Je badine avec l’amour (parce que tous les hommes sont si imparfaits et si affreux) est le nom du nouveau spectacle de danse de Sylvain Riéjou. Sur la scène du Triangle – Cité de la danse de Rennes dans le cadre du festival Waterproof, le chorégraphe témoignera mercredi 14 février 2024 de sa vision de l’amour et des formes que celui-ci peut prendre. Deux danseuses et deux danseurs se serviront de la danse comme d’un reflet des relations amoureuses afin de s’acheminer, ensemble, vers une chorégraphie finale.
Dans le cadre du festival Waterproof, deux hommes et deux femmes dansent ensemble sur la scène du Triangle – Cité de la danse à Rennes ce mercredi 14 février 2024. Ils se guident et se suivent sur scène tout en étant accompagnés par la musique. Ils se disputent et rient, ils se détestent et s’aiment. Puis les rôles s’inversent, un trio se forme et avec lui de nouvelles règles et de nouvelles possibilités…
Sylvain Riéjou est danseur chorégraphe à l’origine de l’association Cliché. Dans cette nouvelle création, il offre un témoignage chorégraphique sur la manière dont l’amour peut être vécu. Il badine avec les normes établies comme il badine avec l’amour. Il choisit d’appeler son spectacle Je badine avec l’amour (parce que tous les hommes sont si imparfaits et si affreux) et réemploie ainsi, sous un prisme personnel, le titre de la pièce d’Alfred de Musset On ne badine pas avec l’amour et une citation qui en est tirée.
Le titre que le chorégraphe donne à la pièce n’est pas anodin : il entend questionner l’idéal romantique tel qu’il est pensé dans notre société en donnant son point de vue à travers sa chorégraphie. « C’est une réponse à la vision romantique qui nous a été servie dès notre plus jeune âge : un idéal selon lequel l’amour doit toujours être vécu avec une forte intensité. Soit on meurt par amour, soit on est sauvé par l’amour. L’amour peut aussi être plus doux et plus simple », déclare le danseur. « Il faut accepter qu’on ne rencontre pas quelqu’un de parfait et qu’il y a des côtés affreux. »
Après deux spectacles chorégraphiés et dansés en solo, Sylvain Riéjou réalise que le sujet implique « une rencontre entre des corps » et il décide de travailler pour la première fois avec trois autres interprètes. « Ils m’ont inspiré d’une part par leurs aptitudes, mais aussi parce que je devais trouver des outils pour leur transmettre mon travail. Ça m’a obligé à le décortiquer pour en préciser les intentions chorégraphiques ».
Je badine avec l’amour… est divisé en trois actes à l’image de la pièce de Musset. « Le pitch du spectacle consiste à questionner la manière dont un adolescent homosexuel construit sa vision de l’amour à travers des films qui présentent des relations hétérosexuelles normées, fictionnelles et embellies. » Au fil de la pièce se construit un « quatuor par accumulation » : d’abord seul sur scène, le personnage en appelle à de nouveaux danseurs à chaque nouvelle question qu’il se pose, chacun apportant une réponse. Jusqu’à quatre personnes sont présentes sur scène, deux danseurs et deux danseuses ; leurs danses étant des symboles allégoriques des relations amoureuses.
Ce rapport entre danse et relation amoureuse, Sylvain Riéjou l’explique par une scène du film culte Dirty Dancing qui marque son parcours de vie : lorsque « Bébé » va dans la chambre de Johnny pour danser avec lui et qu’ils s’acheminent vers la relation sexuelle. Cette scène génère un rapport étroit entre la danse et la relation amoureuse à travers les corps des deux protagonistes ; pour cette raison, le chorégraphe décide de commencer le spectacle en partant de là.
En représentant un adolescent homosexuel dans son spectacle, le danseur affirme parler de tout un système de domination puisqu’il permet d’évoquer le rapport des hommes sur les femmes, la construction personnelle au masculin mais aussi du rapport des femmes sur les hommes. « Beaucoup d’hommes autour de moi se sont sentis écrasés par ce modèle de l’homme qui doit rapporter de l’argent, prendre des décisions et aimer le foot », admet-il. Dans sa chorégraphie, il souhaite montrer l’impact des représentations sur la construction personnelle et notamment en matière d’amour.
Vis-à-vis de cette question d’amour, le chorégraphe regrette néanmoins que certains films enjolivent les histoires, voire s’enracinent dans des rôles pré-établis puisqu’une confusion entre fiction et réalité peut en résulter. Cette confusion, il ne la retrouve pas dans la danse, hormis dans les ballets où bien souvent, les femmes meurent d’amour ou sont sauvées par les hommes. Par le passé, notamment pour les danses de salon, la nomenclature parlait de l’homme (pour guider le pas) et de la femme (pour suivre le pas). Aujourd’hui, la nouvelle nomenclature parle de « leader » et de « follower » sans question de genre. « J’avais aussi envie de créer une danse où on pouvait inverser les rôles, où les femmes peuvent guider les hommes ou les femmes », précise-t-il.
Dans Je badine avec l’amour (parce que tous les hommes sont si imparfaits et si affreux), Sylvain Riéjou expose son témoignage chorégraphique de l’amour et explore les formes qu’il peut prendre dans un spectacle où danse et relations amoureuses se confondent…
INFOS PRATIQUES
Je badine avec l’amour (parce que tous les hommes sont si imparfaits et si affreux), Sylvain Riéjou
14 février 2024, 21h
Le Triangle – Cité de la danse de Rennes, Boulevard de Yougoslavie, 35000 Rennes
02 99 22 27 27
Tarifs : 12€ plein, 8€ Waterpass, 4€ SORTIR!
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