Rennes. Des élèves de 2nde simulent une conférence climatique au lycée Pierre Mendès France

simulation cop lycée pierre mendes france
Gaspard, Racky, Juliette, Éléa, Margot, Avelig, Lubna et Antoine.

À l’initiative de deux professeurs du lycée Pierre Mendès France, une classe de seconde a participé à une simulation de conférence climatique (COP), mercredi 28 mai 2025. La rédaction d’Unidivers est allée à la rencontre des lycéens afin qu’ils nous racontent cette expérience pédagogique originale.

Mercredi 28 mai, de 10 h à 12 h, un débat singulier se jouait dans une salle du lycée Pierre Mendès France à Rennes. Les élèves de la classe de 2nde GT2 ont participé à une simulation de conférence climatique (COP). Cette activité constituait l’aboutissement d’un travail préparatoire mené depuis les vacances de Pâques par Hélène Le Guillou, professeure de Sciences économiques et sociales (SES), et Thomas Hamard, professeur d’Histoire-Géographie.

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Le projet de simulation a été réalisé à partir d’un kit pédagogique conçu par l’Agence française de développement (AFD), disponible en ligne. Si certains lycéens étaient déjà sensibilisés au sujet grâce à des actions menées dans le cadre scolaire, d’autres le sont grâce à leur famille. « On en est tous conscients parce qu’on nous en parle depuis longtemps, mais en France, on n’est pas si impactés, donc on ne s’implique pas dans la lutte au quotidien », introduit Loubna.

Après avoir effectué un travail pour comprendre ce que sont les Conférences des Nations unies sur les changements climatiques, les élèves se sont répartis par binômes et ont choisi un pays à représenter. « C’était un peu une course contre la montre. Les gens ont plus tendance à aller vers un pays développé ; les autres pays sont partis après », continue-t-elle. Racky ajoute : « Je viens du Sénégal, donc j’ai voulu travailler sur ce pays ». Au total, douze pays ont été traités : Île Maurice, Îles du Vanuatu, Brésil, Chili, Chine, Émirats arabes unis, États-Unis, France, Haïti, Mexique, Russie et Sénégal.

Chaque duo s’est documenté sur la situation, les priorités et les engagements climatiques de son pays afin d’en défendre les intérêts pendant la simulation. « On a cherché ce qui était déjà mis en place et ce qui pouvait être amélioré », précise Gaspard. Le lycéen représentait les États-Unis et avoue avoir été choqué par la consommation de la population : 18 tonnes par habitant et par an.

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Travailler sur différents pays au développement variable a permis de comprendre concrètement les enjeux du dérèglement climatique et les réalités de certains d’entre eux. Loubna a particulièrement été marquée par les conditions sociales de la population d’Haïti : « Les gens n’ont pas de maison, il n’y a pas d’hôpital et pas d’école. Le pays est littéralement gouverné par des gangs. » Antoine, lui, a été étonné par les émissions de gaz à effet de serre en Russie. « Je ne m’attendais pas à ce que la majorité de ses émissions soit autant due à l’extraction des énergies fossiles. » Les Émirats arabes unis, quant à eux, sont le neuvième plus gros producteur de pétrole, nous apprend Éléa : « Le pétrole est la base de l’économie là-bas, le pays ne peut pas se permettre d’arrêter ».

« Je ne pensais pas que le Sénégal était autant touché par le dérèglement climatique, qu’il était en situation d’urgence et qu’il ne pouvait plus attendre », Avelig

Après les recherches, chaque délégation a dû se positionner sur plusieurs objectifs à négocier pendant la COP. « Ce travail a permis d’aborder le programme d’histoire, comme le fonctionnement des négociations internationales, autrement », souligne Hélène Le Guillou. « Pendant la préparation, des alliances se sont formées entre les pays. En fonction du niveau de développement, des groupes se sont mis d’accord sur les objectifs communs qu’ils visaient. »

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Le jour de la simulation, chaque binôme a présenté un discours pour exposer les attentes et priorités de son pays. « Chaque pays a ses objectifs et une économie différente, donc ils ont chacun des choses à défendre », précise Gaspard. Les discussions ont permis de débattre et de négocier les objectifs à intégrer dans un texte commun, dans le but de maintenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 °C d’ici à 2100. « Je me suis rendue compte que c’était très dur de se mettre d’accord, ça m’a permis de mieux comprendre pourquoi les débats pendant la COP étaient compliqués », avoue Avelig. Les élèves ont été répartis en deux groupes de travail, chaque pays y étant représenté : l’un dédié à l’adaptation au changement climatique, l’autre à l’atténuation de ses effets. « C’était parfois intimidant », dit honnêtement Antoine. « Quand on essaie de négocier, mais que la personne en face surenchérit et continue d’argumenter. C’est difficile d’être à l’aise, on ne sait plus comment faire pour ne pas perdre le débat. »

Si les lycéens avouent avoir été effrayés par certaines informations, ils souhaitent faire de cette expérience un moteur. « Ce serait bien que d’autres lycées l’organisent. Ça permet aux jeunes de donner leur avis et de proposer des choses en fonction de ce qu’ils savent », exprime Antoine. Gaspard conclut : « On est directement touchés par le sujet, ça donne envie d’agir. »

En quittant la salle, on garde en tête l’intensité des débats, la sincérité des échanges, et surtout cette étincelle dans les regards de jeunes qui, pour un instant, ont pris les rênes du monde. En réponse l’urgence climatique, ils n’ont ni cynisme ni renoncement, mais une volonté claire : comprendre, dialoguer, agir. Ce que cette simulation a semé, c’est peut-être plus qu’un savoir : une conscience. Et si ces élèves, demain, devenaient les véritables artisans d’un avenir soutenable ? À écouter leurs mots, leur lucidité, leur courage, on se surprend à y croire. C’est sans doute là, dans ces initiatives scolaires discrètes mais puissantes, que germe encore l’espoir.