant sur le chemin à prendre, sur sa destinée. Et au milieu de cette nouvelle histoire de cape et d’épée, l’illustrateur a tenu sa promesse. Face au danger, Mater est le combat d’une femme, d’une mère, face aux forces obscures pour la survie de son enfant et de sa lignée. Signifiant « mère » en latin, ce seul mot constitue un indice de grande valeur quant à la suite des prochaines 128 pages…

stanislas mousse mater

Dans un format qui se rapproche toujours plus de celui de la bande dessinée, les planches en pleine page disparaissent quelque peu au profit de cases. Mais Stanislas n’a pour autant pas abandonné ces premières, véritables prouesses artistiques et graphiques, qui réservent au lecteur le grand plaisir de contempler le talent du dessinateur. Par ce choix graphique, l’action est rendue plus haletante, soutenue ; et ce, jusqu’au dénouement final…

Mater, de Stanislas Moussé, éditions Le Tripode. 128 pages, parution : 11 novembre 2021.

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