Le 10e Festival Court Métrange 2013 présenté par son fondateur Steven Pravrong

À Rennes, Court Métrange sévit depuis 10 ans avec son amour du court-métrage fantastique. Il est dirigé et a été cofondée par Steven Pravrong qui a bien voulu répondre à nos questions. (La programmation, c’est ici)

 

U.D. – Quelle est la raison d’exister de Court Métrange ? A quel besoin ce festival répond-il ?

Steven Pravrong, Responsable de Court Métrange
Steven Pravrong, Responsable de Court Métrange

Steven Pravong – L’idée de Court Métrange est née de notre propre expérience de réalisateurs invités dans le cadre de festivals destinés au format court métrage : la représentation du « genre » Fantastique y était très faible (inexistante dans la plupart des cas). Et quand quelques films pouvaient s’en réclamer, ils étaient superbement ignorés des palmarès. Mener un projet visant à mieux exposer le court métrage est forcément intéressant. Y ajouter le fantastique, l’étrange, le gore, l’anticipation – ingrédients parfaitement indignes au regard d’une culture « officielle » – se révélait passionnant. Court Métrange, par la fréquentation du public qui fait son succès, la reconnaissance professionnelle qu’il a obtenue et la stature internationale qui est maintenant la sienne, est un festival qui a remporté son pari. Le pari ? Faire reconnaître le statut d’auteurs qu’on conteste à des réalisateurs qui sont, à cause de leur passion, à la marge de la production cinématographique. Par ailleurs, c’est ce qui a fait la singularité de notre événement, car nous avons été historiquement le tout premier festival dédié exclusivement au court métrage de genre.

U.D. – À qui vous adressez-vous en priorité, un public plutôt étudiant ?

tnb courtmetrange
Court Métrange au TNB en 2012

Par chance, le Fantastique (et toutes ses déclinaisons) n’est pas aussi générationnel qu’on le croit. Nous n’avons pas ciblé, à travers une étude de marché, un public particulier – même s’il est notoire que le genre attire plus naturellement les jeunes. Cette impression d’identité se trouve renforcée par le statut de la ville de Rennes qui, en tant que cité universitaire, comprend une population étudiante très friande du festival Court Métrange. Mais la capitale bretonne et sa région présentent l’avantage d’être peuplées de gens naturellement curieux à l’égard de la culture sous toutes ses formes, ce qui permet de briser l’idée d’une typologie réductrice. Et comme le Fantastique est souvent affaire de passion, il n’est pas concerné par ces questions : vous pouvez avoir des voisins d’accoudoir de n’importe quel âge dans les salles du Ciné TNB lors de Court Métrange.

U.D. – Quelle idée de la culture de l’image, votre association se fait-elle ?

court métrangeMa réponse risque d’être un peu redondante avec la philosophie de programmation qui préside aux destinées du festival. Nous sommes portés par l’idée militante d’une culture de l’image qui ne doit négliger aucune forme d’expression et aucun public para priori ou par snobisme. Le cinéma est une force artistique qui s’exprime à travers nombre de langages. Le Fantastique en est un. Nous avons choisi de le mettre en avant en dépit d’un discours officiel grossier qui n’a eu cesse de le dévaloriser durant de longues années sous sa forme littéraire autant que dessinée ou cinématographique. Heureusement, c’est un discours qui tend à être de plus en plus périmé. Si Court Métrange contribue à en affaiblir les pitoyables arguments, c’est tant mieux.

U.D. — À titre personnel, quel est votre film présenté préféré ?

Il est entendu que les membres du comité de sélection ont parfois dû lutter jusqu’au sang pour que leurs films préférés soient projetés sur grand écran. Cependant, nous évitons de créer un effet loupe sur telle ou telle production avant le festival. Nous attendons sagement que public et jury désignent ses lauréats…

Propos recueillis par Nicolas Roberti

Festival Court Métrange
39 Avenue Jean Janvier
35000 Rennes

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Nicolas Roberti
Nicolas Roberti est passionné par toutes les formes d'expression culturelle. Docteur de l'Ecole pratique des Hautes Etudes, il a créé en 2011 le magazine Unidivers dont il dirige la rédaction.

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