Saint-Jouan-des-Guérets (Ille-et-Vilaine) – Le village de 2 800 habitants reste sous le choc. Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 août 2025, une femme de 36 ans a été mortellement poignardée dans la rue par son ancien compagnon. L’homme, âgé de 38 ans, a été abattu quelques heures plus tard par un gendarme lors de son interpellation.
Vers minuit, l’alerte est donnée : une femme gît sur la chaussée, grièvement blessée au cou par arme blanche. Les secours dépêchés sur place ne peuvent que constater son décès. Les premières constatations orientent rapidement l’enquête vers un suspect : son ex-compagnon, connu de la victime. Selon les premiers éléments, la jeune femme aurait déposé plainte le matin même. Les enquêteurs cherchent désormais à établir les circonstances exactes du drame et à déterminer si des mesures de protection auraient pu être mises en œuvre.
La traque et l’intervention
Le suspect prend la fuite. Les gendarmes localisent sa voiture à Taden (Côtes-d’Armor), à une vingtaine de kilomètres de la scène du crime. Sur place, l’homme se montre menaçant, armé d’un couteau. Une tentative de neutralisation au Taser échoue. Un militaire ouvre alors le feu à plusieurs reprises. Touché, l’homme décède malgré l’intervention rapide des secours.
Deux enquêtes ouvertes
Le parquet de Saint-Malo a ouvert une enquête de flagrance pour assassinat. En parallèle, l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) a été saisie pour examiner les conditions dans lesquelles le gendarme a fait usage de son arme. Ce dernier a été placé en garde à vue, conformément aux procédures appliquées en cas de décès consécutif à une intervention.
Les autopsies des deux corps sont prévues le 11 août. Les investigations devront préciser le déroulement précis des faits et la chronologie entre la plainte déposée et l’agression.
Une commune sous le choc
À Saint-Jouan-des-Guérets, l’émotion est palpable. Certains habitants dénoncent « un drame qui aurait pu être évité ». La victime, mère de famille, était bien connue localement : elle avait effectué un stage dans un commerce du centre-bourg. Sur le parvis de la mairie, un banc rouge rappelle la lutte contre les violences faites aux femmes. Un symbole désormais empreint d’une résonance tragique.
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Procédures et cadre légal
1. Procédure en cas de féminicide
En droit français, un féminicide est qualifié juridiquement de meurtre ou assassinat commis sur conjoint, concubin, partenaire de PACS ou ex, circonstance aggravante prévue à l’article 221-4 du Code pénal.
Lorsqu’une victime a déposé plainte pour violences ou menaces, la police ou la gendarmerie peuvent saisir en urgence le parquet pour mettre en place :
- une ordonnance de protection (art. 515-9 et suivants du Code civil),
- des mesures d’éloignement,
- un téléphone grave danger ou un bracelet anti-rapprochement (art. 138 du Code de procédure pénale).
Le parquet ouvre généralement une enquête de flagrance lorsque les faits viennent de se produire, permettant des actes rapides : perquisitions, auditions, saisies.
2. Usage de l’arme par les gendarmes
Depuis la loi du 28 février 2017, le Code de la sécurité intérieure (art. L.435-1) encadre strictement l’usage des armes à feu par les forces de l’ordre. Les gendarmes peuvent tirer :
- en légitime défense, pour eux-mêmes ou autrui,
- pour arrêter une personne présentant une menace grave à la vie ou à l’intégrité physique,
- lorsque d’autres moyens sont manifestement insuffisants ou inadaptés.
Dans tous les cas, l’usage doit être proportionné et strictement nécessaire. Chaque tir mortel fait systématiquement l’objet d’une enquête judiciaire, confiée dans le cas des gendarmes à l’IGGN, pour vérifier le respect de ces critères.
