Exposition La ronde de nuit, Caroline Molusson se joue de l’ouïe

Après Angélique Lecaille et son paysage en trois dimensions Apeiron, rien ne périt, c’est au tour de l’artiste Caroline Molusson de s’installer à la Galerie Art et Essai (Université Rennes 2), dans le cadre du Parcours Métrange organisé par le collectif Contrefaçons. Entre onirisme et contemplation, son installation sonore « La ronde de nuit » emmène le spectateur dans une expérience sensitive où  l’audition transporte vers d’autres horizons….

 

Après la contemplation à laquelle invitait le travail d’Angélique Lecaille, l’exposition Je ne suis pas sûre d’être là est constituée d’une installation sonore de Caroline Molusson. Ce fut également le titre de la performance réalisée par l’artiste le jour du vernissage, le vendredi 23 octobre. “Pour la project-room de la Galerie Art & Essai, qui n’est pas un espace facile vu sa petite taille, nous avons fait deux propositions qui touchent à l’onirisme et à la contemplation”, explique Doriane Spiteri du Collectif Contrefaçons.

Après des cours d’improvisation en danse qui ont décuplé son imagination, Caroline Molusson s’est inscrite à l’École des Beaux-Arts. Les questions d’espace, de vide, d’équilibre instable et de pesanteur, notions caractéristiques de la danse, se mêlent toujours plus intimement à sa démarche artistique.

Ça a ouvert quelque chose de magique ; j’ai voulu partager ce que j’éprouvais en dansant. A travers différents médiums, j’explore des notions en m’imposant des règles du jeu pour composer, monter, écrire. Important : je travaille toujours avec des maquettes des lieux que j’investis. Dans ces travaux, il y a une forte présence et absence du corps ; la physicalité est palpable quand bien même elle n’est pas visible.

caroline molussonC’est dans la petite pièce qu’est la Project Room que le spectateur trouvera l’œuvre sonore Ronde de nuit. Sobre et vide de tout superflu, seules les enceintes accrochées permettent à l’œuvre de vivre. Un simple rideau noir atténue la luminosité de l’entrée, mais la lumière extérieure arrive tant bien que mal à frayer son chemin. Quelques rayons filtrant plongent la pièce dans une pénombre onirique, entre chien et loup… De fait, le thème du Festival Court-Métrange est Territoire des Songes. « Chaque artiste donne son interprétation du songe et de l’imaginaire comme possibilité du réel », précise Maëlys Moreau du Collectif Contrefaçons.

Confronté à cet espace sombre, la vue est brouillée reflue au profit de l’ouïe. En découle un questionnement in situ sur la perception, l’espace et le vide. « La perception de l’espace est complètement transformée quand on danse ; j’avais envie de partager ça. » De fait, curieusement, même libre de tout artifice, la pièce semble regorger de vie.  Peut-être est-ce dû aux sons du quotidien qui résonnent entre ses quatre murs et qui sont familiers à tous ? Ils suffisent en tout cas à transporter le spectateur tout en l’incitant à retourne à sa propre matérialité. Écoutez, analysez et projetez-vous. On finit par oublier la vue et « contempler avec les oreilles ».

caroline molussonOù conduisent ces sons ? Le spectateur est maître de son voyage et crée comme il l’entend : musique, sons du quotidien et de l’extérieur, comme la pluie qui s’abat sur le bitume ou le tonnerre qui gronde. Plus tard, le brouhaha caractéristique d’une fête foraine  puis les cris et les discussions de fond matérialisent des êtres vivans. « C’est un processus proche d’un musicien – compositeur, j’avais des sons enregistrés à des endroits différents, à des périodes différentes. Je les ai assemblés, la succession s’est installée naturellement, presque à mon insu. »

Avec ces pistes de lecture, le titre n’a plus de secret. Je ne suis pas sûre d’être là. Être là, mais projetée dans un univers, un temps différent : les frontières de l’espace-temps deviennent poreuses. Alors qu’Angélique Lecaille transportait le public visuellement dans un lieu hors-lieu, à la limite du cadre de la réalité, Caroline Molusson invite à contempler un espace vide où tout semble se passer… ailleurs. Plus qu’une expérience artistique, c’est une expérience sensitive que les deux artistes ont cherché à créer.

Je ne suis pas sûre d’être là / La Ronde de nuit, exposition et installation sonore de Caroline Molusson – Collectif Contrefaçons  du 26 octobre au 13 novembre 201

Infos, adresse, horaire : Projet room Galerie Art et Essai à L’Université Rennes 2,

Caroline Molusson

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