LES ACTUS LITTÉRAIRES D’OCTOBRE

En ce premier mois de l’automne surgissent encore quelques belles nouveautés littéraires. Et si cela ne suffisait pas à vous inspirer, octobre mettra à nouveau en lumière les meilleurs romans de la rentrée avec l’attribution des prix Femina (25 octobre), Medicis (26 octobre) et du Grand Prix du Roman de l’Académie française (28 octobre). Il faudra attendre le 3 novembre pour connaître les lauréats des Prix Goncourt et Renaudot.

Mais regardons déjà les belles nouveautés d’octobre dans le rayon de la littérature française. Et j’ouvre le bal avec deux maîtres du genre, Patrick Modiano et Jean-Christophe Rufin. Le premier ne cesse de composer autour de sa jeunesse, mêlant les souvenirs et la fiction dans une ambiance mystérieuse et nostalgique.

Patrick Mondiano

Chevreuse (Gallimard, 7 octobre 2021) est annoncé comme un livre éminemment romanesque, un grand Modiano. Dans ce lieu de forêt et d’étangs où l’auteur a passé son enfance, Jean Bosmans, le double littéraire de Modiano, explore les souvenirs lointains autour d’une femme dont le fantôme hante sa mémoire. L’auteur construit son oeuvre sur son enfance, toujours un peu nébuleuse suite au passage du temps.

LES FLAMMES DE PIERRE

Jean-Christophe Rufin nous emmène en montagne avec Les flammes de Pierre (Gallimard, 7 octobre 2021). Guide de haute montagne à Megève, Rémy accompagne des touristes fortunés sur des itinéraires balisés et multiplie les aventures avec ses clientes. Sa rencontre avec l’énigmatique Laure bouleverse son quotidien. Ensemble, ils vivent une expérience hors du commun sur les sommets de Haute-Savoie, grisés par le danger de la montagne. Quand il décide de la rejoindre à Paris, Laure ne reconnaît plus l’homme qu’elle a aimé.

nous sommes les chasseurs fel

Jérémy Fel a connu un beau succès avec son dernier roman Helena (Rivages, août 2018). Il se taille ainsi une place parmi les virtuoses de grandes fresques aux allures de thriller psychologique. Avec Nous sommes les chasseurs (Rivages, 6 octobre 2021), l’auteur nous entraîne dans un univers sombre et magnétique, où les époques et les lieux se superposent jusqu’au vertige. Gabriel, Damien ou Natasha se débattent avec de vieilles peurs héritées de l’enfance et leurs pulsions les plus inavouables. Un roman où l’imaginaire se mêle à la cruauté pour doubler l’effet frisson.

le festin des hyenes juhel

Dans un univers plus poétique, Fabienne Juhel nous réserve bien souvent des romans très humains dans lesquels, pourtant, elle s’attache à illustrer les rapports de force qui font de certaines personnes des parias. Avec Le festin des hyènes (Le Rouergue, 6 octobre 2021), elle nous emmène au Malawi. Nous y croisons Elia, une jeune adolescente qui ne se doute pas encore du drame qui va se jouer autour de sa virginité. Le Kusasa fumbi est un rite sexuel selon lequel les vierges sont déflorées par des hommes que l’on appelle les hyènes. Notre monde recèle bien souvent des atrocités que la plus grande imagination ne saurait inventer.

PAUL AUSTER

Paul Auster, l’un des plus grands écrivains américains, sera une figure incontournable des rayons de littérature étrangère en ce mois d’octobre. Burning boy (Actes Sud, 13 octobre 2021, traduit par Anne-Laure Tissut) met en lumière la vie et l’oeuvre de l’auteur américain Stephen Crane (1871-1900). Dans ce livre fort détaillé (un pavé de plus de 1000 pages), Paul Auster rend hommage à cet auteur éblouissant peu connu en Europe.

origine du mal somoza

Quel plaisir de retrouver la plume de José Carlos Somoza avec L’origine du mal (Actes Sud, 6 octobre 2021, traduit par Marianne Millon). Nous sommes en Afrique du Nord, dans les années 50. L’Algérie est en ébullition, le Maroc a des velléités d’indépendance, les ambassades bruissent de manoeuvres et d’intrigues. C’est dans ce cadre suranné que se déploie une histoire d’amitié et de trahison entre deux jeunes phalangistes dans le protectorat espagnol de Tétouan, au coeur du Rif occidental. Cinquante ans plus tard, un manuscrit trouvé dans une librairie madrilène, rétablit la vérité sur cette histoire.

