Le festival CAP Danse, organisé par l’association Danse à tous les étages revient pour une quatrième édition du 19 au 28 septembre 2025. Traversé par les journées du patrimoine et du matrimoine, il invite initiés et curieux à découvrir des spectacles issus du répertoire chorégraphique et des nouvelles créations, mais aussi des lieux patrimoniaux d’exception à Concarneau et aux alentours.
Depuis quatre ans, le festival CAP Danse met en mouvement le patrimoine sur un territoire où existent peu de structures culturelles, mais aux paysages incroyables, en bord de mer et en ruralité. L’association Danse à tous les étages, à l’origine de l’événement, investit ces lieux – intérieurs et extérieurs -, tout en créant des résonances entre les paysages et les projets artistiques au programme.

La danse : un patrimoine chorégraphique
Dans cette bobine patrimoniale, l’association a d’abord tiré le fil du patrimoine et du matrimoine de la danse. « Son histoire et son répertoire sont assez peu représentés finalement sur les scènes actuelles », souligne Natacha Le Fresne, directrice de Danse à tous les étages. Chaque édition propose un focus sur de grandes figures de la danse (contemporaine, hip hop, traditionnelle, etc.). Cette année, il portera sur le matrimoine : les femmes chorégraphes qui ont marqué l’histoire de la danse. Citons la chorégraphe Anna Halprin. « Femme très engagée, elle voyait la danse comme moyen d’émancipation individuelle. » L’ouverture de festival sera marquée par une re-création de la performance Blank Placard Dance – créée aux États-Unis en réaction à la guerre du Vietnam – par Anne Collod, dans une version enfants en partenariat avec une école de Concarneau.
Sur l’idée d’une manifestation chorégraphique dans l’espace public, le spectacle rassemble un groupe de personnes, non danseurs professionnels, muni d’une pancarte sans inscription. « La déambulation est accompagnée de personnes qui collectent et qui interrogent les passants sur le message qu’ils souhaiteraient voir sur les pancartes. » La performance s’achève par une lecture collective de tous les slogans récoltés. Le symbole fort de voir des enfants manifester, ne serait-ce qu’artistiquement, ne pourra qu’inspirer le public… (vendredi 19 septembre, Concarneau, 18h)

Si nous découvrirons prochainement la création Rosas d’Anne Teresa de Keersmaeker au cours de la saison 2025 – 2026 du Triangle – cité de la danse, CAP Danse accueille aussi une de ses œuvres. Grande figure de la danse contemporaine, la chorégraphe vient présenter le solo Bernado, pièce à l’écriture minimaliste conçue à partir des mouvements simples de la marche et du souffle. (samedi 27 septembre, Concarneau, 11h et 19h)
Danser avec le patrimoine naturel
La programmation abordera aussi le patrimoine naturel, autant dans la découverte des éléments naturels que dans l’appropriation du lieu par les pièces. Parmi elles, Dans(er) l’océan, la nouvelle création de Marine Chesnais en duo avec Valérie Chabredier. Le binôme crée une forme de randonnée chorégraphique inspirée des marches océanes dont le but est de sensibiliser aux enjeux climatiques à l’image des fresques du climat. On retrouve une nouvelle fois la grande sensibilité de Marine Chesnais pour les questions environnementales, ceux-là même qui guident sa direction artistique depuis ses débuts. « C’est comme remonter les profondeurs de l’océan. Une médiatrice scientifique décrit l’environnement au fur et à mesure de cette remontée », précise Natacha Le Fresne : « Nous avons fait le choix de proposer la création dans la ville pour montrer que ces questions touchent l’ensemble du territoire ». (Melgven : mercredi 24 septembre, 10h et 18h30 ; jeudi 25 septembre, 18h30)
C’est dans un Bruissement que le chorégraphe Sylvain Prunelec, la performeuse vocale Angèle Prunelec et le musicien Ryan Kernoa se réunissent autour de la question de l’appel et, en filigrane, interrogent notre lien à la nature. « Il s’agit à la fois du cri des animaux, mais aussi des langues sifflées dont s’est formé Ryan », informe-t-elle. « Elles existent historiquement dans les Pyrénées pour communiquer d’une montagne à l’autre par le sifflement. » (vendredi 26 septembre, Melgven, 18h30 et 21h)
Le festival investit également un lieu géré par des artistes à Rosporen, Kerminy avec Cueillette sonore et repas partagé dans les jardins du château, afin d’aborder le lien fort entre la création et l’environnement. L’événement sera animé par les élèves du Conservatoire de Paris. (samedi 20 septembre, 12h30)
Des créations qui questionnent les récits postcoloniaux
Ce ne sera d’ailleurs pas la seule proposition des élèves du Conservatoire de Paris puisqu’il est de tradition, depuis trois ans, que les étudiants et étudiants en master 2, option danse, participent au festival. Ils interpréteront notamment Entropie de Léo Lérus, chorégraphe d’origine guadeloupéenne qui prolonge les réflexions autour du patrimoine dansé, historique cette fois en traitant l’influence par les danses traditionnelles cette fois. La chorégraphie se construit autour du gwo ka, une musique et danse traditionnelle caribéenne. (vendredi 19 septembre, Concarneau, 20h)
Sera aussi abordée la question post-coloniale avec la présentation de deux œuvres de Betty Tchomanga, artiste associée de Dans à tous les étages. Le festival accueillera Mascarades, un solo qui reprend la figure de Mami Wata, déesse du culte vaudou qu’elle incarne dans toute sa puissance dans un création coup de poing. « Cette création a marqué le début d’un cycle dans lequel elle a travaillé plus spécifiquement sur les récits qui relient l’Afrique et l’Occident ». Dans le prolongement, la série Histoire(s) décoloniale(s) raconte le parcours dansé et parlé de différents interprètes en lien avec leur histoire personnelle. #Mulunesh, portrait fort dans ce qu’il possède de technicité chorégraphique et d’histoire personnelle. « Le krump est une danse historique née dans un contexte de guerre de gangs aux Etats-Unis avec l’idée de transformer cette colère en danse, avec toute la puissance que ça dégage. »

