Le Marin de Casablanca, second roman de Charline Malaval, paraît ce mercredi 3 avril 2019 aux éditions Préludes. Dans ce roman choral partagé entre deux époques, les personnages se croisent et souvent s’entrecroisent. Et puis, il y a ceux, qui, de loin, observent, parce que les époques les éloignent, parce que les circonstances les séparent…
Guillaume, la vingtaine, est brillant. Il a toujours voulu rejoindre l’armée (la grande muette), son truc c’est la marine. Alors, quand l’Allemagne s’apprête à déclarer la guerre à la France en 1939, Guillaume s’enrôle malgré les réticences de ses parents et part pour Toulon. Enfin, il a bien fallu l’autorisation du père, Lucien, pour que ce fils unique rejoigne la rade. Lucien, le père, aurait préféré un autre destin pour son fils, lui qui a connu la Grande Guerre. Lui, l’être mystérieux, si mystérieux sur son passé. Et puis, il y a Ginette, la fiancée de Guillaume, qui est triste, mais aussi en colère, que son beau Guillaume rallie les troupes et se retrouve bientôt à Casablanca, le Maroc, qu’elle ne connaît pas. Elle est impatiente, elle attend avec angoisse son bien-aimé parti loin de la Somme et d’Amiens. Quant à la mère, Hélène, n’en parlons pas, elle tremble à chaque instant. Son cher petit, parti pour le front, face à ces Boches qui veulent tout ravager comme vingt ans auparavant…
De 1940, on passe à 2005 et l’on fait connaissance de la ravissante Loubna, qui aimerait en connaître davantage sur son passé et qui a grandi, travaille et vit à Casablanca, coincée entre tous les non-dits, entre les regards au milieu des fantômes de son passé. Elle ne comprend pas comment elle peut goûter sa jeunesse dans une telle opulence alors qu’elle semble issue d’un milieu modeste. Alors elle attaque des recherches sur son passé, ses aïeux, ceux qu’on considère absents, disparus ou morts… Ceux qu’on a — en apparence — oubliés !
1940. Guillaume disparaît dans l’explosion du bâtiment sur lequel il sert la patrie. Alors, c’est Félix, l’ami de toujours, l’ami marin, qui est chargé de prévenir la famille. Pourquoi Félix ? Parce que Félix avait échangé sa permission avec Guillaume, alors il se sent fautif, malheureux et ferait tout pour faire revenir son ami à la vie. La vie, la mort, en fait Guillaume a disparu, personne ne sait s’il est décédé, s’il a déserté, s’il était espion à la solde de l’ennemi.
Plus on avance dans le roman, plus les questions se posent, plus elles se multiplient, plus elles s’enchaînent. Et puis ? Quel rapport entre 1940 et 2005 ? Y a-t-il un lien entre l’histoire de ce marin de Casablanca et la délicieuse Loubna ?
Dans un roman fort captivant, Charline Malaval nous balade entre deux époques. Les personnages sont typés et souvent surprennent, car ils sont loin de revêtir la première image qu’ils nous donnent d’eux, que les autres pourraient donner d’eux. On surfe sans cesse entre les non-dits, non-dits et faux-semblants qui ont semé souffrances, trahisons. Et en matière d’amour, les trahisons sont souvent légion. L’auteure excelle également par une écriture très visuelle et une langue qui souvent se rapproche effectivement de hauts personnages comme Gabin, Bogart et tant d’autres… Quant au lieu principal, le Maroc, il demeure fascinant d’exotisme et de lumière.
Charline Malaval, Le Marin de Casablanca, Paris, Préludes, 320 pages. Parution : 3 avril 2019. Prix : 16,90 €.
Charline Malaval signe ici son second roman, après Étrangères (éd. Lucien Souny). Elle dévore tout ce qui touche aux voyages depuis qu’elle sait lire. Elle a consacré son doctorat de littérature comparée à ce sujet. Ensuite, elle a voulu confronter ce qu’elle avait lu et étudié avec passion à sa propre perception. Alors, elle a voyagé, travaillé à l’étranger et découvert des pays. Des expériences qui l’ont considérablement inspirée…