LA COULEUR DU SILENCE

Place à un récit plus romanesque de Cassie Dandridge Selleck qui sera d’ailleurs adapté au cinéma. La couleur du silence (Seuil, 7 octobre, traduit par Isabelle Chapman) est l’histoire tragique d’un été à Mayville en 1976. Lorsque Miss Beckworth engage M. Pecan, un vagabond afro-américain, son entourage s’en inquiète. La petite bourgade s’enflamme lorsque le corps du fils du shérif est retrouvé poignardé dans la forêt, non loin du campement de M. Pecan. Il est accusé du meurtre sans la moindre enquête. Pourtant Miss Beckworth connaît la vérité et elle va s’alléger de ce lourd secret vingt-cinq ans plus tard.

le sympathisant

À noter aussi la suite très attendue du Sympathisant de Viet Thanh Nguyen, Prix Pulitzer 2016.

Le dévoué

Avec Le dévoué (Belfond, 21 octobre, traduit par Clément Baude), on retrouve Vo Danh, le fameux agent double, plongé dans le Paris des années 80, sa faune interlope, ses philosophes marxistes et sa Place de la Bastille… Inventif et drôle, Le Dévoué est aussi un grand roman politique sur l’identité et sur l’Histoire qui n’en finit pas de nous rattraper.

En littérature noire, je commence aussi par deux maîtres du genre, Harlan Coben et Camilla Läckberg.

HARLAN COBEN

Le premier nous dit que Gagner n’est pas jouer (Belfond, 14 octobre 2021, traduit par Roxane Azimi). Lorsque le corps mutilé d’un vieil homme est retrouvé dans un penthouse des beaux quartiers, Win Lockwood voit soudain ressurgir son passé. Autrefois sa famille fût mêlée à plusieurs affaires d’enlèvement et de terrorisme. Win nous plonge dans un labyrinthe fatal pour faire sa propre justice.

camilla läckberg

Sans passer par la case départ (Actes noirs, 6 octobre 2021, traduit par Susanne Juul) est un court roman de Camilla Läckberg. Dans un endroit huppé de l’archipel de Stockholm, quatre jeunes réunis pour la nouvelle année entame une partie de Monopoly. Mais ils en pimentent les règles. La partie d’action ou vérité dans laquelle ils se lancent les entraîne vers des révélations de plus en plus fracassantes et des mises en situation de plus en plus dangereuses, jusqu’au point de non-retour…

Pour la découverte, je vous propose ce premier roman de Max Izambard, Marchands de mort subite (Le Rouergue, 6 octobre 2021). Pierre Merlot enquête sur la disparition de sa fille journaliste en Ouganda. Dans un pays où les journalistes subissent menaces de mort et arrestations arbitraires, il s’engage avec une collègue de sa fille à mettre à jour des vérités dérangeantes pour les pouvoirs en place.

En séance de rattrapage, vous trouverez en version poche les très bons romans de Anna Hope, Nos espérances (Folio, 7 octobre 2021, traduit par Elodie Leplat) et de David Grossman, La vie joue avec moi (Points, 7 octobre 2021). Tous deux ont fait l’objet d’une recension sur Unidivers lors de leur parution en version brochée.

MIKAL GILMORE

Découvrez aussi l’excellent roman de Mikal Gilmore, Un long silence (1018, 21 octobre 2021, traduit par Fabrice Pointeau). Gary Gilmore (1940-1977). Son frère Mikal a tenté d’oublier cette histoire familiale tragique. Mais un tel poids vous hante et il finit par écrire l’histoire de sa famille. Il se lance alors dans une enquête, à la fois affective, douloureuse, sans concessions, sur sa propre famille, sur son enfance, sur ses origines. Au terme de ce sombre voyage, il découvrira un terrible secret. Un roman intime et puissant d’une rare émotion.

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Marie-Anne Sburlino
Lectrice boulimique et rédactrice de blog, je ne conçois pas un jour sans lecture. Au plaisir de partager mes découvertes.

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