Le sondage Odoxa, réalisé par le Syndicat National du Livre en décembre 2020, révèle qu’un tiers des Français s’est davantage mise à lire, les plus jeunes (18-25 ans) en tête. En temps de crise, le livre est un refuge. Voici quelques valeurs essentielles pour ce mois d’avril.
Un tiers des Français s’est mis à lire davantage selon le sondage Odoxa réalisé par le Syndicat National du Livre en décembre 2020. Et les plus jeunes (18-25 ans) sont ceux qui s’y sont le plus mis. « Les Français ont surtout lu pour lutter contre l’ennui (43 %), mais aussi pour se déconnecter de l’actualité (33 %) et passer moins de temps sur les réseaux sociaux (31 %) », indique le sondage. Le roman policier emporte 45% des suffrages, devant les romans contemporains (32%) et les romans fantastiques (28%). Suivent les livres pratiques (bricolage, voyage, cuisine) (26%) puis la BD et les mangas (20%). En temps de crise, le livre est un refuge.
En littérature française (et belge), je mise sur la génération des auteurs trentenaires avec des histoires touchantes et drôles, des parenthèses bucoliques et lumineuses qui peuvent néanmoins nous faire réfléchir sur le sens de nos existences dans la société actuelle.
Adeline Dieudonné a fait une entrée fracassante en littérature avec son premier roman, La vraie vie (L’Iconoclaste, août 2018). Cette écrivaine belge revient avec Kérozène (L’Iconoclaste, avril 2021), une comédie mordante au suspense de thriller. Douze personnages, un cheval et un cadavre se retrouvent une nuit d’été dans une station-service des Ardennes. Chacun va devenir le héros d’une histoire, entre lesquelles vont se tisser parfois des liens. L’auteur mêle les genres et les destins, nous interrogeant sur le sens de l’existence et dénonçant ce que notre époque a d’absurde.
Baptiste Beaulieu, médecin et écrivain, nous livre l’histoire émouvante d’Eugénie et Josephin, deux fabuleux émotifs dans Celle qu’il attendait (Fayard, 28 avril 2021). À cette heure, on n’en sait pas beaucoup plus sur le sujet du livre, mais nul doute que ce sera une fois de plus une histoire touchante qui ravira un grand public.
Avec un peu d’avance, partons sous le Soleil de juin (Viviane Hamy, 8 avril 2021). Enzo, treize ans, fugue de sa banlieue natale pour rejoindre son grand frère qui a aussi coupé les ponts avec sa famille pour vivre dans une caravane au milieu d’une décharge rurale. Thomas Oussin explore les méandres de l’adolescence et nous offre une parenthèse bucolique et lumineuse à la rencontre de deux frères et de personnages atypiques.
Côté littérature étrangère, restons en Europe avec l’incontournable auteur anglais Jonathan Coe, le retour de la finlandaise Sofi Oksanen et l’irlandais John Boyne.
Avec Billy Wilder et moi (Gallimard, 8 avril 2021, traduit de l’anglais par Marguerite Capelle), Jonathan Coe retrace le portrait intime d’une des figures les plus emblématiques du cinéma en se plongeant dans l’atmosphère de l’époque. Calista, une jeune grecque, part sac à dos aux Etats-Unis où elle rencontre Billy Wilder, dont elle ne connaît absolument rien. Plus tard, elle devient son interprète et vit l’avant-dernier tournage du cinéaste. Un roman plein de tendresse et de nostalgie qui nous offre une belle histoire sur le temps qui passe, la célébrité, la famille et le poids du passé.
Sofi Oksanen a connu un succès international avec son troisième roman, Purge (Stock, 2010). Auteure engagée, elle s’appuie souvent sur des portraits de femmes et illustre des histoires de familles troublées par le passé estonien. Avec Le parc à chiens (Stock, 7 avril 2021, traduit du finnois par Sébastien Cagnoli), elle alterne son récit entre la Finlande contemporaine et l’Ukraine aux premiers jours de la transition post-soviétique. En 2016, à Helsinki, Olenka croise dans un jardin public une femme dont elle a ruiné la vie dans le passé. L’auteur raconte la trajectoire de ces deux femmes incapables de se libérer du passé, leurs histoires d’amitié, d’amour et leur trahison.
