Rennes 1720 ? Un magazine d’information dit pure player. Depuis un an, il brillait sur la toile rennaise par des qualités censées être celles de tout média : indépendance du pouvoir politique et traitement original, notamment datiste, des sujets présentés aux lecteurs. Son rédacteur en chef, Julien Joly, a décidé pour différentes raisons de faire une pause. En espérant qu’elle ne sera qu’une mue.
Emmené par un rédacteur en chef au calme asiatique, féru de culture japonaise et aux yeux aimablement magnétiques, un homme de conviction et d’une honnêteté profonde qui était secondé par la photographe Gwenn Chenebaud, Rennes 1720 aura tenu un an. Julien Joly aura réussi à rassembler une petite dizaine de contributeurs autour d’un projet éditorial participatif indépendant et fonctionnant sur le ternaire : journalistes, experts et lecteurs. Plus de 300 sujets ont contribué a traité l’actualité rennaise sous un nouveau jour. Rennes 1720 aura ainsi contribué à renouveler les pratiques journalistiques et pédagogiques à destination de tous les publics, notamment scolaires.
Alors pourquoi ? Outre des raisons de convenance personnelle, outre la possibilité de participer dans quelques mois à une nouvelle aventure éditoriale englobant toute la Bretagne, le fait d’être chaque mois à vérifier que les comptes sont à l’équilibre épuise. Ne nous voilons pas les yeux : quelle que soit la passion qui vous anime, travailler bénévolement ou gagner une misère ne peut constituer une solution, qui plus est si vous êtes en ménage, voire avec des enfants. Pourtant c’est ce à quoi notre profession est confrontée en France.
Cette France qui s’étiole chaque jour un peu plus jusqu’à devenir un musée exotique de sa splendeur passée et d’un modèle d’intelligence falsifié. Cette France qui voit l’État verser des centaines de millions d’euros aux groupes de presse les plus connus tandis que certaines mairies abreuvent de centaines de milliers d’euros des journaux institutionnels ou/et à sa botte. Résultat : tout est fait pour tuer dans l’œuf toute velléité de renouveler la pratique journalistique et redonner sens au pluralisme de l’information. Tout est fait pour empêcher que de nouveaux projets éditoriaux puissent venir stimuler et redorer l’image dégradée de la presse française.
Pour nous, quand un jeune magazine local de qualité disparait, c’est toute la presse intelligente qui est en deuil. Rennes 1720 est mort, vive Rennes 1720 !