Velvet : un train underground entre Rennes et Paris

velvet train paris

2028. Un train glisse à toute vitesse sur la LGV Atlantique. Il ne porte pas les couleurs de la SNCF. Il s’appelle Velvet. Derrière ce nom soyeux, une révolution silencieuse du rail français s’annonce. Loin du fracas des luttes sociales et des retards chroniques, Velvet veut redonner au voyage en TGV ses lettres de noblesse et, surtout, offrir une alternative crédible à la saturation des lignes Ouest.

Velvet, c’est d’abord un nom : doux, évocateur, presque rétro-futuriste. Mais derrière cette patine feutrée se cache une entreprise ambitieuse. Lancée en 2024 sous l’impulsion de Rachel Picard (ancienne dirigeante de SNCF Voyages) et de Timothy Jackson (entrepreneur franco-britannique passé par l’aviation), Velvet entend incarner la première compagnie TGV française réellement indépendante. Avec une levée de fonds dépassant le milliard d’euros, la start-up ferroviaire n’a rien d’un gadget de salon. Elle a déjà passé commande auprès d’Alstom de 12 rames Avelia Horizon — les TGV de dernière génération conçus pour être plus économes, plus modulables, plus rapides.

Ligne directe : Paris – Rennes sans escale

Parmi les trois axes que Velvet souhaite opérer dès 2028, la liaison directe Paris ↔ Rennes constitue un coup d’éclat symbolique. Sans arrêt intermédiaire, avec des horaires calés sur les pics de fréquentation, Velvet promet une desserte régulière et fluide pour les Rennais trop souvent privés de train faute de places disponibles chez la SNCF ou à des prix exorbitants. Depuis l’ouverture de la LGV Bretagne – Pays de la Loire, Rennes est situé à 1h25 de Paris. Mais Velvet veut rendre ce trajet plus accessiblemoins saturé et pourquoi pas plus raffiné. En capitalisant sur une expérience voyageur revisitée — confort, ponctualité, tarification lisible — la compagnie espère séduire 10 millions de passagers par an sur l’ensemble de ses lignes.

Velvet contre la SNCF : un duel de plumes ou d’acier ?

Sur le papier, Velvet ne cherche pas à « casser les prix » à la manière d’un Ouigo. Sa stratégie ? Celle d’un transport à grande vitesse de qualité, sans fioritures inutiles, mais sans compromis sur le service. Autrement dit : une expérience TGV plus lisible et parfois plus directe que celle de son grand concurrent historique. La lisibilité, c’est en effet le point faible de la SNCF qui observe l’arrivée de Velvet avec vigilance. Certains syndicats craignent une concurrence déséquilibrée, d’autant que Velvet ne desservira pas les petites gares, ni les zones moins rentables. Mais la jeune compagnie assume : elle paiera chaque année près de 200 millions d’euros en péages ferroviaires, soit 60 % de ses coûts d’exploitation.

Une ouverture à la française

Depuis 2020, la libéralisation du rail permet à de nouveaux acteurs de circuler sur les lignes à grande vitesse. Mais jusqu’ici, les rares alternatives venaient de l’étranger (Trenitalia, Renfe). Velvet est donc la première tentative hexagonale d’indépendance grande vitesse, avec un ancrage clair dans l’ouest du pays. Sa rivale directe ? Peut-être Le Train, autre entreprise privée ferroviaire fondée en 2020 qui prévoit pour sa part des liaisons Bordeaux–Rennes ou Nantes–Poitiers dès 2027.

Calendrier d’un frisson

Velvet annonce un calendrier ambitieux, mais structuré :

ÉtapeDate prévue
Naissance du projetJuin 2024
Nom officiel : VelvetJuillet 2025
Premiers essais techniquesDès 2026
Mise en service publiqueDeuxième semestre 2028

D’ici là, la compagnie devra relever de nombreux défis : certifier ses rames, convaincre les usagers, maîtriser ses coûts, s’imposer sans excès. Mais dans les coulisses du rail, les aiguillages mentaux sont déjà en place. L’idée d’un train français, rapide, beau, indépendant n’est plus un rêve. C’est un sillon.