Qui ne se plante pas ne pousse jamais est le quatrième roman de Sophie Tal Men paru chez Albin Michel. En quelques années, les romans de la jeune neurologue sont devenus incontournables, comme un rendez-vous attendu du printemps. Albin Michel a eu du nez en misant sur cette auteure qui nous invite dans ses sagas sur les côtes bretonnes avec des personnages sortis de notre cuisine, que l’on croise dans les escaliers ou à la boîte aux lettres !
La force des romans de Sophie Tal Men, elle est là : la proximité, ce réel-là, les personnages, tous, quels qu’ils soient, appartiennent à notre entourage.
Jacqueline vient de passer les quatre-vingts ans, elle sait qu’elle n’en a plus pour très longtemps puisqu’atteinte par un mal incurable. Et ses plus proches de la soutenir, Margaux, sa petite-fille, et Alexandre, son petit-fils de cœur. Mais pas de pleurs, pas de lamentations sur son sort, Jacqueline va de l’avant et entend bien qu’il en sera ainsi même quand elle oubliera qui elle est. Pour l’heure, il lui tient à cœur que ses derniers tours de piste soient brillants. Elle sait, depuis toujours, que ses deux amours sont faits l’un pour l’autre ; elle va donc tout mettre en œuvre pour rassembler Margaux, à la tête d’une grande chocolaterie et qui se perd en voyages à travers le monde, en développant avec son père de nouvelles collections de chocolats raffinés pour oublier sa solitude, et Alexandre, qui termine son internat avant de reprendre peut-être un cabinet de médecin généraliste et qui lui aussi est seul… Il faudra se plonger dans ce roman aux mille couleurs pour savoir si la petite entreprise de Jacqueline trouvera le succès.
Si l’essentiel de l’histoire, comme il est de coutume chez Sophie Tal Men, se déroule en Bretagne, du côté de Fréhel, Jacqueline ne va pas s’interdire d’envoyer ses enfants à Cuba parce que la Caraïbe renferme quelques secrets qui font sens, parce que Cuba et sa musique sont propices aux rapprochements, parce Cuba est un bon moyen de lâcher prise et d’épouser d’autres trajectoires, parce que Cuba peut prouver que l’on peut changer l’ordre des choses et qu’on peut écrire sa propre histoire, même à deux.
D’aller-retour en aller-retour, les héros de ce roman choral s’approchent, s’aimantent, prennent de la distance, s’évitent, se craignent, se retrouvent, comme dans la vie. Les grandes thématiques universelles sont omniprésentes ; la vie, l’amour, la mort… Sophie Tal Men approche aussi avec délicatesse la fin de vie, les liens du cœur souvent plus puissants que les liens du sang, mais également le rôle que se forcent à jouer les femmes de pouvoir quand elles ont des ambitions et puis le bonheur de comprendre les lieux, les ambiances où qu’on soit… La Bretagne… Cuba… Et Londres pour un final tout en tendresse… Sans oublier non plus la place importante du chocolat dans nos quotidiens, tout autant que les proverbes de nos aïeux qui ne sont jamais des hasards….
À lire comme une gourmandise, comme le kalouga de Jacqueline qui caresse le palais !
Qui ne se plante pas ne pousse jamais, Sophie Tal Men, Paris, Albin Michel, 280 pages. Parution : 27 février 2019. Prix : 18,00 €.
Sophie Tal Men est neurologue à l’hôpital de Lorient. Qui ne se plante pas ne pousse jamais est son quatrième roman.
Sophie Tal Men est invitée par la librairie Le Failler (Rennes) le mercredi 27 mars pour une rencontre et dédicace.