Dans l’ombre du XIXᵉ siècle, siècle de progrès et de révolutions, une silhouette énigmatique hante encore l’imaginaire collectif : la sorcière. Parée de mystères et de contradictions, elle traverse l’histoire comme une ombre fuyante, tantôt crainte, tantôt admirée. À l’occasion de son 40e anniversaire, le Musée de Pont-Aven exhume ces figures ensorcelantes à travers une exposition captivante. Du 7 juin au 16 novembre 2025, il révèle comment la peinture, la gravure et le dessin du XIXᵉ siècle ont figé leur sort sur la toile du temps. Au menu : Sorcières, fantasmes, savoirs et liberté (1860-1920).
Une métamorphose picturale : de la superstition au romantisme noir
Loin d’être une simple relique médiévale, la figure de la sorcière se réinvente au XIXᵉ siècle, trouvant dans l’effervescence artistique et littéraire de l’époque une nouvelle matière à métamorphose. Filles d’Hécate ou amantes du Diable, elles se glissent dans les visions hallucinées des artistes, inspirées par la redécouverte du Moyen Âge et du fantastique. À travers 30 œuvres prêtées par le Musée d’Orsay, l’exposition dévoile une galerie fascinante de femmes ensorcelées et ensorcelantes, oscillant entre le sublime et l’effroi.
Dans les compositions tourmentées de Goya, la sorcière est spectre, goule nocturne ou prophétesse du malheur, tandis que les visions romantiques de Delacroix ou d’Ingres la transforment en muse ténébreuse, silhouette diaphane émergeant d’un cauchemar gothique. Plus tard, les symbolistes et préraphaélites font d’elle une enchanteresse séductrice, une magicienne vénéneuse qui ensorcelle par sa beauté autant que par son savoir interdit.

La femme et l’interdit : entre transgression et émancipation
Mais au-delà de la fascination esthétique, cette figure du XIXᵉ siècle porte en elle un message bien plus profond, une tension souterraine entre oppression et liberté. À une époque où la femme est encore assignée à une place précise dans l’ordre social, la sorcière incarne une rébellion latente, un refus des carcans. Elle est celle qui sait, celle qui soigne, celle qui dérange.
Ainsi, les artistes ne se contentent pas de figer l’image de la sorcière en caricature ou en simple mythe ; ils y lisent un écho des luttes sociales et intellectuelles de leur temps. Les préjugés persistent, bien sûr, mais les contours s’estompent : cette femme à la lisière du sacré et du profane devient l’allégorie d’une puissance insoumise, d’un féminisme avant l’heure qui s’esquisse à travers l’art.
Infos pratiques :
Du 7 juin au 16 novembre 2025, Musée de Pont-Aven, Place Julia, 29930 Pont-Aven, France
Ouvert tous les jours de 10h à 18h
Tarifs :
Plein tarif : 8€
Tarif réduit : 5€ (étudiants, demandeurs d’emploi, seniors)
Gratuit pour les moins de 18 ans
Billetterie : réservation en ligne recommandée sur le site officiel du musée de Pont-Aven
Visites guidées disponibles sur réservation
Article connexe :