Le projet de désenvasement de la Rance menacé par un retrait du financement

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Le projet de désenvasement du fleuve côtier de la Rance, situé entre les départements des Côtes-d’Armor et d’Ille-et-Vilaine, traverse une période d’incertitude. En cause, le retrait du financement de la Région Bretagne, annoncé lors du comité de pilotage du 28 février à Pleudihen-sur-Rance. Cette décision remet en question l’avenir de ce projet essentiel pour l’équilibre écologique et économique de la zone.

Un financement réduit compromettant la phase 2

Le programme de désenvasement avait bénéficié d’une première phase d’expérimentation entre 2018 et 2023. Finançé à hauteur de 8,88 millions d’euros, ce projet pilote a été largement soutenu par EDF et l’État, qui ont pris en charge 73 % des coûts, aux côtés de l’Europe, de la Région et des collectivités locales. Cette phase initiale a permis l’extraction de 109.300 m³ de sédiments et la définition des principales actions à entreprendre.

Cependant, la seconde phase prévue entre 2024 et 2028 est aujourd’hui fragilisée. Le budget global de cette étape, estimé à 6,5 millions d’euros, devait inclure une participation d’un million d’euros de la part de la Région Bretagne. Or, la collectivité a choisi de réorienter ses financements vers le désenvasement des ports fluviaux, abandonnant ainsi son engagement dans ce projet d’envergure.

Un avenir incertain pour l’écosystème de la Rance

L’envasement de la Rance constitue une problématique majeure depuis plusieurs décennies. La sédimentation excessive impacte la faune, la flore et la qualité des eaux du fleuve, en plus de gêner les activités maritimes et de loisirs. EDF, principal gestionnaire du barrage de la Rance, continue d’assurer une part prépondérante du financement du projet, aux côtés de l’État et de l’Europe. Toutefois, l’absence de compléments financiers rend difficile la mise en œuvre des actions prévues.

Les acteurs locaux redoutent une stagnation du projet, voire son abandon, en raison du manque de moyens. Cette situation pose la question d’une réorientation du modèle de financement et de l’implication des acteurs publics et privés dans la sauvegarde du fleuve.

Perspectives et alternatives

Face à cet obstacle financier, plusieurs pistes sont à l’étude. Parmi elles, une recherche active de nouveaux partenaires, notamment privés, pour combler le déficit budgétaire. De plus, une révision des méthodes de gestion sédimentaire pourrait être envisagée pour réduire les coûts tout en garantissant une action efficace.

Les associations environnementales et les collectivités concernées appellent à une mobilisation accrue pour relancer le projet et garantir la préservation du fleuve. Le prochain comité de pilotage, prévu dans les mois à venir, pourrait être décisif pour l’avenir du programme de désenvasement de la Rance.