Vous voulez vous détendre avec un excellent roman au suspense permanent ? Alors, saisissez-vous de Si je mens tu vas en enfer, le dernier petit bijou que nous offre la Britannique Sarah Pinborough, traduit aux éditions Préludes, et la promesse sera tenue : en haleine jusqu’aux dernières pages !
Lisa vit avec sa fille Ava, jeune adolescente. Elle l’élève seule. Et ce n’est pas tous les jours facile. Elle partage son emploi du temps entre son travail et Ava. Elle essaie de lui consacrer les meilleurs moments, attentionnée, trop peut-être. La jeune fille, elle, se partage entre ses cours au lycée et ses amies. Et trouve toujours sa mère trop présente, trop intrusive. Le temps de l’adolescence est aussi la période où les jeunes souhaitent commencer à s’émanciper, ils multiplient les petits secrets, d’autant plus quand les premières relations amoureuses pointent le bout de leur nez. D’autant plus quand ils se posent des questions sur leur caractère, sur leur physique… Et Ava, donc, ne déroge en rien à cela, surtout quand un flirt se profile sur les réseaux sociaux. Elle n’en confie rien à sa mère, seulement à sa meilleure amie, Jodie, plus âgée, donc par nature probablement plus expérimentée sur l’attitude à adopter avec les garçons.
Lisa, de son côté, est d’un naturel angoissé. Elle stresse pour un oui pour un non. Et ne se remet pas de sa rupture avec son mari qu’elle a fui parce qu’il buvait, parce qu’il n’était pas en mesure d’assurer l’harmonie d’une famille. Et puis Lisa ne se remet pas non plus de la perte de son petit frère, Daniel, mort dans des conditions troubles et tragiques, il y a de cela longtemps. Alors elle se raccroche à Ava, sa fille, à Marilyn, son amie et collègue. En proie à de récurrentes angoisses, elle vit un peu au jour le jour, mais ne paraît pas épanouie.
Jusqu’au jour où, elle aussi, rencontre un homme. Simon, client de la boîte où elle travaille, qui semble s’intéresser à elle. Surprenant, un homme l’approche, elle qui sans cesse se dévalorise et les fuit. Et si son quotidien devenait plus lumineux. Et si enfin, elle pouvait tirer un trait sur des années de chagrin… Et si, et si…
Mais voilà, tout bascule… Ava a disparu, personne ne comprend pourquoi… La police va rechercher la jeune fille, mais les choses s’annoncent complexes. Et puis tout remonte, le passé rejaillit. Et nous livre peu à peu la véritable personnalité de Lisa qui n’est pas du tout celle que l’on croyait.
À travers un jeu subtil de mises en abyme, Sarah Pinborough nous entraîne dans un thriller duquel on ne ressort pas indemne. Quand le pire côtoie le pire à chaque page, à chaque chapitre, quand on découvre, quand on comprend que l’on peut avancer masqué pour tenter d’accéder à une autre vie. Quand les blessures de l’enfance marquent à tout jamais les personnalités. Quand les cicatrices deviennent totalement indélébiles et condamnent au plus tragique. Quand celles et ceux qui semblaient de confiance retournent leur veste pour d’abord se protéger eux-mêmes et d’eux-mêmes. Mais aussi quand le secours vient de personnes inattendues, quand certaines et certains se révèlent alors qu’on n’y croyait plus.
Écriture particulièrement visuelle qui renforce l’intrigue et les intrigues savamment glissées ici et là. C’est du vrai et bon polar qui coupe régulièrement le souffle. Et donne un rythme infernal et haletant à l’ensemble de ce roman qu’on aimerait tant voir porté à l’écran.
Si je mens, tu vas en enfer de Sarah Pinborough — Éditions Préludes — 416 pages. Parution : 6 mars 2019. Prix : 17,90 €. Traduit de l’anglais par Paul Benita.
Cross Her Heart, Harper Collins Publishers, 2018.
Sarah Pinborough est scénariste pour la BBC et écrit également pour les adolescents. En 2009, elle remporte le British Fantasy Award dans la catégorie Meilleure nouvelle, et en 2014 dans la catégorie Meilleure novella. Mon ami Adèle, son premier thriller, a été un phénomène d’édition dans une dizaine de pays.