Ouistreham. Hommage à Léon Gautier vendredi 7 juillet 2023 à 12h sur la plage du débarquement

Léon Gautier, le dernier Français a avoir participé au débarquement du 6 juin 1944, est décédé lundi 3 juillet 2023 dans sa 101e année. Un hommage funèbre et militaire lui sera rendu par le président de la République vendredi 7 juillet 2023 à midi sur la plage de Ouistreham devant la flamme des Commandos. Unidivers rappelle les faits d’armes de Léon Gautier, à travers son livre paru dernièrement.

Mon débarquement est l’histoire de l’ancien combattant Léon Gautier, écrite par le journaliste Frédéric Leterreux. Au petit matin du 6 juin 1944, le Breton pose un pied sur la plage de Sword (Sword Beach). Il fait partie des 177 marins engagés dans le commando de l’officier Philippe Kieffer pour aller libérer la France. Léon Gautier, qui fêtera ses 101 ans le 27 octobre prochain, est le dernier survivant de cette unité d’élite française ayant participé au débarquement avec les alliés.

Frédéric Leterreux est écrivain et journaliste spécialisé dans l’histoire du débarquement et de la bataille de Normandie et connaît Léon Gautier depuis 25 ans. Le jour des 100 ans de l’ancien combattant, le journaliste est présent à la cérémonie d’anniversaire devant la stèle inaugurée par le président François Mitterrand le 6 juin 1984. Un olivier est planté pour les 100 ans de Léon Gautier en ce 27 octobre 2022. Frédéric Leterreux réussit à le convaincre de raconter, dans un livre, ses mémoires et sa participation au débarquement du 6 juin 1944 au sein des bérets verts, comme sont appelés les commandos marines. Le journaliste va passer, d’une part, trois mois en compagnie de Léon Gautier et, d’autre par, profiter d’une trentaine de témoignages de ses anciens camarades fusiliers marins qui avaient été enregistrés et conservés au Mémorial de Caen.

Mon débarquement Léon Gautier
L’arbre planté le jour des 100 ans de Léon Gautier

Dans Mon Débarquement, paru aux Éditions City, Léon Gautier raconte, au cœur de l’événement, le feu, les balles, la peur, mais aussi la certitude que cette bataille épique sera décisive et la fierté de se battre pour son pays. Les années ont passé, mais le souvenir de ses frères d’armes tombés à ses côtés pour terrasser l’envahisseur est toujours très présent.

Léon Gautier est le dernier survivant du commando Kieffer depuis le décès de Hubert Faure, l’avant-dernier fusilier marin, le 17 avril 2021 à l’âge de 106 ans. Léon Gautier en a d’ailleurs été très peiné. Avec ses mots et une grande humilité, Léon Gautier laisse un témoignage rare et précieux sur la plus grande opération militaire de tous les temps qui a changé le cours de l’Histoire.

Aujourd’hui et depuis une trentaine d’années, Léon Gautier vit à Ouistreham (14), à quelques kilomètres à peine de la plage de Sword où en descendant de la barge le 6 juin 44 il est entré dans l’histoire. Pourtant Léon Gautier est breton.

Il est né le 27 octobre 1922 à Rennes, 48 route de Lorient. Son père est peintre en bâtiment et sa mère Denise travaille à l’arsenal. Comme dans beaucoup de foyers, le souvenir de la Grande Guerre est très présent dans sa famille et l’attachement à la patrie grand. Quand Léon a 3 ans, son père construit la maison familiale, un peu plus loin au 132 route de Lorient (aujourd’hui rue Théodule-Ribot). Il passe toute son enfance et son adolescence à Rennes. Après l’obtention de son certificat d’études, Léon Gautier entre en apprentissage à l’école de l’Industrie de Rennes pour devenir carrossier.

En parallèle, Léon aime le sport : le rugby, le vélo et ne rate pas un match de football du club de Rennes. Il prend également une licence de boxe, toujours à Rennes. Mais quand la guerre éclate le 3 septembre 1939, l’envie de servir la patrie est plus grande que tout et Léon Gautier, 17 ans, s’engage dans la marine.

