Nouvelle année, nouvelle rentrée littéraire. L’année 2020 commence avec quelques bons romans de nos meilleurs auteurs français et de belles surprises en littérature étrangère.
Jean Echenoz se fait rare et un tout nouveau roman est un événement. Vie de Gérard Fulmard (Éditions de Minuit, 3 janvier 2020) est un roman noir, drôle et surprenant dans lequel d’étranges événements surviennent au coeur du seizième arrondissement de Paris. Gérard Fulmard a été licencié pour faute de son poste de steward. Comment ce quarantenaire se retrouve-t-il homme de main d’un obscur petit parti politique ?
Marcus Malte sait aussi se faire désirer. Après plusieurs succès dans le domaine du roman noir, il a reçu en 2016 le prix Femina pour Le garçon (Zulma, août 2016), un roman d’initiation poétique et hypnotique. Avec Aires (Zulma, 3 janvier 2020), l’auteur pose un regard caustique et percutant sur les dérives de notre société. Plusieurs personnages sont sur une autoroute, chacun isolé, perdu dans ses pensées. Leurs destins vont immanquablement finir par se croiser. Une fois de plus, Marcus Malte combine violence et tendresse dans un style d’une grande pureté.
Sandrine Collette vient elle aussi du roman noir. Au fil de ses parutions et fidèle à ses thèmes de prédilection, l’auteure travaille incessamment la singularité de ses environnements. Et toujours les forêts (JC Lattès, 2 janvier 2020) saura une fois de plus émouvoir et surprendre le lecteur. Corentin, jeune garçon abandonné par sa famille est élevé par la vieille Augustine dans un village cerné de forêts hantées. Elle nous plonge ici dans un monde post-apocalyptique où chacun doit lutter pour sa survie.
Avec Otages (JC Lattès, 2 janvier 2020), Nina Bouraoui dresse le portrait d’une femme magnifique. Une femme banale, a priori, cinquantenaire, supporte sans pleurer le départ de son mari, les exigences de son patron jusqu’au jour où l’injustice, la violence du monde devient insupportable. Elle ne peut renaître que dans la révolte.
Nombre de ses romans ont fait l’objet d’adaptations cinématographiques. Le célèbre écrivain anglais, Ian McEwan propose une uchronie en explorant le danger de créer ce que l’on ne peut maîtriser. Si dans Une machine comme moi (Gallimard, 9 janvier 2020) nous sommes à Londres en 1982, les choses sont un peu différentes. Alan Turing est toujours en vie et travaille sur l’intelligence artificielle. Arthur fait alors l’acquisition d’un androïde terriblement humain qui tombe amoureux de sa femme. Le trio est plongé dans une Angleterre bouleversée. L’impossibilité de l’androïde a accepter le mensonge va compliquer la vie de ce ménage à trois. Un roman subtil et subversif non dénué d’humour qui pose une question fondamentale « Si nous construisions une machine qui puisse lire dans nos cœurs, pourrions-nous vraiment espérer qu’elle aime ce qu’elle y trouve ? »
Salvatore Scibona, natif de l’Ohio, faisait déjà partie des finalistes du National Book Award avec son premier roman. Grande fresque américaine, Le volontaire (Christian Bourgois, 9 janvier 2020) explore sur plusieurs générations la nature des relations filiales. À Hambourg, en 2010, un jeune garçon est retrouvé, traumatisé, dans les toilettes de l’aéroport. Son histoire nous transporte sur un autre destin, celui de Vollie Frade, un homme âgé aux lourds secrets. Balayant plusieurs décennies de l’histoire américaine, ce roman trace le portrait de marginaux inoubliables.
Place à un premier roman. Sugar run (Gallmeister, 3 janvier 2020) s’annonce comme un véritable page-turner grâce à une intrigue rythmée et une écriture remarquable. Jodi McCarthy, initialement condamnée à perpétuité, vient d’obtenir sa liberté conditionnelle. Avant de retourner dans les Appalaches, Jodi doit faire face à son passé afin de tenir une promesse. En route vers le Sud, elle rencontre Miranda, une jeune mère désemparée qui fuit son mari. Ce premier roman de Mesha Maren est l’histoire brûlante de deux femmes qui aspirent à une nouvelle vie dans un monde sans pardon.
Pour les amateurs de romans noirs, Gilles Sebhan revient avec un récit cauchemardesque dans lequel le lieutenant Dapper se trouve confronté au drame de son enfance et où un tueur en série revient régler ses comptes. Feu le royaume (Le Rouergue, janvier 2020), dans une terrifiante charade de meurtres et d’enlèvements ne laisse aucun répit à ses lecteurs.
Benjamin Myers, auteur anglais, a reçu le Prix Polars Pourpres Découverte en 2018 pour son premier roman. Noir comme le jour (Seuil, 9 janvier 2020) s’inspire de faits réels qui ont traumatisé le West Yorkshire dans les années 1930. Une ancienne actrice de porno est retrouvée assassinée dans une ruelle d’une petite ville industrielle. Et ce n’est que le début d’une longue série. Le journaliste Roddy Mace et l’inspecteur James Brindle ne croient pas à la culpabilité de l’idiot du village, bouc émissaire trop facile.
En version poche, ne ratez pas Le lambeau (Folio, 3 janvier 2020) de Philippe Lançon. Gravement blessé lors de l’attentat en 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo, l’auteur se confie sur son ressenti et son parcours de reconstruction. Ce roman paru en 2018 a reçu de nombreux prix littéraires.
Autre monument littéraire, 4321 (Babel, janvier 2020). Paul Auster, avec cet ample et ambitieux roman, renouvelle et détourne brillamment le genre du roman initiatique en le confrontant à l’Histoire du XXe siècle.
Avec ce petit panorama, nous vous adressons tous nos voeux de belles lectures.