Rennes. GLAZ Festival vous invite en chambre obscure les 26, 27 novembre et 7 décembre

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Avec GLAZ Festival, la photographie déborde du cadre des expositions. À Rennes, trois séances de cinéma viennent prolonger la programmation du festival en questionnant, chacune à sa manière, notre rapport aux images : mémoire ouvrière, chronique sociale acide de l’Angleterre tatchérienne, portrait d’une artiste engagée contre un scandale sanitaire mondial.

Les 26 et 27 novembre puis le 7 décembre 2025, Archives départementales, cinéma L’Arvor et Champs Libres accueillent tour à tour ces projections en partenariat avec GLAZ Festival. Trois rendez-vous pour voir comment le cinéma raconte la photographie – et comment la photographie, en retour, éclaire nos sociétés.

Mercredi 26 novembre
Les Archives Départementales – Auditorium – 18H30

Bons Baisers des grèves, Documentaire de Philippe Baron (France/2025) – 52’

Le mercredi 26 novembre à 18h30, l’auditorium des Archives départementales d’Ille-et-Vilaine accueillera la projection exceptionnelle du documentaire Bons Baisers des grèves, réalisé par Philippe Baron. La séance, libre et gratuite, sera suivie d’une rencontre avec le réalisateur – l’occasion idéale de s’immerger dans une période de l’histoire sociale française encore méconnue, mais dont les résonances contemporaines demeurent frappantes.

Un film qui exhume une mémoire oubliée : les cartes postales des luttes sociales (1905-1912)

Entre 1905 et 1912, la France traverse un bouillonnement social d’une intensité rarement égalée. Plus de mille grèves par an éclatent à travers le pays : Limoges, Courrières, Fougères, Roubaix, Longwy… Les ouvriers revendiquent de meilleurs salaires, l’application des lois interdisant le travail des enfants, des conditions d’hygiène dignes, ou encore la réduction du temps de travail. C’est une période où toutes les grandes industries – de la porcelaine à la métallurgie, du textile à la chaussure – sont touchées.

C’est dans cette France industrieuse en colère qu’un photographe anonyme parcourt les villes et les usines pour documenter les grèves grâce à un média alors en pleine explosion : la carte postale illustrée. Selon le dossier de presse du film, ces cartes constituent « les premiers balbutiements d’un photojournalisme social », permettant une diffusion rapide d’images authentiques : manifestations, barricades, meetings, soupes populaires, prises de parole syndicales, répression militaire, enterrements de militants.

Une enquête historique portée par un narrateur fictionnel

Pour donner chair à ces milliers d’images, Philippe Baron imagine un personnage fictif : Gustave, photographe de 25 à 30 ans, témoin et chroniqueur de cette France en lutte. Incarné à l’écran par Louis Berthélémy, il traverse les conflits sociaux comme un reporter d’avant l’heure, appareil à plaques sous le bras. Ce dispositif lui permet d’articuler deux voix :

  • celle de Gustave, immergée dans l’action, écrite comme un journal de bord du début du XXᵉ siècle ;
  • celle du réalisateur lui-même, plus analytique, dévoilant sa méthode d’enquête et la collecte de plus de 3 000 cartes postales, dont 400 apparaissent dans le montage final.

Des séquences tournées en studio sur fond vert montrent le photographe en train de composer ses images, d’ajuster ses plaques, de fuir une charge de cavalerie ou de monter dans un train à vapeur. Elles restituent la prouesse technique et la patience qu’exigeait la photographie documentaire en 1905.

En ressuscitant ces visages anonymes surgis du passé, le film incarne la mémoire ouvrière. Hommes, femmes, enfants : tous ont contribué à conquérir les droits dont nous bénéficions encore aujourd’hui. Ils semblent nous regarder et demander : « Et vous, où en êtes-vous des droits sociaux ? »

Informations pratiques :

  • Date : Mercredi 26 novembre 2025
  • Horaire : 18h30
  • Lieu : Auditorium des Archives départementales d’Ille-et-Vilaine
    1 rue Jacques-Léonard – 35000 Rennes
  • Entrée : Libre et gratuite dans la limite des places disponibles
  • Durée : 52 minutes
  • Rencontre : Échange avec Philippe Baron

Jeudi 27 novembre
Cinéma L’Arvor – 20H15

Rita, Sue and Bob too !
Fiction d’Alan Clarke (GB/1987) – 1h33

Dans un quartier défavorisé du Nord de l’Angleterre, deux adolescentes entament une liaison avec leur employeur, plus aisé. Une chronique grinçante autour d’un ménage à trois sur fond de tensions sociales.

Rita, Sue and Bob too est une comédie acide sur l’Angleterre tatchérienne. Proche de Meantime de Mike Leigh, elle dresse le portrait d’une jeunesse désorientée et d’une société fracturée entre nouveaux pauvres et nouveaux riches. Le film emprunte également aux comédies sexuelles anglaises très populaires dans les années 70.

Critique sociale et libération sexuelle se mêlent dans un récit satirique qui frappe au cœur d’une époque délétère. Le film n’évite aucun sujet – pauvreté, racisme, alcoolisme, violence conjugale, pruderie – mais les traite avec un humour narquois, celui de deux héroïnes qui rient de tout, y compris de leurs propres mésaventures.

Rita, Sue and Bob too reste un film libertaire et anarchique, à l’image de son réalisateur Alan Clarke. Sa fin, amorale, achève de clore ce portrait décapant d’une jeunesse qui refuse de rentrer dans les cases.

En partenariat avec Clair Obscur

Dimanche 7 décembre
Les Champs Libres – Auditorium – 16H00

Toute la beauté et le sang versé
Documentaire de Laura Poitras (France/2023) – 1h57

Nan Goldin a révolutionné l’art de la photographie et réinventé la notion de genre comme les définitions de la normalité. Le film nous conduit au cœur des combats artistiques et politiques de cette activiste infatigable.

Connue pour ses portraits sur le vif d’Edward Snowden (Citizenfour) ou Julian Assange (Risk), Laura Poitras explore ici la vie et l’œuvre de Nan Goldin, figure mythique de l’underground américain et Lion d’or à la Mostra pour ce film.

Le documentaire mêle évocation biographique et enquête militante, détaillant notamment la lutte de Goldin contre les Sackler, richissime famille au cœur du scandale des opioïdes. Leur antidouleur, l’OxyContin, est accusé d’avoir causé une crise sanitaire majeure aux États-Unis.

En partenariat avec le Musée de Bretagne

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