Il est affecté sur le cuirassé Le Courbet et embarque à Brest (29) où il fait sa formation de canonnier. La drôle de guerre se termine et, début juin 1940, Le Courbet quitte la rade de Brest. C’est le baptême du feu pour Léon Gautier et les 1200 marins à bord, plongés dans la réalité du conflit dans les ports de Cherbourg et Carentan. Même s’il n’a pas entendu l’appel de De Gaulle le 18 juin 40, Léon sait qu’un homme s’est placé dans le camp de ceux qui veulent poursuivre la lutte contre les nazis. Son destin bascule le 12 juillet 1940 quand il arrive avec ses frères d’armes à Liverpool en Angleterre.

Deux jours plus tard à Londres, jour de fête nationale française, le général Charles De Gaulle passe en revue les marins des Forces Françaises libres. Léon Gautier participe à des missions sur le Gallois, puis rejoint l’Afrique et le Moyen-Orient à bord du sous-marin Le Surcouf en janvier 1941. Il sert comme fusilier marin au Cameroun, au Liban et en Syrie. Ayant entendu parlé de la création d’une unité d’élite, il s’engage en 1943 en Ecosse dans le le premier bataillon des bérets verts du commandant Philippe Kieffer. Léon a 22 ans. La même année, il se fiance avec Dorothy Banks, une Anglaise affectée au corps de transmissions (postes et télégraphes).  

Mon débarquement Léon Gautier
Le cuirassier Le Courbet

Le 6 juin 1944 à l’aube, Léon et les 177 fusiliers marins de Philippe Kieffer, les seuls Français, débarquent sur la plage de Sword. Leur objectif est de s’emparer des différents points d’appui allemands répartis sur 2 km le long du rivage jusqu’au central téléphonique et le complexe défensif du Casino de Ouistreham. Après de sanglants combats, ils se dirigent peu avant midi en direction de Bénouville, puis Pegasus Bridge, Amfreville, pour livrer bataille pendant 78 jours et nuits jusqu’à Saint-Maclou dans l’Eure, harcelés en permanence par les patrouilles et les tireurs d’élite ennemis.

Blessé à la cheville, Léon est rapatrié en Angleterre au mois d’août 44. Sur les 177 fusiliers marins qui débarquèrent, 10 furent tués le 6 juin 44, puis 34 autres lors des jours suivants. Pour Léon Gautier, les héros, ce sont eux, les 44 camarades morts pour la France : lui n’est pas un héros. Seuls 24 hommes sur les 177 termineront la campagne de Normandie sans avoir été blessés.

  • Mon débarquement Léon Gautier
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  • Mon débarquement Léon Gautier
  • Mon débarquement Léon Gautier

Le 14 octobre 1944, Dorothy Banks devient madame Gautier. Après la guerre, le couple va vivre sept ans en Angleterre, avant de partir vivre au Cameroun. C’est là que les deux filles du couple voient le jour : Jacqueline et Jeannette. A son retour en France, Léon Gautier fait des études de droit dans l’Oise et obtient le brevet d’Etat pour devenir expert automobile. En 1982, toute la famille Gautier s’implique dans le projet de construction d’un musée consacré aux commandos français du débarquement à Ouistreham. Léon Gautier termine sa vie professionnelle près de Saint-Nazaire (44), en qualité d’expert automobile.

À la retraite, installé à Ouistreham, il est décoré à de nombreuses reprises ; il est notamment grand officier de la Légion d’Honneur. Il consacre l’intégralité de son temps à la mémoire des commandos français et participe à toutes les cérémonies commémoratives.

  • Mon débarquement Léon Gautier
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  • Mon débarquement Léon Gautier
  • Mon débarquement Léon Gautier

Il s’était lié d’amitié, représentant un grand symbole de paix, avec Johannes Börner un vétéran allemand de la bataille de Normandie installé lui aussi à Ouistreham depuis 1969 et mort en mai 2018.

Léon vit aujourd’hui entouré de ses filles. Après 72 ans de vie commune, il a perdu son épouse Dorothy le 26 mars 2016, décédée à l’âge de 91 ans.

Retrouvez la présentation du livre raconté par Léon Gautier, écrit par Frédéric Leterreux et  paru aux Éditions City, sur cette vidéo 

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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