John Boyne vient de séduire la presse littéraire française avec son dernier roman, L’audacieux Monsieur Swift (JC Lattès, 2020), un récit troublant sur les ambitions démesurées d’un apprenti auteur. Cet excellent portraitiste nous revient avec Il n’est pire aveugle (JC Lattès, 7 avril 2021, traduit de l’anglais par Sophie Aslanides). Odran Yates entre au séminaire dans les années 70. Quarante ans plus tard, sa foi est confrontée aux révélations qui s’abattent sur ses amis et collègues. Quand un drame rouvre les blessures du passé, Odran est forcé d’affronter les démons qui ravagent l’Église et d’interroger sa complicité.
Le roman noir arrive en tête des lectures des Français en 2020. Les auteurs suédois sont particulièrement prisés. Tove Alsterdal, journaliste et scénariste a reçu le prix du meilleur roman noir suédois en 2014 avec Tango fantôme (Le Rouergue, 2017). La maison sans miroirs (Le Rouergue, avril 2021, traduit par Isabelle Piette) est le nouveau lieu de vie de Daniel et Sonja qui ont quitté la Suède pour s’installer en Bohème, dans un ancien domaine viticole de la région des Sudètes, abandonné depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans une cave, ils trouvent de vieilles bouteilles de vin de 1937 et un corps d’enfant momifié. C’est pour Sonja le début d’un affreux cauchemar, une plongée dans une région traumatisée par l’Histoire. Elle va devoir percer l’opacité des mensonges et de l’oubli pour rendre leurs noms aux morts et leurs destins aux vivants.
Quatrième roman paraissant en France de Michael Farris Smith, auteur originaire du Mississipi, Blackwood (Sonatine, 15 avril 2021, traduit par Fabrice Pointeau) est un roman addictif qui vous ferrera jusqu’à son dénouement époustouflant. Colburn est de retour à Red Bluff, Mississipi, sa ville natale où il a vécu un drame. Lorsque deux enfants disparaissent, les tensions alors sous-jacentes d’un lieu en perdition éclatent au grand jour, et la vallée s’embrase. Dans un style lyrique, l’auteur illustre à merveille l’aridité et l’humanité de l’âme sudiste.
En version poche, voici un livre français, un roman étranger et un polar afin de satisfaire tous les lecteurs. Passion et drame pour le titre français qui a ému bon nombre de lecteurs dans sa version brochée. Il est juste que les forts soient frappés (J’ai lu, avril 2021) de Thibault Bérard est l’histoire d’un couple improbable réuni par un coup de foudre, bientôt parents de deux enfants puis frappé par le drame du cancer. Refusant de céder au désespoir, le couple choisit de s’y lancer à corps perdu, comme dans une extraordinaire croisade dont leur courage et leur amour seraient les complices.
Entre espoir, désir, hypocrisie et répression, Alaa El Aswany retrace l’histoire égyptienne récente, frappée au coin de la dictature, et convoque le souffle d’une révolution qui fut aussi la sienne dans J’ai couru vers le Nil (Babel, avril 2021).
Quatre hommes sont enlevés et séquestrés dans des moulins souterrains désaffectés à la frontière franco-suisse. Ils ne se connaissent pas et pourtant tout les réunit. Voici le sujet du roman de l’auteur suisse Nicolas Feuz que vous trouverez ce mois-ci en version poche. L’engrenage du mal (Livre de Poche) vous entraînera dans un suspense implacable avec le procureur Norbert Jemsen et sa fidèle greffière .
En avril, continuez plus que jamais à vous divertir avec un bon livre !