Un focus sur les danses hip hop
Danse à tous les étages prolonge également la dynamique initiée l’année dernière autour des esthétiques hip hop. Seront montrés Quatre trois des Rennais Andrège Bidiamambu et Seren Kano qui traite du locking, une danse funk née dans les années 70. « Ils travaillent sur la rythmique et propose une conversation par les gestes. » (dimanche 21 septembre, Saint-Yvi à 11h et Névez à 16h30)
Bounce de Sons of wind, collectif issu de hip hop freestyle underground est quant à elle une création avec un dj en live, dans laquelle une dizaine d’interprète propose une danse énergique sur le rebond. (samedi 27 septembre, Concarneau, 21h)
La danse sous toutes ses formes
Si la danse dans sa forme la plus pure pour aborder la thématique du patrimoine, la montrer sous différents supports fait partie de l’ADN du festival. Une des portes d’entrée dans l’univers chorégraphique est ainsi le monde du cinéma avec des projections dans les médiathèques et le Cinéville auront également lieu. Parmi elles, le document sonore En terrain décolonial réalisé par Charlotte Imbault, le prolongement de la série Histoire(s) décoloniale(s) de Betty Tchomanga. (samedi 20 septembre, Pont-Aven, 10h)
Plusieurs expositions en lien avec le réseau des médiathèques seront aussi proposées : Aela Labbé, programmée l’année dernière sur le festival, revient avec le travail photographique qu’elle développe ; Darius Dalatyari – Dolatdoust, chorégraphe, mais aussi plasticien à l’origine du visuel de l’édition 2025 ; et Duo Mambo de Wei Middag et Aurèle Arima, des planches d’une bande dessinée qui retrace la vie d’un couple par le biais de la danse. La poésie du mouvement du corps est ici présentée dans le temps suspendu d’une image ou d’une photographie, témoin de cet art éphémère dont Danse à tous les étages révèle tous les imaginaires.

Du 19 au28 septembre 2025, Festival CAP Danse :
Concarneau, Elliant, Malgven, Névez, Pont-Aven, Rosporden, Saint-Yvi, Tourc’h, Trégunc
Découvrir la totalité de la programmation

Les temps forts du week-end d’ouverture
Vendredi 19 septembre
- Blank Placard Dance Kids – Adaptation pour enfants de l’œuvre mythique d’Anna Halprin par Anne Collod. 18h, parvis des halles de Concarneau. Gratuit.
- Entropie – Une pièce magistrale du chorégraphe guadeloupéen Léo Lérus, portée par l’Ensemble chorégraphique du Conservatoire de Paris. 20h, Carré des Larrons, Concarneau. Gratuit.
Samedi 20 septembre
- En terrain décolonial – Documentaire sonore de Charlotte Imbault. 10h30, Musée de Pont-Aven (salle Julia). Gratuit.
- Join 2 – Ioannis Mandafounis avec l’Ensemble du Conservatoire de Paris. À Elliant (11h, jardins de la mairie) puis à Trégunc (16h30, Domaine les Grandes Roches). Gratuit.
- Cueillette sonore et repas partagé – Rencontre conviviale entre artistes et public. 12h30, château de Kerminy, Rosporden.
- Conversations dansées – Création d’Anne Collod dans l’écrin du Petit Château, Ville Close de Concarneau. 18h30, payant.
- Mascarades – Betty Tchomanga revisite la figure de Mami Wata, déesse mi-femme mi-poisson du panthéon vaudou. 21h, Bois d’Amour à Pont-Aven. Payant.
Dimanche 21 septembre
- Histoire(s) Décoloniale(s) #Mulunesh – Betty Tchomanga explore les récits entre Afrique et Occident. 11h et 16h, médiathèque de Tourc’h. Payant.
- quatre trois ◇ : △ – Andrège Bidiamambu et Seren Kano revisitent le locking, danse funk née dans les années 1970. 11h, plateau des sports de Saint-Yvi, puis 16h30, Village Club Miléade Port-Manech à Névez. Gratuit.
- Écran somnambule – Latifa Laâbissi revisite la célèbre Danse de la sorcière de Mary Wigman dans une performance troublante. 14h et 15h, Musée de Pont-Aven. Gratuit sur réservation.
Dix jours pour célébrer la danse sous toutes ses formes
Tout au long du festival, le public pourra également profiter d’expositions, projections de films, ateliers, moments festifs et bals, avec une clôture prévue le dimanche 28 septembre à Trégunc autour d’un grand bal orchestré par les performeurs du collectif Bounce (Sons of Wind).
Informations pratiques
Trois possibilités pour réserver vos billets :
• en ligne sur le site internet
• dans les bureaux d’informations touristique de Concarneau, Névez, Pont-Aven, Rosporden et Trégunc.
• sur place le jour du spectacle/atelier (dans la limite des places disponibles)
Pour les réservations de groupe (à partir de 10 personnes), contacter le festival à cette adresse : contact@danseatouslesetages.org
