Ce portrait de Piotr Ilyitch Tchaïkovski relève d’un parti-pris : plus encore que sur le récit d’une vie, il repose sur l’histoire d’une mort. Plusieurs raisons ont conduit à ce choix narratif. Tout d’abord, les conditions mystérieuses du décès du compositeur demeurent l’une des plus fameuses énigmes de l’histoire de la musique. D’autre part, la thématique de la mort, et plus généralement celle d’un destin inexorable, imprègne l’essentiel de l’œuvre du grand musicien russe.
Il faut rendre hommage au courageux auteur de cette biographie. Il n’était pas évident de rendre, dans un si petit format, un travail de qualité. Tchaïkovski et sa personnalité controversée, on mesure amplement la tâche qu’il a fallu accomplir pour accoucher de ce travail.
Si le fond ne prête que peu le flanc à la critique, la forme est bien moins réussie. Sans doute, à cause du format, une pléthore de références aux sources parfois incertaines. On regrettera aussi des annotations superfétatoires. Quant à la concentration sur les circonstances ténébreuses de la disparition du compositeur, comme rien n’est fiable sur le sujet tout est paraphrase plus qu’analyse.
Malgré ces défauts, on pourra lire cet ouvrage pour les pages brillantes qui existent en fin de volume.
Tchaïkovski de Jérôme Bastianelli, Actes Sud, Classica, janvier 2012, 171 pages, 18,30€
Jérôme Bastianelli, ancien élève de l’Ecole polytechnique, est l’auteur de biographies de Felix Mendelssohn (Actes Sud) et de Federico Mompou (Pavot Lausanne). Il a également collaboré à Tout Mozart et au Dictionnaire Bach (Robert Laffont), et écrit régulièrement dans le magazine Diapason. Il est actuellement directeur général adjoint du musée du quai Branly.