La journée « Innovation sociale, l’ESS bretonne en pointe et demain ? » s’est tenue mercredi 23 mai 2018 dans les locaux d’Askoria, école rennaise de formation en travail social. Cette rencontre organisée par la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire (CRESS) de Bretagne a rassemblé près de 150 acteurs et représentants des pouvoirs publics œuvrant pour l’ESS. Un événement annuel incontournable pour l’ESS en Bretagne.
Marie-Martine Lips, Présidente de la CRESS Bretagne a ouvert la journée en présentant le rapport d’activité 2017 de la CRESS lors de l’Assemblée Générale. Puis, la matinée s’est continuée avec un jeu sous le format de questions-réponses en équipes portant sur des projets phares réalisés durant l’année et de projets à venir. Il a, par exemple, été question du projet de se rendre au Forum Mondial de l’Économie Sociale qui se tiendra du 1er au 3 octobre 2018 à Bilbao.
La présidente de la CRESS a ensuite rappelé les fondements de l’Économie Sociale et Solidaire : « une économie qui partage les fruits de la croissance au lieu de les concentrer entre les mains d’un petit nombre, qui ne laisse pas sur le bord du chemin 10 à 15 % de sa population » et qui se projette à long terme. Marie-Martine Lips a souligné l’importance de fonder une économie qui va au-delà du marché régulé par la concurrence.
Nicole Notat et Jean-Dominique Senard ont récemment remis un rapport intitulé « L’entreprise, objet d’intérêt collectif » dans le cadre de préparation de la loi PACTE (Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises) qui doit être présenté en Conseil des ministres prochainement. Les « sociétés à objet social étendu » ou « entreprises à mission » qui ont un objectif environnemental ou social allant plus loin qu’une politique RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) pourraient « ne plus avoir, juridiquement parlant, comme seul but de partager des bénéfices ».
La CRESS Bretagne soutient cette réflexion qui tend à questionner le rôle des entreprises dans la société. Néanmoins, elle attend de voir le contenu qui sera retenu dans la future loi et réaffirme les principes constitutifs des entreprises de l’ESS. Gouvernance collective, répartition des bénéfices et participation des membres dans les instances de décision sont au cœur du fonctionnement des entreprises de l’ESS et ces principes spécifiques sont appuyés par la loi Économie Sociale et Solidaire de 2014.
Différents porteurs de projets étaient présents et leur expérience est venue illustrer « l’écosystème transversal à l’ESS » qui se développe entre les différents acteurs de l’accompagnement, du financement, de la formation et des porteurs de projets en Bretagne. Un rubalise a symboliquement tissé la chaîne des acteurs impliqués dans la mise en place des projets ESS, de l’idée jusqu’à sa création.
Chaque année près de 450 porteurs d’idées ou de projets sont accueillis et orientés par les 21 pôles de développement de l’ESS, soutenus par Rennes Métropole. Près de 100 idées sont retenues par les « propulseurs d’entrepreneuriat collectif » que sont les Tags Bzh implantés dans chaque département breton. « L’idéateur » se charge de valider les projets et de structurer leur plan d’action. « Le révélateur » met en lien les acteurs du territoire afin de faire émerger des entreprises de l’ESS à partir de besoins sociaux détectés sur le territoire. « L’incubateur » permet, lui, l’accompagnement de 40 projets collectifs de longue durée chaque année.
Le programme Création-Reprise d’entreprise en ESS forme 100 personnes chaque année. Les 10 Coopératives d’Activité et d’Emploi en Bretagne donnent, elles, l’opportunité de tester son projet dans des conditions sécurisées en leur offrant un hébergement juridique, social et fiscal. Les fonds Cap création ESS & Fonds de confiance de Bretagne Active libèrent des fonds pour financer l’étude de faisabilité d’un projet ESS. Entre 150 et 200 000 euros sont attribués tous les ans et destinés à une douzaine d’études. L’Union régionale des Scop de l’Ouest soutient les porteurs de projets dans les démarches juridiques et financières de création d’une SCOP-SCIC. L’État, la Région, le Département, mais aussi certaines banques et certains médias participent également au fonctionnement du réseau ESS. La CRESS se positionne comme l’animateur de cet écosystème.
La Belle Déchette, première ressourcerie du territoire de Rennes Métropole qui récupère les « déchets » des usagers et professionnels pour leur donner une seconde vie, a témoigné de l’intervention des différents acteurs présents dans l’élaboration de son projet. La Grenouille à Grande Bouche qui mêle restauration et écriture afin de redistribuer ses bénéfices à des associations a également confirmé l’apport des acteurs de cet « écosystème » ESS dans la construction du projet en cours tout comme le projet d’espace de co-working dans le Pays des Vallons de Vilaine.
L’après-midi a été ponctuée par des ateliers intitulés « inventons les solutions de demain » où il s’agissait de réfléchir sur différents enjeux tels que le gaspillage alimentaire, la mobilité inclusive ou encore le développement du travail en prison. D’autres ateliers « cuisines à projets » ont été l’occasion d’échanger sur les problématiques de plusieurs porteurs de projets à l’image du travail en réseau mené par les différents acteurs bretons de l’ESS tout au long de l’année. Des acteurs qui partagent la même vision de la Bretagne de demain que la Région Bretagne qui lance actuellement le projet de territoire Breizh Cop.