Du 5 mai au 2 juin 2021, le collectif Connexions Photographiques, soutenu par la Ville de Rennes, la Maison Internationale de Rennes et Keolis, organise l’exposition photo Étape à Rennes. Des portraits photographiques de jeunes étrangers de passage à Rennes sont exposés dans quatre stations de métro. Des visages, des parcours, des cultures différents, mais un seul objectif : célébrer la diversité.
L’espace de quelques instants, on oublierait presque que l’on est en train de déambuler dans les couloirs du métro rennais. C’est le pari réussi par le collectif Connexions Photographiques, association dont la vocation est de promouvoir « des échanges et collaborations photographiques ouvertes et portées à l’international » : transformer des stations de métro, endroit banal et prêtant peu au voyage, en un espace de rencontres interculturelles.
Dans le cadre de la Fête de l’Europe à Rennes, 27 portraits photographiques réalisés par quatre artistes (Brigitte Delalande, Hervé Marchand, Didier Gautier et Clotilde Audroing-Philippe) sont exposés durant un mois dans quatre stations de métro (République, Gares, Pontchaillou et Henri-Fréville). Nul besoin, donc, d’attendre la réouverture des musées le 19 mai, ni même de pouvoir voyager sans restrictions, pour être dépaysé.
Ouverture à l’international
Le collectif Connexions Photographiques naît en 2018, sous le nom de Connexions Conexões, dans le cadre d’un partenariat avec une association de photographes portugais. Une exposition est organisée au Portugal en 2019. Mais suite à la fin de cette collaboration se pose la question du devenir de l’association. « Nous avons décidé de nous ouvrir à l’international », précise Brigitte Delalande, sa présidente. « Nous travaillons à l’étranger en essayant de développer des projets plus larges. » L’association est alors rebaptisée Connexions Photographiques, témoignant de sa vocation de développer l’échange et la collaboration entre artistes photographes du monde entier.
Las, la crise sanitaire met un frein aux ambitions internationales du collectif et oblige celui-ci à se réinventer. « Puisque l’on ne pouvait plus travailler à l’étranger, nous avons décidé de photographier des jeunes étrangers vivant en France », poursuit Brigitte Delalande. Un appel est lancé à des associations, qui le relaient auprès des jeunes intéressés. À partir de là, chaque photographe crée sa propre relation avec les jeunes qu’il souhaite photographier. Clotilde Audroing-Philippe, membre du collectif depuis trois ans, a ainsi pris contact avec des jeunes filles venues de Suède et d’Ukraine. « Je souhaitais aborder le lien entre elles et Rennes, ce qu’elles ressentaient, ce qu’elles préféraient. Les prises de vues ont été faites dans des lieux de Rennes qu’elles apprécient », détaille-t-elle.
Le projet séduit la Maison internationale de Rennes, qui, avec le soutien de la Ville de Rennes et de Keolis, propose aux artistes d’exposer dans des stations de métro à l’occasion de la Fête de l’Europe. Une idée qui ne leur déplaît pas. « Je trouve que c’est intéressant d’exposer dans le métro, on touche un public différent, des gens qui ne sont que de passage, mais qui s’arrêtent pour regarder », approuve Clotilde Audroing-Philippe. Les 27 portraits ne sont cependant qu’un extrait d’une exposition qui en compte 80. « On recherche d’ailleurs un endroit pour montrer l’exposition complète », signale-t-elle.
Ode à l’interculturalité
Derrière chaque portrait, une histoire, une culture, un parcours singuliers. Ils s’appellent Huaman, Habiba, Manica, Ana, Hoang Anh, ils viennent d’Argentine, de Tunisie, d’Albanie, du Mexique, du Vietnam… Tous ont atterri un jour à Rennes, en service civique notamment dans le cadre du Corps Européen de Solidarité ou bien dans le cadre de leurs études. Leur motivation était souvent la même : mieux connaître la langue, l’histoire, la culture françaises. À travers cette expérience unique, ils développent leur point de vue sur Rennes, les Français, l’Union Européenne. Chaque portrait est ainsi accompagné, en légende, d’une question posée par le photographe : « Une différence avec ton pays d’origine ? », « Qu’est-ce qui t’a le plus surpris en arrivant en France ? », « Que représente l’Union européenne pour toi ? ». Les réponses permettent de mieux saisir la signification de l’interculturalité. Ainsi, lorsqu’on lui demande quelles sont les choses ici qui sont très différentes de son pays, Huaman, 27 ans, venu d’Argentine, estime que les Français « sont […] plus distants aux premiers abords, mais très polis tandis que les Argentins et plus généralement les latinos sont plus avenants ». Certains prennent la pose en arborant une tenue typique de leur culture d’origine, comme Beatriz, jeune espagnole qui pose en robe de salsa. D’autres se sont vite acclimatés à la culture française, à l’image des Allemandes Anne et Carlotta toutes heureuses de déguster des viennoiseries.
Une chose est sûre, tous apprécient d’être venus en France. « Ce qui me plaît le plus en France, c’est l’interculturalité », détaille Habiba, venue de Tunisie pour un volontariat d’un an par l’intermédiaire des Compagnons bâtisseurs de France. « Il y a une grande ouverture sur le monde en France car il y a pas mal d’internationaux. » Manica, venue d’Albanie pour faire ses études en France, complète : « La France est un pays de liberté, développé, éduqué. Le niveau culturel y est élevé et la vie sociale très riche. Je vis en colocation avec des Français, je me suis fait beaucoup d’amis ». À travers cette exposition, le spectateur est donc invité à questionner ses propres préjugés et à-priori sur la France et les Français.
C’est intÉressant d’exposer dans le mÉtro, on touche un public diffÉrent
Clotilde Audroing-Philippe, membre du collectif Connexions Photographiques
Le Corps Européen de Solidarité
Lancé fin 2018 et géré par la Commission européenne, ce programme permet aux jeunes de 18 à 30 ans de postuler pour un volontariat, un stage ou un emploi en France ou en Europe, ou de bénéficier de financements pour mener un projet de solidarité au sein de leur communauté locale sur des thèmes aussi divers que l’inclusion, la citoyenneté et la participation démocratique, l’environnement, la culture, la santé ou le sport. Les financements sont octroyés à des organisations sélectionnées suite à un appel à propositions. Doté d’un budget de 1,009 milliard d’euros pour la période 2021-2027, ce programme devrait offrir à 270 000 jeunes l’opportunité de mener des projets correspondants aux valeurs défendues par l’Union européenne.