Ecosia fait partie, depuis sa création en 2009 à Berlin par Christian Kroll, de la famille des moteurs de recherche – voire des « méta-moteurs » – qui se veulent écolos. Le concept est assez simple : l’utilisateur tape sa requête sur le moteur de recherche Ecosia et continue de surfer normalement sur le web. Pendant ce temps-là, le moteur « plante des arbres ». Mais à l’heure où l’activité numérique est de plus en plus énergivore, et donc polluante, de telles initiatives peuvent-elles pallier ce problème écologique majeur ?

Ecosia, un moteur de recherche pas comme les autres ?

Réduire à zéro sa consommation carbone, une utopie ?

Planter un arbre permet à la fois de lutter contre le changement climatique, de relancer le cycle de l’eau, de transformer les déserts en forêts fertiles et de favoriser la nutrition, l’emploi, l’éducation, l’aide médicale et la stabilité politique et économique ». Un remède miracle en somme. Cependant, tout n’est pas aussi simple que cela. Ecosia mise en grande partie sur les arbres pour son projet d’un Internet propre, car ces derniers absorbent le CO2 contenu dans l’air qui les entoure. L’idée de base est donc de planter le plus d’arbres possible, de reboiser la planète, pour venir compenser, à terme, la pollution liée au numérique. La démarche d’Ecosia peut donc littéralement se traduire par « consommer aujourd’hui et ne rembourser que demain.

Car la pousse d’un arbre ne se fait pas en une nuit, mais prend du temps. Avant que ce dernier arrive à maturation, il ne capte pas assez de CO2. Ecosia n’a donc jamais, dans l’immédiat, réduit la consommation de carbone de ses utilisateurs à zéro. Cela est tout simplement impossible. Ce projet vise plutôt le long terme puisqu’il mise tout sur les futurs bienfaits d’actions entreprises aujourd’hui. Et avec “5,5 millions d’utilisateurs actifs”, “3,6 millions d’euros investis”, et “6, 8 millions d’arbres plantés”, l’entreprise prospère et entreprend des actions qui auront un jour leur impact, peu importe à quelle échelle.

Finalement, le moteur Ecosia se porte garant d’un projet assez ambitieux, qui sur le papier semble bon. Il s’agit d’utiliser 80 % de ses revenus – non pas de son chiffre d’affaires – dans des projets de reforestation de la planète. L’entreprise choisit minutieusement les zones du globe sur lesquelles intervenir. Le but est de soulager tant la nature que les habitants qui en sont dépendants. Autre point positif pour l’entreprise : elle fonctionne en totale transparence avec les utilisateurs du moteur de recherche puisqu’elle publie mensuellement des rapports sur ses revenus et ses investissements.
Cependant, là où Ecosia botte en touche, c’est au niveau de la sensibilisation de son public au problème de la pollution liée à l’activité numérique. En proposant une compensation de la consommation carbone de ses utilisateurs, le moteur de recherche Ecosia ne se contente que de contourner le problème. En aucun cas, elle ne propose des solutions effectives pour réduire dans l’immédiat cette consommation (par exemple, mémoriser directement l’adresse d’un site ou l’ajouter à ses favoris afin de limiter les requêtes et ainsi diviser ses émissions de carbone). Au final, ne serait-il pas plus efficace de changer nos habitudes sur le web, plutôt que de se déculpabiliser en se disant que l’on peut compenser sa consommation par le biais d’une bonne action ?
