Elysium de Blomkamp, Apocalypse mi-figue mi-raison

cinéma, film unidivers, critique, information, magazine, journal, spiritualité, moviesAvec seulement deux films de science-fiction produits, le réalisateur sud-africain Neill Blomkamp vient de marquer les esprits. Malgré la grosse machinerie hollywoodienne, il parvient à donner une singularité salvatrice et aborder des thèmes plus profonds que des explosions tonitruantes. Elysium, l’apocalypse selon Blomkamp. Mais est-ce suffisant ?

Tout a commencé en 2009 avec District 9, une histoire d’extraterrestre sur fond de ghettos, xénophobie et de mainmise des multinationales et polices privées. Cette fois, c’est dans un futur encore plus lointain qu’il nous entraine. En 2154, la population humaine riche vit désormais dans une station spatiale baptisée Elysium. Les pauvres sont restés sur une Terre surpeuplée, même si certains d’entre eux tentent de s’enfuir. Un certain Max pourrait instaurer l’égalité entre ces deux mondes…

L’avis de Didier Ackermann

Au programme, Blomkamp nous sert un casting de plus haut niveau encore avec Matt Damon dans le rôle du héros et Jodie Foster pour la première fois (ou presque…) dans un rôle de « méchante », la ministre de l’Intérieur d’Elysium, dont les prérogatives rendraient jaloux ses homologues français passés et actuels. Si les premiers rôles ne permettent pas de donner libre cours à un bon jeu d’acteur, il n’en est pas de même des seconds rôles, notamment celui joué par Sharlto Copley, déjà vu dans District 9. À noter aussi une Alice Braga qui rappelle sa tante Sonia, légendaire actrice brésilienne et un William Fichtner glacial et captivant, mais trop rare sur grand écran.

Blomkamp reprend une vision apocalyptique de la Terre. Mais pas celle désertique avec quelques survivants façon Mad Max. Une Terre surpeuplée et sans ressource, laissée aux pauvres et aux sous-castes dans une totale anarchie. Le choix de Los Angeles n’est pas anodin puisque la ville est devenue un ghetto hispanique tandis que les riches sont… sur Elysium. Les Terriens ne rêvent que de migrer clandestinement dans cette base spatiale où règnent l’insouciance et l’opulence que permet l’exploitation de la Terre, gigantesque usine tayloriste. Les multinationales y font la loi et les basses besognes sont laissées à des polices privées. Toute ressemblance avec des contrées sud-africaines, mais aussi américaines, n’est pas fortuite… et Blomkamp y glisse des clin d’oeils appuyés.

elysiumIl a du style, c’est incontestable. On retrouve son amour des cyborgs et des robots, sa satire sociale sous-jacente, qui frise le socialisme, chose inimaginable à Hollywood. Mais on sent que le réalisateur n’a pas encore les clés de la maison et doit se plier à des phases typiques des blockbusters US : bastons, explosions, hémoglobine et fusillades à faire péter les enceintes de son home cinéma… Du déja vu. Ennuyeux. Cela entrave l’opposition entre cette Terre cloaque et cet Elysium paradisiaque.

L’histoire fonctionne pourtant et l’émotion est là autant que la réflexion. Que deviennent notre terre et les barrières dans les flux migratoires ? Mais une réflexion en surface. Il est temps maintenant que Blomkamp puisse obtenir plus de liberté pour développer ses prochains films tant on sent que le bonhomme est doué. À l’image des Proyas ou Aronofski.

 L’avis de David Norgeot

Neill Blomkamp, cinéaste sud-africain qui s’est fait connaitre avec l’inventif « District 9 », revient sur le devant de la scène avec un film à l’ambiance cyberpunk qui ne semblait promettre que le meilleur. Aucune exagération – regardez sa bande-annonce totalement ébouriffante.

Il faut dire qu’après le visionnage de cette dernière, je n’avais vu que du très beau avec un esthétisme exquis, des idées géniales, un exotisme certain, des frissons garantis, un acteur, Matt Damon, à son sommet. Oui, mais voilà, et vous allez le voir par la suite, toutes ces promesses n’ont pas été tenues et même loin de là.

La science-fiction proposée par Neill Blomkamp est radicale. Pour le meilleur comme pour le pire, autrement dit la facilité. D’un côté, les riches ; de l’autre, les pauvres. Aucun juste milieu. Les nantis sont hébergés dans la ville spatiale d’Elysium tandis que les pauvres errent sur la triste planète Terre.

Cette séparation crédible de ces deux mondes fonctionne donc pour certains versants, mais pêche par d’autres.  L’humanité palpable de son héros principal, Max incarné par un bon Matt Damon, joue alors un rôle de liant crédibilisant.   L’esthétique est réussie. Et une certaine émotion affleure.

elysiumMalheureusement, tous ces bons côtés ne font pas oublier la faiblesse du scénario et le manque de profondeur de son ambition. Quant à la bande-son, c’est un véritable massacre pour les oreilles du spectateur. Du reste, la caricature est un élément trop tristement omniprésent. Il en va ainsi des flashbacks sirupeux…

Il faut beaucoup de pansements pour soulager toutes les blessures de cette bête cinématographique. Une ambition forte pour un résultat qui n’est pas à la hauteur des attentes suscitées. Un moment agréable. Mais moyen.

Elysium
Réalisation :  Neill Blomkamp
Scénario : Neill Blomkamp
Acteurs principaux : Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley, Alice Braga, William Fichtner
Durée : 109 Minutes

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