Paris. Le Centre Pompidou fête les 100 ans du surréalisme jusqu’au 13 janvier 2025

100 ans surréalisme

Le Centre Pompidou de Paris invite le public à découvrir Surréalisme, une plongée inédite dans l’exceptionnelle effervescence créative du mouvement surréaliste, né en octobre 1924 avec la publication du Manifeste du poète et écrivain André Breton (1896-1966). Cette exposition fantasque et provocante sera visible jusqu’au lundi 13 janvier 2025.

Il y a cent ans, André Breton publiait le premier Manifeste du surréalisme, en prônant l’exploration poétique de l’inconscient et en réhabilitant l’imaginaire et le rêve. Pour célébrer les 100 ans du mouvement surréaliste, le Centre Pompidou expose de nombreuses œuvres emblématiques de ce mouvement artistique irrigué par une forme de spiritualité peu compatible avec le XXe siècle matérialiste. Avec cette exposition, le public entre dans l’antre des rêves et des cauchemars…

L’exposition Surréalisme présente les œuvres des plus grands artistes hommes et femmes emblématiques du mouvement : 

– l’artiste espagnol Salvador Dali (1904-1989) et ses monstres ;

– le peintre belge, maître des énigmes, René Magritte (1898-1967). Avec ses élucubrations, il est le prince des détournements d’objets ;

– le peintre italien Giorgio de Chirico (1888-1978) avec ses mondes métaphysiques ;

– le peintre et sculpteur Max Ernst (1891-1978) ;

– l’artiste multidisciplinaire espagnol Joan Miro (1893-1983) et ses constellations ardentes ; 

-la peintre mexicaine Leonora Carrington (1917-2011) ; 

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M. Ernst, Ange du foyer, 1937
100 ans surréalisme
Léonora Carrington : Green Tea 1942

-la peintre britannique Ithell Colquhoun (1906-1988) ; 

-la peintre et muraliste américaine Helen Lundeberg (1908-1999) ; 

-la peintre Léonor Fini (1907-1996) et ses créatures mythologiques ensorcelantes ; 

-et la peintre et photographe Dora Maar (1907-1997) avec ses clichés hypnotiques, etc. 

100 ans surréalisme
D. Maar

L’exposition associe à ces artistes du monde entier, des peintures, des dessins, des films, des photographies, des documents littéraires et des objets.

 Le parcours, à la manière d’un labyrinthe, est chronologique, thématique et rythmé par quatorze chapitres qui évoquent les grandes figures littéraires qui ont inspiré le mouvement : le poète franco-uruguayen Isidore Ducasse, alias le comte de Lautréamont (1846-1870) ; le romancier et professeur de mathématique britannique Lewis Carroll (1832-1898) ; Donatien Alphonse François de Sade, connu pour être le marquis de Sade (1740-1814) : André Breton disait de lui : « le marquis de Sade est revenu, et plus que jamais il nous aide à nous voir nous-mêmes et à nous comprendre nous-mêmes ».

100 ans surréalisme
Kurt Seligann : Magnétic Mountain de 1948

Au cœur de l’exposition, « un tambour » central abrite le manuscrit original du Manifeste, un prêt exceptionnel de la part de la Bibliothèque nationale de France. Une projection multimédia complète la découverte de ce document unique et éclaire sa genèse et son sens.  

En décembre 1929, André Breton donnait cette définition du surréalisme : « L’acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers aux poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu’on peut, dans la foule. Qui n’a pas eu, au moins une fois, envie d’en finir de la sorte avec le petit système d’avilissement et de crétinisation en vigueur, a sa place toute marquée dans cette foule, ventre à hauteur de canon. La légitimation d’un tel acte n’est, à mon sens, nullement incompatible avec la croyance en cette lueur que le surréalisme cherche à déceler au fond de nous ».

Dans le second Manifeste surréaliste de 1930, André Breton donne une autre définition : « le surréalisme est l’automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer soit verbalement, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée ».

