Depuis la fermeture de l’ancien cinéma Gaumont en 2019, quai Duguay-Trouin à Rennes, l’édifice est resté désespérément vide. En 2021, le groupe Ferré Hôtels, fleuron rennais de l’hôtellerie indépendante dirigé par Didier Ferré, en a fait l’acquisition avec un projet clair : transformer ce lieu symbolique du centre-ville en un établissement haut de gamme. Mais depuis quatre ans, le chantier reste à l’arrêt. Pourquoi ce blocage ? Et où en est réellement ce projet hôtelier ?
Un projet d’hôtel 4 étoiles ambitieux
Le groupe Ferré Hôtels, fondé en 1993 à Rennes, est aujourd’hui à la tête d’un empire hôtelier de plus de 90 établissements en France, principalement sous les enseignes Best Western, The Originals ou Kyriad Prestige. L’idée, ici, était de faire de l’ancien Gaumont un hôtel 4 étoiles de 80 à 100 chambres, avec rooftop, spa, salle de séminaire et restaurant bistronomique ouvert sur la ville. Un projet calibré pour s’intégrer dans le renouveau de ce secteur urbain, en plein-centre à trois pas de la gare, de la promenade du mail François-Mitterrand, et du futur quartier d’affaires EuroRennes.

Un terrain miné par les recours
Mais entre l’idée et la réalisation, les embûches n’ont pas manqué. Plusieurs recours ont été déposés contre le permis de construire, notamment par des riverains et des associations, au motif que l’hôtel dénaturerait le paysage urbain, affaiblirait l’offre culturelle, et poserait des problèmes de circulation dans un quartier déjà très dense. L’enjeu est aussi symbolique : certains rennais regrettent la disparition définitive d’un lieu culturel pour le remplacer par une offre commerciale. En mars 2024, le tribunal administratif a finalement donné raison au promoteur, validant le permis de construire modifié. Un soulagement pour Ferré Hôtels, mais pas encore une garantie de pouvoir lancer les travaux. Il est attaqué par un groupe de copropriétaires situé à l’arrière place du calvaire devant le Conseil d’État, la plus haute juridiction administrative. La décision attendue devrait mettre fin aux recours.
Un quartier sous tension, un enjeu stratégique
Ce secteur du quai Duguay-Trouin fait l’objet de toutes les convoitises urbanistiques. À proximité, plusieurs projets sont en cours ou à l’étude : reconversion d’anciens immeubles tertiaires, extensions de logements, restructuration du Palais du Commerce… La mairie de Rennes, tout en étant favorable au projet Ferré dans son principe, veille à ce qu’il s’insère harmonieusement dans la dynamique du centre-ville, notamment en matière de mobilité, de patrimoine (alors que la mairie n’est pas exemplaire en matière d’harmonie architecturale comme le rappelle, notamment, le bâtiment construit au-dessus de la bouche de métro place Saint-Germain), et d’équilibre des fonctions urbaines.
Malgré les obstacles, Didier Ferré reste déterminé. Celui qui a bâti sa fortune en partant de l’agroalimentaire — il dirigeait une entreprise de salaison avant de se tourner vers l’hôtellerie — ne compte pas céder. À 70 ans, il ambitionne de laisser un marqueur fort dans sa ville natale. Pour cela, il peut compter sur la solidité financière de son groupe, qui emploie entre 1500 et 2000 personnes en France et continue d’investir dans des établissements en Bretagne, à Nantes, Le Mans ou Vannes.
Si la prochaine décision est favorable, le chantier pourrait démarrer en 2026. L’ancien Gaumont, témoin d’une époque révolue, céderait alors la place à un nouveau chapitre du centre-ville rennais. Reste à savoir si l’hospitalité saura faire oublier la nostalgie du grand écran. A moins que le futur hôtel reste cinématographique…
Ce qu’il faut retenir :
- Lieu concerné : ancien cinéma Gaumont, quai Duguay-Trouin, Rennes
- Projet : hôtel 4 étoiles avec rooftop et services haut de gamme
- Porteur : groupe Ferré Hôtels, 1er groupe hôtelier indépendant français
- Blocages : recours administratifs, enjeux urbanistiques
- Dernier point juridique : permis validé en mars 2024, en attente de l’arrêt du Conseil d’Etat
- Objectif d’ouverture : au plus tôt fin 2026
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