Tyrannie de Richard Malka est un premier roman qui ne laissera pas le lecteur indifférent en cette rentrée littéraire d’hiver… Raphaël Constant, avocat respecté et reconnu par ses pairs se trouve en situation de défendre un homme aux assises, en apparence, totalement démoli, Oscar Rimah, personnage quasiment aphasique.
Pour présenter Tyrannie de Richard Malka, il est primordial de signaler tout de même que l’histoire de Rimah est bien peu commune. Il a assassiné un des sbires du dictateur qui règne sur son pays, “l’Aztracie“, (dictature religieuse, philosophique et politique) a perdu parents, femme et enfants, s’est enfui et a réussi à gagner la France en réclamant l’asile politique. Mais il se retrouve quand même face à la justice pour répondre de son crime.
Raphaël Constant va donc devoir construire la défense de son client et faire face au talent de l’avocat de la partie adverse, Édouard Chenon, une sommité dans le monde feutré des juristes, à l’avocate générale, Édith Carbonnier, au président de la Cour, Ezéchiel. Il va tenter aussi de convaincre les jurés afin d’obtenir leur clémence pour éviter le pire à Rimah.
En parallèle de ce procès qui s’annonce comme marquant et historique, Raphaël Constant va rencontrer la magnifique, mais troublante Amalia, elle-même réfugiée de la dictature des “Aztrides”. Est-ce une coïncidence, un hasard ?
Il faudra suivre toute l’ingéniosité de Richard Malka afin de comprendre pourquoi cette sirène se trouve sur son chemin en ces circonstances.
Un travail d’auteur remarquable qui n’est pas sans rappeler George Orwell. Tyrannie, roman qui fait honneur à l’éloquence obligée des avocats, des habitués des prétoires, est construit comme un polar où la tension et le suspense sont permanents. À chaque chapitre quasiment un rebondissement ; du coup, on ne lâche rien, tellement impatients restons-nous d’en savoir un peu plus.
Peut-être Richard Malka dans Tyrannie jongle-t-il aussi avec notre côté voyeur, toujours enclins à en savoir, à en voir davantage, rejoignant là l’assistance qui semble avide de sensations ? C’est aussi une remarquable réflexion sur le sens d’une démocratie, d’une dictature, les frontières entre Bien et Mal, du libre et du tyrannique, du juste et du coupable. L’auteur nous met face à nous-mêmes, entre doutes et certitudes.
En refermant la dernière page, on se surprend à espérer une adaptation cinématographique ce premier roman de Richard Malka tant ce coup de maître est terriblement visuel et musical.