La période hivernale est plutôt faste pour découvrir le deuxième roman de Christian Guay-Poliquin, Le poids de la neige, puisque celui-ci nous entraîne dans un petit village du Québec en plein cœur de l’hiver. Inutile de préciser que la dominante picturale du déroulement de ce roman – un vrai huis clos – est le blanc. Le blanc, encore le blanc… comme un linceul.
Dans Le poids de la neige, tout comme les deux protagonistes, le jeune homme revenu de l’Ouest canadien suite à une gigantesque panne d’électricité venu voir son père mourant et victime d’un accident de la route et Matthias, vieillard un peu rustre qui n’aspire qu’à pouvoir retrouver sa femme, nous sommes pris par cette météo qui interdit pratiquement tout mouvement et condamne nos deux personnages comme nous autres à une sorte de réclusion qui durera jusqu’au printemps.
Comme eux nous sommes tenus de vivre au rythme de cette neige qui ne cesse de s’amonceler et isole jour après jour, nuit après nuit et obligés de patienter.
Matthias, qui donne autant dans les soins prodigués au jeune homme (pacte passé avec ceux du village dont on peut tout redouter), dont la rémission sera longue, s’évertue à trouver de quoi assurer le chauffage quotidien de cette baraque que quelques habitants calculateurs leur ont confiée et s’échine à assurer le couvert quotidien car les denrées se font de plus en plus rares mais il va peu à peu se laisser approcher. Si la nature, sous la plus poétique et épurée de Christian Guay-Poliquin, s’avère sublime, loin de toute pollution, elle est tout autant hostile et ne laisse que bien peu de chances aux néophytes. Et les humeurs des deux protagonistes sont en parfaite adéquation avec les lieux, les ambiances : complexes, ambivalentes, oscillant entre méfiance, nécessité et entraide.
Le pods de la neige de Christian Guay-Poliquin est un écrit important sur l’échange au-delà du caractère taiseux des deux hommes, sur l’amitié naissante, sur le besoin de se soutenir dans l’épreuve. Du coup, quand l’un ou l’autre exprime un ressenti, il prend toute sa puissance. La vie est un partage permanent ou la fraternité occupe une part non négligeable. C’est peut-être ce que retiendront ces deux-là au terme d’un hiver plus que ” rigoureux “, ” éprouvant “, dans tous les sens sémantiques que l’on veut bien donner aux adjectifs.
C’est un roman dans lequel chacun, Matthias, le jeune homme ou le lecteur est invité à se surpasser. (un incontournable de la rentrée littéraire de ce début 2018).
Christian Guay-Poliquin Le poids de la neige, Éditions de l’Observatoire, 260 pages, Parution : janvier 2018, prix : 19,00 €. Prix France-Québec, Prix du Gouverneur général 2017, Prix littéraire des collégiens au Québec, Prix littéraire des lycéens AIEQ Suède-Estonie-UAB Barcelone
Actualité de l’UQAM (Université du Québec à Montréal) à propos du poids de la neige de Christian Guay-Poliquin : Dans une véranda cousue de courants d’air, en retrait d’un village sans électricité, s’organise la vie de Matthias et d’un homme accidenté qui lui a été confié juste avant l’hiver. Telle a été l’entente : le vieil homme assurera la rémission du plus jeune en échange de bois de chauffage, de vivres et, surtout, d’une place dans le convoi qui partira pour la ville au printemps. Les centimètres de neige s’accumulent et chaque journée apporte son lot de défis. Près du poêle à bois, les deux individus tissent laborieusement leur complicité au gré des conversations et des visites de Joseph, Jonas, Jean, Jude, José et de la belle Maria. Les rumeurs du village pénètrent dans les méandres du décor, l’hiver pèse, la tension est palpable. Tiendront-ils le coup ?