Rennes. Richard III de Shakespeare agilement manipulé par Yoann Pencolé

Richard III

Yoann Pencolé propose sa version de Richard III, dernière pièce de la tétralogie de Shakespeare, dans le cadre du Festival Waterproof. Pour cette adaptation qui sera présentée à La Paillette les 29 et 30 janvier, le metteur en scène a choisi de travailler avec des marionnettes, ce qui donne une nouvelle dimension à l’œuvre. 

Yoann Pencolé est marionnettiste et metteur en scène. Il a suivi un cursus de trois ans à l’ESNAM à Charleville-Mézières qui est la seule école publique internationale en formation marionnettiste : « Nous étions 16 de 5 nationalités différentes dans la formation. J’ai beaucoup appris avec l’école puis avec mes expériences ».

yoann pencolé
Yoann Pencolé

En 2016, Yoann a monté son premier spectacle autour de la figure du monstre en se focalisant sur le tueur en série Henri Désiré Landru. Depuis, il alterne entre des projets en salle et des projets en extérieur, pour toucher un public assez large : « J’ai créé un projet en plein air qui s’appelle Minimal Circus pour un jeune public à partir de 5 ans. Toujours en plein air, j’ai monté un spectacle autour de vedettes comme Jacques Brel et Edith Piaf pour les maisons de retraite cette fois-ci ». Richard III est le plus gros projet de la compagnie la Poupée qui brûle : un spectacle en salle, sur une scène de 14 mètres d’ouverture sur 12 mètres de profondeur.

Yoann attache une grande importante au fait de chercher un public qui ne va pas au théâtre : « Dans les maisons de retraite, il y a parfois plus de reconnaissance que dans des grandes salles avec des programmateurs qui voient 200 spectacles par an, qui sont habitués et qui ne vont pas avoir la même reconnaissance ni les mêmes retours positifs et sincères ». Le fait de pouvoir jongler entre ces différents mondes est une grande force pour l’artiste.

Une harmonie palpable entre marionnettes et danseurs

Yoann travaille essentiellement sur l’effet double du marionnettiste et de la marionnette : « Dans le spectacle sur Elios, un petit garçon autiste, ce qui m’animait, c’était la ressemblance entre la marionnette et le manipulateur », explique le metteur en scène. Cela permet de créer une rupture de dialogue entre la marionnette habitée et lorsqu’elle est lâchée. Richard III était un grand manipulateur, un monstre qui n’était pas destiné à être au pouvoir, mais qui va y arriver par des manipulations, ce qui s’illustre notamment par la manipulation des marionnettes en parallèle : « Je travaille avec des danseurs et des danseuses qui n’ont pas forcément de formation marionnettiste, mais ils ont une telle conscience du corps et de l’espace que c’est très naturel pour eux », explique Yoann. « Ils sont au service de l’émotion qu’on traverse dans la tragédie. Quand on sent que la marionnette est dans la douleur, les danseurs expriment cette douleur, s’effondrent au sol, se relèvent ». 

Dans cette version moderne, les personnages n’ont pas vraiment d’identité, on les devine. Le monstre, bien qu’il soit historique, fait écho à une actualité brûlante : « Je suis très inspiré par ce qu’il s’est passé au Moyen-Orient et aux États-Unis, par le fait que des monstres prennent le pouvoir », confie Yoann. Le metteur en scène a également pris appui sur la célèbre série Game of Thrones, mais également sur le livre et film Max et les Maximonstres, avec l’image d’un enfant qui n’a pas reçu beaucoup d’amour et qui va accéder au pouvoir. Yoann poursuit : « J’ai voulu faire un Richard III accessible à des adolescents de 14 ans donc le spectacle dure 1h45 au lieu de 4h ». 

richard III
© Johan JULIEN

Un prologue, une heure avant le spectacle, dans le hall de la Paillette, introduira le spectacle : « On est avec deux marionnettes, l’une en rouge et l’autre en jaune, les deux familles qui s’opposent. Nous avons travaillé avec Magali Julien sur ce parcours qui mêle musique et danse », souligne Yoann.

La première de Richard III était à la Maison du théâtre à Brest. Ce gros projet a mis trois ans à se mettre en place, le temps de trouver des subventions, d’embaucher les danseurs et danseuses : « C’est la première fois que j’étais seulement metteur en scène. Habituellement, je joue aussi donc ce n’est pas la même approche », confie Yoann.

Cette nouvelle forme expérimentale pour le metteur en scène promet d’être originale et de toucher un public large.

Les deux dates rennaises dans le cadre du festival Waterproof affichent malheureusement complet, mais vous pouvez retrouver le spectacle dans les villes suivantes :

-Au centre culturel Athéna d’Auray (Morbihan), dans le cadre du festival Méliscènes, le 18 mars 2025
– Au théâtre de Blavet à Inzinzac-Lochrist (Morbihan), le 1er avril
– A la salle de spectacles Le Sillon à Pléudian (Côtes d’Armor), le 3 avril
– Au théâtre de Laval le 6 mai
– Au Carré de Cesson-Sévigné, novembre-décembre 2025 (date à venir)

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