À Betton, elle travaille le béton… et le transforme en fleurs éternelles

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Geolody créations en béton fin
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Sous les doigts d’Élodie Courbis, alias Geolody, le béton devient matière vivante, végétale et poétique et se transforme en décorations et bijoux.

Il y a des reconversions qui ressemblent à des évidences celle d’Élodie Courbis en est une. Formée dans le textile et la mode, elle a longtemps travaillé comme acheteuse dans la grande distribution. Pyjamas, tissus, développement produits : un quotidien bien rempli, mais qui, peu à peu, finit par la laisser à distance d’elle-même. « Je ne me sentais pas à ma place, ça ne me ressemblait pas tant que ça ». Le déclic ? Un plan de licenciement économique, elle aurait pu rester, mais a choisi de partir.

Geolody créations en béton fin
Facebook, dans la boutique Nénettes à Janzé

Déjà entrepreneuse en parallèle, elle créait et revendait des bijoux d’inspiration gothique, faits de pierres et de métal. « Je me suis dit que je n’allais pas faire grand-chose si je ne transformais pas moi-même la matière ». Elle se met donc en quête d’un matériau à apprivoiser. Résine ? Argile ? Puis, presque par hasard, elle tombe sur un kit créatif qui propose de fabriquer un objet déco en béton coloré. Une révélation. Ce béton blanc et fin qu’elle découvre alors offre des possibilités infinies. « C’était comme fabriquer sa propre pierre. »

Dans un monde du DIY saturé de résine et de plâtre, Élodie choisit un chemin plus exigeant : celui du béton. Le béton qu’elle travaille est un mortier très fin, sans gravier, presque crémeux. Difficile à trouver, elle le déniche dans le fin fond de la Seine-et-Marne. Il est blanc, rare et capricieux, mais c’est lui qui donne ce rendu minéral si particulier à ses créations. Elle apprend à le maîtriser seule : dosage des pigments, choix des moules, gestion des temps de séchage, marbrures et textures. Sur Internet, peu de ressources : pas de tutos YouTube ou presque. Elle teste, échoue, recommence. Et découvre aussi des matériaux cousins comme la Jesmonite, un dérivé du plâtre acrylique qui sèche très vite. Trop vite parfois. « Le béton permet plus de lenteur, plus d’effets de couleur, un vrai travail dans la matière ».

Au fil des années, Geolody devient un petit monde à part entière, un équilibre entre le végétal et le minéral. Son produit emblématique ? Des fleurs sur tige, moulées en béton, peintes, marbrées, parfois piquées d’une tête de mort en métal. Le contraste est assumé : entre la fleur et la pierre, la délicatesse et la solidité, la poésie et le rock. Elle crée aussi des vases assortis, des socles ou encore des cœurs, des symboles organiques figés dans la matière. Ses fleurs sont éternelles. Résistantes à la pluie, au soleil, à l’humidité, elles peuvent être posées dehors comme dedans. L’univers de Geolody oscille entre deux pôles : un côté gothique avec des coloris sombres, du rouge, du noir, des motifs crânes ; et un versant plus onirique, plus doux, où la couleur et la lumière prennent le dessus.

Si les fleurs restent les pièces les plus populaires, les bijoux en béton qu’Élodie crée ne passent pas inaperçus. Volumineux, souvent en demi-sphères, marbrés ou incrustés de symboles (têtes de mort miniatures, engrenages, transparences), ils s’adressent à une clientèle qui aime les objets forts, uniques : « Ce ne sont pas des bijoux fins ou discrets, mais ce sont de vrais petits mondes à porter sur soi ».

Depuis un an, Élodie s’est installée à Betton au nord de Rennes. Une coïncidence amusante qui fait sourire les visiteurs autant qu’elle : « Je travaille le béton, à Betton ». Ce nouveau départ l’a poussée à aménager son atelier, encore en pleine transformation. Moins présente sur les marchés ou les événements, elle consacre son temps à la recherche, à la création de moules personnalisés, à l’amélioration de ses techniques. Elle explore, par exemple, la fabrication de moules à partir de végétaux séchés, comme des cœurs de lotus. Un processus complexe, qui demande de manipuler des matériaux coûteux (comme le silicone) avec précision. Mais toujours avec cette même envie : faire dialoguer la matière et la nature.

INFOS PRATIQUES

Ses créations sont visibles sur Instagram et parfois en boutique, notamment chez Nénettes à Janzé, où elle tient ponctuellement des permanences. Elle y expose ses fleurs, ses contenants, et ses bijoux les plus accessibles au grand public.

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