Dessous les roses ou les épines familiales. Olivier Adam à Rennes le 14 décembre

Avec Dessous les roses Olivier Adam reprend son exploration de la famille, de l’adolescence et des ruptures. Un magnifique roman sociétal que l’auteur dédicacera après une rencontre le mercredi 14 décembre à 18h au Café littéraire de Rennes, au Forum du livre Centre de la Visitation.

Prendre un petit-déjeuner ensemble. Trois frères et sœurs. Le matin de l’enterrement de leur père. Comme un moment de tendresse. Une image couleur sépia. Le temps qui a passé. L’envie de se serrer. De s’embrasser. De se souvenir. De se souvenir de ce qu’ils sont devenus. Parfois étrangers l’un à l’autre. Parfois ennemis détestés. Les roses c’est la famille, l’image de la famille unie, indispensable. Le dessous, ce sont les histoires de familles, ces secrets, ces blessures que l’on garde devant soi.

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Olivier Adam

Autour de la table, il y a Claire, l’ainée, la raisonnable, celle qui n’a jamais soulevé aucun problème. Facile à élever dirait-on. Elle travaille dans le milieu hospitalier. Cela lui va bien: discrète, au service des autres. Il y a Antoine, le cadet, « moderne » en plein dans l’économie des start-ups. Il a du mal à se fixer, il regrette toujours un amour d’adolescence. Hypersensible dit de lui sa mère. Et puis il y a Paul, le rebelle, fâché avec son père. L’intellectuel, réalisateur de films, auteur de pièces de théâtre. Il a fait de son enfance, le terreau de son œuvre, transformant ces jeunes années en un violent réquisitoire contre sa famille, sa classe sociale qu’il dit représenter et qu’il dénigre à sa manière. Un peu le Lionel Duroy du cinéma.

Trois enfants, un père et une mère cela fait une famille et Olivier Adam n’a pas son pareil pour scruter les relations qui s’instaurent ainsi dans ce milieu de Français moyens, ceux qui vivent dans les pavillons de banlieue, qui à force d’efforts ont su éviter les HLM et donné à leurs enfants les premières marches de l’ascenseur social. Un terrain, une chambre pour chacun, des vacances d’été, des études financées.

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C’est cela une famille, des moments de partage, des souvenirs en commun, des émotions mais derrière les apparences, des enfants se construisent et comme toujours, l’auteur recherche le moment de la bascule, cet instant où l’on passe de l’adolescence à l’âge adulte, celui où l’on dit adieu à sa famille, où l’on devient un autre. Ici chacun s’est amputé à un moment précis de ses deux frères ou sœur, pour avancer. L’auteur des Lisières, en utilisant les voix de Claire et de Antoine, dit à merveille la difficulté de construire une vie sur ces fêlures d’enfance. Il porte un regard presque sociologique mais plein d’empathie pour ces parents qui font ce qu’ils peuvent, comme ils peuvent pour aider leurs enfants à grandir et à s’affranchir d’une vie laborieuse.

Derrière les fenêtres des familles dînaient. J’ai pensé qu’elles menaient sûrement des vies compliquées, elles aussi. Des vies ballottées par les vents mais vaillantes, têtues, obstinées. […] Mais chacun faisait ce qu’il pouvait.

Olivier Adam, Dessous les roses

Qui étais-je hier et qui serais-je demain? Au moment de se poser cette question, chacun cherche à se bâtir au présent sur des souvenirs, ou ce que l’on pense être ses souvenirs: « En définitive ce n’est peut-être pas ce qu’il m’a dit. Mais c’est ce que j’ai entendu ». Peu importe, seuls subsistent les sentiments ressentis, imaginés ou réellement vécus. Ainsi se construisent des malentendus, des tromperies, des souffrances. Et Paul en inflige beaucoup à sa fratrie.

Avec son écriture au scalpel, Olivier Adam découpe les tranches de vie, démontre les différences sociales, les différences d’âge, celles qui font que des enfants n’imaginent pas la vie de leurs parents avant leur naissance. Il décrypte les tensions familiales, le décalage de vies construites sur un socle commun, mais qui peu à peu s’éloignent. Il dit nos vies.

Dessous les roses est un roman de notre temps, reflétant nos préoccupations, soulevant les problèmes du vieillissement, du snobisme culturel, du transfuge de classe avec justesse et distance. Un retour réussi à des thématiques qui ont fait le succès des premiers romans de l’écrivain breton.

Dessous les roses Olivier Adam. Éditions Flammarion. 250 pages. 21€. Parution le 24 août 2022.

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Eric Rubert
Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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