De Mexico à Bamako, les dessous de la diplomatie française

La libération de Florence Cassez et la « victoire » au Mali ont donné lieu à une glorification de notre pays et de notre diplomatie. Pourtant, sur le terrain la réalité semble bien loin des articles quasi hagiographiques de ces dernier jours.

Au Mexique, la normalisation des relations diplomatiques avec la France n’est pas vraiment à l’ordre du jour dans la population. L’image d’un pouvoir corrompu persiste. Et l’affaire Florence Cassez ne va pas aider à démontrer le contraire. En effet, notre ressortissante a bénéficié d’un vice de procédure et ne se voit ainsi ni blanchie des accusations, ni jugée. Il en va ainsi de la procédure judiciaire mexicaine et le mystère reste entier dans le rôle qu’elle a joué auprès de son « fiancé » de l’époque, Israel Vallarta, présumé chef d’une organisation maffieuse, dont justement le procès arrive. L’image renvoyée par cette affaire aux yeux des Mexiquains est simple : les Gringos peuvent tout faire, car argent ou relations les tireront toujours d’affaire.

À Bamako et Tombouctou, François Hollande se présente en « chef de guerre » victorieux, libérateur du peuple oppressé. Il est surtout l’instigateur d’une guerre contre le terrorisme qui n’a fait aucune victime dans les rangs français…. pas plus que chez les terroristes. Tout le monde a fui à l’approche de la terrible armée française. Pour se dédouaner d’une guerre aux enjeux autant économiques qu’humanitaires, François Hollande a appelé de ses vœux les pays africains à prendre le relais de la France. Habile manœuvre qui montre à la fois que la France peut encore protéger les régimes en place et ainsi leur refourguer ses… armes.

Mais revenons un peu sur cette guerre sans victime. Des associations humanitaires ont fait état de massacres ou de vengeances opérées par des civils ou l’armée malienne elle-même. D’autres ont pointé la mort de populations civiles dans les bombardements français. Oui, la Guerre n’est jamais propre et les frappes chirurgicales sont une utopie de communicants. Le mystère sur le nombre reste entier. Certains évoquent le chiffre d’une centaine de morts civils. Une chose est sûre : à Konna, 2 femmes et trois enfants ont été tués lors d’un bombardement. 11 Civils y seraient morts.

Bien avant ce conflit et la mise en avant des bandits salafistes Aqmi, d’autres exactions de part et d’autre ont gangréné la situation malienne et le conflit entre sud et nord. Gardons à l’esprit que, loin des caméras, la Cote d’Ivoire reste bien loin d’une réconciliation, comme le rappelle HWR. La guerre malienne n’est pas finie, et le conflit entre sud et nord ne se résume pas à la simple présence de terroristes/pillards dont la réussite se construit toujours sur les divisions et la misère de populations (voir les exemples de la Somalie, du Soudan…)
De même, la facture de cette intervention malienne reste secrète alors que notre armée souffre déjà d’un manque de moyens et d’une logistique déficiente. Faut-il voir un financement par les groupes industriels concernés par le conflit ou d’autres intérêts plus politiques, Grande-Bretagne et États-Unis s’étant empressés de féliciter la France pour son intervention ? Difficile de décoder les intérêts en présence.

L’Afrique est le nouveau terrain de chasse des grandes puissances qui s’approprient des territoires pour en utiliser les ressources : ressources minières en métaux précieux comme l’uranium, mais aussi ressources forestières, agricoles ou mêmes animaux. Après l’esclavage des hommes, c’est l’esclavage de la terre. Le Mali focalise l’attention aujourd’hui avant de disparaître de l’actualité dans quelques semaines. Pendant ce temps, 25 000 Camerounais sont expropriés de leurs terres au profit d’une société américaine exploitant l’huile de palme. La Chine a racheté entre 2010 et 2011, 5 millions d’hectares de terre en Afrique, devenant ainsi leader dans ce type d’investissement devant les États-Unis et le Royaume-Uni. La France arrive loin derrière. Une nouvelle donne aura-t-elle lieu grâce à ce conflit au Mali ?

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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