À côté de la traditionnelle rentrée littéraire, les ouvrages de poche font aussi leur retour. Il y’en a vraiment pour tous les goûts à moindres coûts. Faites votre choix.
Commençons ce recensement par l’édition en Folio d’un des plus grand romanciers du XXIe siècle, l’Islandais Jon Kalman Stefansson et son dernier ouvrage paru en France : Asta (1). Si vous ne connaissez pas cet auteur, partez à sa découverte avec ce titre dans lequel il dévoile son immense talent. À travers l’histoire de Sigvaldi et d’Helga puis, une génération plus tard, celle d’Ásta et de Jósef, il nous offre un superbe texte, lyrique et charnel, sur des sentiments plus grands que nous et des vies qui s’enlisent malgré notre inlassable quête du bonheur. Le tout dans une nature partie prenante de nos vies. Indispensable.
Sorti en édition brochée avec un grand succès, l’habituée des tirages importants, Delphine de Vigan et Les loyautés (2) devraient connaître la même réussite en petit format, tant l’autrice compte désormais un lectorat fidèle. Avec ce roman qui nous confronte à la maltraitance enfantine elle entame son auscultation des travers de nos sociétés qu’elle a poursuivi cette année avec Les Gratitudes.
Autre habitué des succès, le prolixe Serge Joncour est cette fois encore à l’affiche avec son excellent roman Chien-Loup (3). Parfois désarçonnant cet épais livre oscille entre conte et récit contemporain mettant comme chaque fois chez cet auteur, l’amour au paroxysme de l’écriture. Un OVNI littéraire à découvrir un an jour pour jour après son édition brochée.
Clara Dupont-Monod, présélectionnée malheureuse pour de nombreux prix avec La Révolte (4) pourrait rencontrer un public encore plus large. Avec ce roman historique l’écrivaine prend la plume de Richard Coeur de Lion pour raconter les relations avec sa mère Aliénor d’Aquitaine qui pousse ses trois enfants à la rébellion contre le roi d’Angleterre. Une écriture remarquablement ciselée pour un sujet tout public.
Qui a tué mon père (5) d’Édouard Louis avait fait polémique lors de sa première édition. Évoquant son père l’auteur d’Eddy Bellegueule mêle ici souvenirs et considérations politiques parfois violentes. Un titre sans point d’interrogation, car l’auteur apporte ses réponses à ce qui pourrait être une question. À lire pour vous faire votre propre avis.
Aussi politique est le roman de Jodi Picoult Mille petits riens (6) qui traite de la discrimination raciale. Ruth Jefferson est sage-femme depuis plus de vingt ans. C’est aussi la seule Afro-Américaine de son service. Le jour où un couple de suprémacistes blancs demande à ce qu’on lui interdise tout contact avec leur bébé, Ruth est choquée de voir sa hiérarchie accéder à leur requête. Quand le nourrisson décède quelques jours plus tard, c’est elle qui est pointée du doigt. Un texte qui résonne avec ampleur à la lueur des évènements récents. Salutaire.
Terrain connu avec Régis Jauffret et ses cultissimes Microfictions II . 2018 (7). On pourrait presque évoquer le terme de « Classiques » pour ce deuxième opus publié plus de 12 ans après le premier volume. Cinq cents petites histoires classées alphabétiquement qui confrontent et juxtaposent le banal de vies ordinaires dérapant finalement en faits divers. Une vraie photographie d’une humanité en proie au désespoir qui a obtenu le Goncourt 2018 de la nouvelle.
Les éditions de poche permettent aussi de ressortir des ouvrages majeurs d’auteurs reconnus. Une manière de remettre au goût du jour des textes plus ou peu disponibles. Éric Reinhardt bénéficie ce mois-ci d’un traitement de faveur avec la réédition de deux textes essentiels de sa bibliographie : Cendrillon (8) et La Chambre des Époux (9).
Publiés initialement en 2007 et 2017 ces deux livres s’entrecroisent puisque il y a deux ans dans ce dernier roman Éric Reinhardt s’est inspiré de ce qu’il a lui même vécu pendant qu’il écrivait son roman Cendrillon. Nicolas, une quarantaine d’années, est compositeur de musique. Un jour, sa femme Mathilde apprend qu’elle est gravement malade. Alors que Nicolas s’apprête à laisser son travail en plan pour s’occuper d’elle, Mathilde l’exhorte à terminer la symphonie qu’il a commencée. Ce combat conjoint s’insère dans une réflexion sur la puissance de la beauté, de l’art et de l’amour. Deux livres indissociables … aujourd’hui.
Quelques frissons pour terminer. Est-ce utile d’évoquer la parution en poche du tome 5 de Millénium : La Fille qui rendait coup pour coup ? (10) Peut-être pour les lecteurs partis depuis plusieurs mois sur une autre planète, mais qui ne peuvent ignorer que David Lagercrantz a succédé à Stieg Larsson. Succès garanti pour ce classique du polar où Lisbeth est partie à Moscou. Une série publiée à plus de 100 millions d’exemplaires traduite en 25 langues.
Presque aussi célèbre, l’écrivain Jo Nesbo et son flic Hary Hole dont les aventures deviennent de plus en plus sanglantes et terrifiantes. Avec La soif (11), onzième enquête de l’inspecteur désormais instructeur, un tueur prédateur s’en prend aux femmes dont il boit le sang. Un criminel qui a peut-être un lien avec un lointain passé. Passionnant.
Pour terminer logiquement un polar qui connut un grand succès lors de sa parution à la rentrée littéraire 2018: Héléna (12) de Jérémy Fel. Un récit à la frontière du conte et du cauchemar. Une maison hantée. Trois enfants. Une mère prête à tout pour venger ses enfants. Des ingrédients d’un épais ouvrage qui vous donnera la chair de poule. Idéal avant de rentrer dans l’automne.
Bonnes lectures.
(1) Folio. Sortie le 5 septembre.
(2) Livre de Poche. Sortie le 28 août.
(3) J’ai Lu. Sortie le 21 août.
(4) Livre de Poche. Sortie le 21 août.
(5) Points. Sortie le 5 septembre.
(6) Babel. Sortie le 4 septembre.
(7) Folio. Sortie le 22 août.
(8) Folio. Sortie le 5 septembre.
(9) Folio. Sortie le 5 octobre.
(10) Babel Noir. Sortie le 22 août.
(11) Folio policier. Sortie le 15 août.
(12) Rivages Poche. Sortie le 21 août.