BD DE SEPTEMBRE, ÉCLECTISME AU RENDEZ-VOUS

C’est la rentrée. Rien de tel que la lecture de nouvelles BD pour surpasser ce moment difficile. Petit échantillon éclectique pour vous aider dans vos choix. Et si l’on commençait par retrouver des héros dont on a déjà lu des aventures appréciées, histoire de se retrouver en terrain connu ?

BD BOOTBLACK

Dargaud publie ainsi le deuxième et dernier tome de Bootblack (1) de Mikaël qui, de flash-back en flash-back, renvoie Al, le cireur de chaussures sur le front et dans les rues mythiques de New York. Après Giant, cet album clôture ainsi une magnifique série de quatre ouvrages indispensables pour connaître la ville américaine des années trente et ses rues sombres.

Tome quatre encore chez le même éditeur pour retrouver cette fois Elijah Stern (2), le célèbre croque-mort qui, dans ce western décalé, va débarquer à la Nouvelle Orléans. Au cours d’un enterrement, il va rencontrer une riche héritière fascinée par les arts occultes. Vaudou, spiritisme, seront au rendez-vous d’une série aux dialogues soignés signés Frédéric et Julien Maffre.

BD DETOX

Tome deux, cette fois-ci pour Détox (3) de Jim et Antonin Gallo. Un titre explicite pour décrire Matthias d’Ogremont, Parisien ultra-connecté, ultra stressé, et… soudainement ultra paumé en plein coeur de la nature, pour un stage détox de 10 jours, au milieu de chèvres et de quelques stagiaires néo-hippies hauts en couleurs. La suite attendue d’un premier opus prometteur.

COCTEAU ENFANT TERRIBLE

Chez Casterman, on poursuit la publication de biographies en noir et blanc dans les domaines variés et divers. Cette fois ci c’est Cocteau, l’enfant terrible (4) qui est évoqué par Laureline Mattiussi et François Rivière. L’auteur à la vie tumultueuse et contestée voit son existence mise en image de manière efficace et parfois onirique. Les amours, les excès, les bons mots et l’œuvre protéiforme de Cocteau se retrouvent dans cette biographie ou la bichromie semble coller à la perfection à un personnage au double visage.

BD BLACK OUT FUTUROPOLIS

Autre biographie à paraître chez Futuropolis : Black Out (5) qui narre la vie d’un homme moins célèbre que Cocteau, mais néanmoins très exposé : Maximus Wild connut son heure de gloire dans le Hollywood des années 1940-50. Métis de descendance noire, chinoise et amérindienne, il fut « l’acteur aux mille visages », interprétant essentiellement des rôles « ethniques ». Un nom oublié qui permet d’ouvrir les coulisses parfois nauséabondes d’Hollywood sous le récit de Loo Hui Phang et Hugues Micol.

PERIODE GLACIAIRE NICOLAS DE CRECY

Chez le même éditeur le magnifique Nicolas de Crécy nous propose Période glaciaire (6) pour lequel nous ne disposons que de deux indices : un Louvre englouti et une co-édition avec le musée qui laisse supposer une fiction mettant en lumière l’institution nationale dans la série commencée par Étienne Davodeau, Taniguchi et tant d’autres ensuite.

BD DARGAUD MALGRE TOUT

Restons avec nos auteurs préférés, Jordi Lafebre, en l’occurrence dessinateur des Beaux Étés notamment, dont le crayonné léger laisse paraître à chaque page des tonnes de tendresse et d’humour. Avec Malgré tout (7), il nous livre l’histoire d’une passion platonique entre Ana, sexagénaire, mariée, ancienne maire, et Zeno, célibataire endurci, libraire proche de la retraite. Deux visages en couverture qui montrent que la violence doit être totalement absente de cet album très attendu.

BD LA FUITE DU CERVEAU

Autre auteur chouchouté par Unidivers, Pierre-Henry Gomont, auteur de Péreira prétend ou encore de Malaterre s’attaque cette fois-ci au cerveau d’Einstein avec La Fuite du Cerveau (8). Le savant décède, mais Thomas Stolz, le chargé de l’autopsie décide d’étudier secrètement le cerveau et les neurones du génial scientifique. Une BD que l’on nous annonce comme un « road-movie échevelé et drolatique ». Le trait délié et libre du dessinateur promet beaucoup.

