Rennes. Dans l’objectif de la styliste culinaire Anne-Sophie Lacharme

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Anne-Sophie Lacharme Styliste culinaire Rennes
Crédit photo : Kri Stinn

En photo, un burger semble parfait entre la feuille de salade bien verte, la tranche de tomate fraîche rebondie, le fromage coulant qui appelle au crime et le steak bien grillé qui brille : c’est du moins l’objectif d’Anne-Sophie Lacharme, styliste photographe culinaire. Son métier : photographier et rendre un plat le plus appétissant possible.

Anne-Sophie Lacharme est photographe et styliste culinaire. Annonceurs, agences, professionnels de l’hôtellerie, de la restauration ou des entreprises alimentaires font appel à elle pour photographier leurs produits. Mais son métier ne s’arrête pas à la photographie : elle met en scène les produits à l’image d’une scénographe, va même jusqu’à construire son décor et cuisiner ou imaginer des recettes. À travers ses visuels gourmands, elle retranscrit la matière, le goût et les gestes culinaires, parfois avec quelques astuces pour une communication plus percutante.

anne sophie lacharme
Crédit photo : Kri Stinn

Passionnée de cuisine, elle créé son blog culinaire en 2011. C’est en 2018 qu’elle quitte son poste de responsable qualité dans l’agroalimentaire pour se reconvertir dans le stylisme culinaire. Après un an et demi en tant qu’assistante, elle lance son auto-entreprise même si le Covid ralentit son élan. C’est pendant le confinement qu’elle se perfectionne en autodidacte à la photographie, et qu’elle acquiert le statut d’artiste auteur. « Il faut avant tout savoir cuisiner, mettre en scène et composer des assiettes » Pour ce faire, Anne-Sophie Lacharme puise ses inspirations dans les magazines, les recettes, les restaurants, les voyages et suit les tendances des réseaux sociaux. 

Ses clients peuvent lui donner comme mission d’imaginer une recette ou bien lui indiquent une fiche technique à suivre. Les recettes sont élaborées en studio ou en amont de la journée de production chez elle. « Ça m’est déjà arrivé de cuisiner des homards et des langoustines chez moi et de les amener jusqu’en Bourgogne pour le shooting », raconte t-elle. Pour des publicités, livres de cuisine, chefs, marques ou restaurants, ses photos subliment chaque plat ou produit. « Les gens ne se rendent pas compte du travail qu’il y a derrière, du temps et du nombre de personnes qu’il faut pour une photographie. » Une journée de production représente en moyenne 7 à 8 personnes mobilisées. Son plus gros projet représentait 30 personnes comprenant mannequins, réalisateurs, photographes, maquilleurs et décorateurs rassemblés pendant deux jours.

Les séances sont longues, mais s’expliquent. Il faut par exemple une heure pour réaliser le montage d’un burger car chaque steak, feuille de salade et morceau de tomate sont castés, disposés avec des cales, puis retouchés si besoin pour que le burger soit visuellement prêt à être photographié. Et pour arriver à cette perfection, la styliste à plus d’un tour dans son sac ! Son équipement contient des couteaux bien affûtés, des pinces à épiler, des pinceaux, des mandolines, des décapeurs thermiques, des cotons tiges ou encore de l’arôme Patrelle pour donner l’illusion d’une viande bien grillée.

Tel une metteuse en scène, la styliste dispose ses assiettes dans un décor et calcule au millimètre près la place de chaque élément. Elle dessine en amont ses créations et va même jusqu’à fabriquer ses propres décors. « On m’a déjà demandé de trouver un fond gris, texturé et de matière brute. Je n’avais rien chez moi alors j’ai acheté du matériel dans un magasin de bricolage et j’ai coulé du ciment. Ça faisait l’affaire ! » Des astuces comme celle-ci, Anne- Sophie en regorge. À la différence des stylistes culinaires anglo-saxons, elle utilise exclusivement des alternatives comestibles pour ses plats : « Après plusieurs essais, j’ai par exemple trouvé la recette parfaite de glace McFlurry qui ne fond pas, car un shooting dure des heures en plus de la chaleur des projecteurs. Pendant que d’autres s’en remettent à la mousse à raser, je préfère me servir de vrais produits alimentaires qui donnent une illusion parfaite. » Et cela demande de bien connaître les aliments. « Au bout de quelques heures, la viande sèche ou la roquette flétrit, c’est donc aussi un jeu de rapidité à maîtriser », explique la styliste.

Son métier l’amène aussi à aller chercher des matériaux, des objets ou de la vaisselle pour enrichir son décor et habiller ses plats. Chez elle, une pièce de 60 m2 est dédiée aux assiettes : près de 2000 pièces provenant de magasins d’art de vivre, de créateurs ou chinées sur des brocantes. Ainsi, à la demande de ses clients, Anne-Sophie peut aller piocher dans son trésor. « On peut me demander l’impossible : une assiette blanche de 20 cm de diamètre, mate, sans fond et avec des rebords droits, je l’aurai sans aucun doute chez moi. » Pour un plat à photographier, une vingtaine d’assiettes différentes lui est nécessaire pour faire des essais. « Il est important de prévoir le maximum d’alternatives si un décor ne fonctionne pas, car chaque détail compte. » Prochainement, elle finira une série de photos sur le thème de Noël commencée en juillet : « J’ai dû trouver un sapin de deux mètres, des cèpes et des potimarrons en plein été, et j’ai réussi ! »

Le projet le plus atypique a été de reproduire la maison de Champagne Bollinger en biscuit. Avant le shooting réalisé à Paris, il lui a fallu tester chez elle les meilleures recettes pour que le biscuit tienne et éviter l’effondrement. Parmi les consignes, la maison devait comporter les quatre cheminées, les deux escaliers existants et faire 40 cm de hauteur. Le vitrage a lui aussi été reproduit à l’aide de gélatine. À la question : les plats sont-ils mangés ou jetés ? Anne-Sophie répond : « L’objectif n’est pas de jeter sauf si c’est resté trop longtemps sous les projecteurs. On a parfois hâte de finir une séance photo pour goûter les créations ! »

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Crédit photo : Morgane Coster

Anne-Sophie Lacharme compte voyager prochainement à Londres pour y trouver de nouvelles inspirations visuelles et gustatives. Elle a déjà réservé une table chez Yotam Ottolenghi, célèbre chef de la capitale britannique.

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Crédit photo : Anne-Sophie Lacharme

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