Quelle riche idée d’avoir programmé cette revue des Ambassadeurs au beau milieu des deux réveillons de la fin d’année 2013 – et quel plaisir ! Du moins pour ceux qui ont répondu présents à l’invitation d’Alain Surrans, directeur de l’Opéra de Rennes, pour cette « matinée » du dimanche 29 décembre. Heureusement pour les autres, ce spectacle est donné jusqu’au 3 janvier 2014.
Il est vrai qu’un peu empâté par les excellents repas du jour de Noël (et des suivants), le public de Rennes avait besoin de légèreté, de mets particulièrement digestes, d’humour acidulé. Il n’a pas été déçu… Pendant l’installation, il est accueilli par une aubade des élèves du conservatoire de Rennes ; l’ambiance est détendue et un brin truculente.
Mais qu’est-ce que cette revue des « Ambassadeurs » ? Tout simplement un spectacle de music-hall présenté dans le théâtre du même nom, sur les Champs Elysées, dans les années 20, et qui fut écrit par un des grands noms du jazz Américain, Cole Porter.
Suite de petites scènes divertissantes, souvent pimentées d’un humour un peu vert et ponctué de chansons mélancoliques, ce spectacle se moque des idées reçues sur la France tout en évoquant une Amérique forcement idéalisée puisqu’éloignée. Nous sommes guidés dans cet amusant voyage par un incroyable et talentueux monsieur loyal, Valéry Rodriguez, qui n’hésite devant aucun déguisement pour illustrer son propos et provoquer de véritables éclats de rire. Il n’en est pas moins un chanteur de talent, il le prouve dans un étourdissant numéro intitulé « si vous aimez les poitrines ». Sans commentaire…
Les chanteurs invités ne sont pas en reste. Au féminin, c’est Liza Vroman qui emporte les suffrages. Sa voix et agréable et, de toute évidence, très polyvalente. Katherine Strohmaiër qui lui donne la réplique manque un peu de puissance, elle est parfois couverte par l’orchestre mais interprète avec conviction les mélodies liées à son rôle. Et puis, elle est… charmante.
Chez ces messieurs, les opinions sont divisées. David Engel incarne l’Américain absolu : dents éclatantes, bronzage inaltérable, taille bien prise et vêture sans faux plis. Il adresse à tout moment des œillades complices au public. Et même s’il est un doigt cabotin, on sent le professionnel exigeant susceptible de dominer toutes les facettes du music-hall.
Doug la Brecque, s’il n’a pas la même perfection physique et semble apprécier les joies d’une bonne table, n’en est pas moins un excellent chanteur dont la voix puissante et parfois émouvante, nous rappelle les lieux où nous sommes… à l’Opéra de Rennes.
Et notre OSB dans tout cela ? Sous la direction du chef invité Larry Blank, il est parfaitement à l’aise et sonne comme un de ces « big band » de la belle époque. Sage et rigoureux, il lui manque peut-être une petite touche de folie.
En résumé, un très bon spectacle qu’il ne faut en aucun cas manquer. En plus de passer un très bon moment, cela peut être pour beaucoup l’opportunité de faire connaissance avec cette très belle salle qu’est notre opéra, une occasion à ne pas rater.
La revue des Ambassadeurs
Cole Porter (1891-1964)
Revue
Orchestre Symphonique de Bretagne
Direction musicale : Larry Bank
Mise en espace : Valéry Rodriguez
Avec Liza Vrouman, Scarlett Strallen, Brent Barrett, Valéry Rodriguez, et le Choeur de l’Opéra de Rennes
En 1928, il y a déjà 10 ans que les cabarets parisiens sont tombés sous le charme du music hall made in USA. C’est donc tout naturellement que l’une des salles les plus en vogue des Champs-Elysées, les Ambassadeurs, commande à Cole Porter une nouvelle revue chantée entièrement en anglais. Celui dont Fred Astaire immortalisera bientôt les plus belles chansons livre, avec cette Revue des Ambassadeurs, une de ses musiques les plus gaies. On ne l’avait pas réentendue en France depuis ces années que l’on a bien raison de qualifier de « folles »
dim. 29 décembre 2013 à 16h
mar. 31 décembre 2013 à 20h
mer. 1er janvier 2014 à 16h
ven. 3 janvier 2014 à 20h
Opéra de Rennes
Place de la Mairie