The Voice ou la Poisse

Quelques compatriotes, maitrisant mal la langue de Shakespeare, auront compris le jeu de mots du titre de cet article. Alors que nos amis québécois ont traduit l’émission en « La Voix », nous nous coltinons ce titre anglais mal prononcé en « Ze Voisse »…et qui rime souvent avec la poisse. T tant pour le gagnant que pour la musique à la télévision.

Si The Voice s’affirme comme l’émission leader pour la musique à la télévision, c’est faute de concurrence. France 2 vise plutôt le troisième âge avec ses hommages à de grands artistes morts ou moribonds.  Étrangement, The Voice essaye quand même d’élargir le champ musical avec des titres à la mode, un peu plus rock… Enfin « rock » dans le sens français du terme.

L’émission doit donner la chance à de jeunes talents que l’on auditionne à l’aveugle. Mais la présélection est passée par là ; ce ne sont que des choristes, des membres de comédies musicales, quelques découvertes d’internet ou des sites de casting de la galaxie Louvin ou Universal et d’anciennes gloires à qui on donne une dernière chance avant de déchirer le contrat : « Ecoute, là tu as le choix entre Danse avec les Stars, Splash ou The Voice…. » . Si la première année faisait illusion, les deux suivantes sont devenues caricaturales.

Mais si encore nous avions de la diversité musicale… Non, c’est un peu comme les Victoires de la musique et sa « Musique urbaine » ou « Musique électronique » ostracisée au profit d’un bon gout…absent. N’espérez pas entendre des échos de jazz, de lyrisme classique (en dehors de quelques amateurs d’Opéra fans de Florent Pagny, LE grand ténor français…de TF1) et encore moins de metal, de rock, de blues… Ah si, il y a une technique bien rodée : mettre quelques « Ovnis » comme les Luc Arbogast, Spleen ou Vigon, histoire de faire parler du programme. Ensuite, on les garde suffisamment longtemps pour faire voter jusqu’à ce que l’uniformité ait raison d’eux.

Au final, c’est le même profil de chanteur qui gagne : un gendre idéal bien propre sur lui à la voix un peu technique mais pas trop reconnaissable. Le type même du chanteur qui ne vendra jamais rien, malgré sa bonne volonté. Car la maison de disque a déjà fait le job et choisi ceux qu’elle veut lancer. Il lui fallait juste une belle vitrine avec des lumières brillantes et le tour est joué. Quelques reprises à vendre en ligne sur sa plateforme légale, un single si ça marche et si vraiment t’as de la chance, tu as droit au Graal : L’Album. Sinon, tu vas dans le purgatoire : faire banquette dans les émissions de variétés de France2 comme les Aude Henneville, Olympe, etc.

Cette saison 3 s’annonce soporifique au possible malgré les efforts de Mika pour sortir quelques trucs potables, bien vite rattrapés par la patrouille du bon goût français, ou ceux de Garou qui place quelques titres un peu plus rock pour ses poneys de concours. Un seul gagnant dans tout ça : les producteurs. En tout cas, pas la musique.

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Didier Acker
didier.ackermann {@] unidivers .fr

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