Portrait de André Breton

Il vient au monde le 19 février 1896 dans l’Orne. Pendant la Première Guerre mondiale, André Breton est étudiant en médecine. Il va être confronté, à la folie, aux troubles mentaux des soldats atteints du syndrome du stress post-traumatique avec lesquels il essaie la méthode des associations libres verbales. Parmi ces poilus, il y a le dessinateur et écrivain breton Jacques Vaché. Ce dernier est blessé aux jambes et très marqué psychologiquement. Sa personnalité exerce une profonde influence sur André Breton, car pendant sa convalescence, le blessé peint des cartes accompagnées de textes très étranges. Dégoûté par la guerre. Il évoque dans ses écrits : le règne absolu de la boue ; la tranchée des cadavres semblable à une mer d’excréments ; le soir où traînent de grands crépuscules rouges désolants. Il meurt d’une overdose d’opium juste après la guerre. André Breton considère Jacques Vaché comme le précurseur du surréalisme.  

100 ans surréalisme
André Breton

André Breton fait la connaissance de l’écrivain et poète Guillaume Apollinaire (1880-1918) aussi pendant la guerre. Cette rencontre le conforte dans le besoin de définir une idée plus moderne de la vie poétique. Il découvre la poésie du comte de Lautréamont, qui devient une de ses principales sources d’inspiration.

Louis Aragon (1897-1982), Philippe Soupault (1897-1990) et André Breton fondent en 1919 la revue Littératures, pour faire du surréalisme une aventure collective, définie comme une conquête du merveilleux. En 1920, André Breton et Philippe Soupault font l’expérience d’écrire spontanément à quatre mains tout ce qui leur vient à l’esprit, sans contrôle de la raison, réalisant pendant une dizaine d’heures des pages de textes. Les heures deviennent des jours et aboutissent à un recueil : Les Champs magnétiques. L’écriture automatique vient de naître, et le surréalisme fait ses premiers pas. Le 15 octobre 1924, dans Manifeste, André Breton donne la définition du surréalisme :  c‘est l’automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée.

Les récits d’André Breton refusent la fiction romanesque et explorent plutôt les possibilités de l’état hypnotique. Nadja, le récit autobiographique de Léona Delcourt en 1928, Les Vases communicants en 1932 et L’Amour fou de 1937 retracent la quête quotidienne du merveilleux. Selon lui, l’homme doit redevenir ce rêveur définitif que l’enfance promettait. En 1935, André Breton s’oriente vers une pensée libertaire, rejetant toute contrainte, qu’elle soit militaire, cléricale ou sociale. En 1938, André Breton organise la première « Exposition internationale du surréalisme à Paris. Pendant la Seconde Guerre mondiale, André Breton s’exile et rejoint New York, où il regroupe ses amis autour de la revue VVV. Il rentre à Paris en 1946 et multiplie les expositions collectives. 

Souffrant d’une insuffisance respiratoire, André Breton, principal théoricien du surréalisme, s’éteint à l’hôpital Lariboisière à Paris, le 28 septembre 1966. Il avait 70 ans. Sur sa tombe, décorée d’un octaèdre étoilé, est gravée l’épitaphe : Je cherche l’or du temps. 

INFOS PRATIQUES

Exposition Surréalisme – Centre Pompidou Musée d’art (niveau 6) – Place Georges-Pompidou, jusqu’au lundi 13 janvier 2025

Ouverture :
De 11h à 21h : le lundi, mercredi, vendredi, samedi et dimanche
De 11h à 23h : le jeudi
Fermeture le mardi

Réservation conseillée au 01 44 78 12 33 

100 ans surréalisme

Rappel : Trente-huit galeries du Comité des Galeries d’Art, le Centre Pompidou et l’Association Atelier André Breton proposent un Paris surréaliste avec une cinquantaine d’expositions pour célébrer le Centenaire du Surréalisme et donner un coup de projecteur sur les artistes de ce mouvement historique. D’autres lieux emblématiques du surréalisme parisien, tels que l’Hôtel de Bérulle dans le 7e arrondissement, le Studio 28 à Montmartre et une dizaine de librairies parisiennes participent également au centenaire du surréalisme… 

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Martine Gatti
Martine Gatti est une jeune retraitée correspondante de presse locale dans le pays de Ploërmel depuis bien des années.

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