BD Klarsfeld

La Boîte à Bulles nous propose la publication d’une BD majeure avec la parution de Serge et Beate Klarsfeld : un combat contre l’oubli (9) de Pascal Bresson et Sylvain Dorange, un ouvrage qui raconte la vie intime et les combats publics menés par ce couple exceptionnel pour chasser les criminels de guerre, combler les mensonges de l’histoire, redonner vie aux déportés. Une BD essentielle sur laquelle nous reviendrons plus complètement à la parution.

BD JAIME MARTIN

Autre ouvrage historique qui revient, celui-ci sur l’Espagne franquiste, Nous aurons toujours 20 ans (10) de Jaime Martin qui fait suite à Jamais je n’aurai 20 ans. Jaime Martin avait 9 ans le 20 novembre 1975, le jour de la mort de Franco. Alors que sa famille en liesse sabrait le champagne, dans la cuisine, les mots de sa grand-mère résonnent encore aujourd’hui :  » Il y a un long chemin à parcourir et un ciel plein d’oiseaux noirs « . À travers ce récit autobiographique, l’artiste retrace sa trajectoire dans l’Espagne de l’après-dictature en miroir d’une génération portée par l’enthousiasme de la démocratie et sévèrement frappée par la crise économique.

BD LES CROIX DE BOIS

Remontons encore plus le temps avec un récit consacré à la Première Guerre mondiale, adapté du livre de Dorgelès, Les Croix de bois (11) par JD Morvan et Percio. Des dessins au fusain, une bichromie sombre transmettent une émotion forte sur ce texte devenu un classique. Depuis Tardi, peu d’auteurs ont osé s’attaquer à ce thème. Voilà qui est fait avec talent. Ce sont des dessins qui nous ont séduit dans Tanz (12) de Maurane Mazars, des aquarelles légères comme la danse, sujet de cet album magnifique. Un jeune homme dans un cours de danse avant-gardiste préfèrerait pratiquer la danse populaire. Quitter l’Allemagne d’après-guerre pour rejoindre les comédies musicales de New-York, un parcours qui ne se fera pas sans difficultés. Une autrice à découvrir absolument.

BD ALCAZAR

Terminons avec une autre BD marquée par la couleur, celle de Simon Lamouret qui, avec L’Alcazar (13), nous transporte sur un chantier d’un quartier résidentiel de la ville indienne. Des couleurs lumineuses pour un récit documentaire sombre et révélateur d’une société inégalitaire. Bonnes lectures toutes et tous.

(1) Parution le 11 septembre. 14,50€. (2) Stern : Tout n’est qu’illusion. Tome 4. Parution le 18 septembre. 15€. (3) Éditions Grand Angle. Parution le 30 septembre. 16,90€. (4) Parution le 16 septembre. 24€. (5) Parution le 26 Août. 28€. (6) Parution le 24 août. 20. (7) Dargaud. Parution le 25 septembre. 22€ (8) Dargaud. Parution le 18 septembre. 25€. (9) Parution le 9 septembre. (10) Dupuis. Aire Libre. Parution le 4 septembre. 25€. (11) Éditions Albin Michel; Parution le 9 septembre. (12) Éditions Le Lombard. Parution le 28 août. (13) Éditions Sarbacane. Parution le 2 septembre.

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Eric Rubert
Le duel Anquetil Poulidor sur les pentes du Puy-de-Dôme en 1964, les photos de Gilles Caron dans le Quartier latin en Mai 68, la peur des images des Sept boules de cristal de Hergé, les Nus bleus de Matisse sur un timbre poste, Voyage au bout de la Nuit de Céline ont façonné mon enfance et mon amour du vélo, de la peinture, de la littérature, de la BD et de la photographie. Toutes ces passions furent réunies, pendant douze années, dans le cadre d’un poste de rédacteur puis rédacteur en chef de la revue de la Fédération française de Cyclotourisme.

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