En ce court mois de février, bien niché au coeur de l’hiver, quoi de mieux qu’un bon roman pour illuminer une froide journée ? Et nous avons de la chance la rentrée littéraire d’hiver est remarquable et elle se poursuit encore ce mois-ci.
Commençons par un lauréat de Prix Goncourt (Nos enfants après eux, Actes Sud, 2018). Avec Connemara (Actes Sud, février 2022), Nicolas Mathieu nous emmène chez lui, dans l’Est de la France à la rencontre d’Hélène et de Christophe. Issus du même village, ils sont au mitan de leur vie. Elle a réussi à quitter ses origines pour réussir sa vie à Nancy. Lui y mène toujours une petite vie tranquille entre son père et son fils. Sur les accents nostalgiques de la chanson de Michel Sardou, ce roman est le récit d’un amour qui se cherche, des vies que l’on a peut-être ratées et de l’espoir auquel on croit encore.
Véronique Olmi renoue avec les destins brisés comme celui de Bakhita (Albin Michel, 2017) qui nous avait tant ému. Le gosse (Albin Michel, 1 février 2022) est l’histoire de Joseph né à Paris en 1919. Il vit heureux entre sa mère, plumassière, et sa grand-mère qui perd un peu la tête, ses copains et les gens du quartier. Mais le destin va faire voler en éclat sa joie et son innocence. De la Petite Roquette à la colonie pénitentiaire de Mettray, ce roman est l’histoire d’une enfance saccagée, d’une vie bouleversée. Mais là aussi, il y a toujours de l’espoir.
Toujours accompagnée de chansons nostalgiques, Virginie Carton propose un court roman sur l’amour clandestin. Restons bons amants (Viviane Hamy, 2 février 2022) est l’histoire d’une passion, celle d’Hélène pour un homme de scène de vingt ans son aîné. Avec pudeur et justesse, l’auteur nous emmène dans cette liaison de sa naissance à son apogée.
Je termine cette revue des parutions françaises avec le second roman d’Olivier Liron. Le livre de neige (Gallimard, 10 février 2022) est un hommage de l’auteur à sa mère. Exilée de la dictature franquiste, Neige a connu la misère et l’humiliation dans les bidonvilles de Saint-Denis. Mais elle a transmis à son fils l’amour de la vie et la force salutaire de la lecture. De là vient sans doute sa vocation d’écrivain.
Influencée par les grands écrivains japonais et américains, Yoko Ogawa est une figure incontournable de la littérature contemporaine japonaise. Avec Petites boîtes (Actes Sud, 2 février 2022, traduit par Sophie Rèfle), son vingt-sixième roman, elle continue à mettre en avant sa volonté de maintenir la trace des souvenirs et du passé. La narratrice porte une attention particulière à une pièce de l’école maternelle où elle vit. Là sont entreposés d’étranges petites boîtes. Écoutez ce qu’elles ont à dire et laissez-vous porter par le chant magique de ce récit.
La fille du diable (Métailié, 11 février 2022, traduit par Céline Schwaller) est le troisième roman de l’Écossaise Jenni Fagan. Nous sommes en 1910 dans un immeuble d’Edimbourg. Avec puissance et profondeur, l’auteur nous raconte la vie de cet immeuble, de la ville vue par les personnes qui y ont vécu au fil du vingtième siècle. Un roman ambitieux, unique, noir où se croisent des personnages flamboyants.
Plongée en Ohio avec John Woods, un jeune auteur américain. Lady Chevy (Albin Michel, 1 février 2022, traduit par Diniz Galhos) met en scène une héroïne inoubliable, prête à vendre son âme au diable pour défendre ses idées. Amy Wirkner est une lycéenne de dix-huit ans, surnommée « Chevy » par ses camarades en raison de son poids. Brillante, elle est bien décidée à obtenir une bourse pour aller à l’université et à quitter son bled perdu de l’Ohio où l’industrie du gaz de schiste pollue l’eau de la région. Un roman noir, puissant et dérangeant qui dresse un portrait sans concession d’une Amérique prise entre haine interraciale, corruption et dégradation écologique.
Passons justement aux romans noirs avec tout d’abord un auteur français. Dans Tigre obscur (Rouergue, février 2022), Gilles Sebhan donne le rôle principal au fils de son héros récurrent, l’inspecteur Dapper. Théo fait des études de psychocriminologie de l’autre côté de la frontière et il revient passer Noël chez ses parents, une famille atypique recomposée. Ce nouveau roman, porté par un fils sujet aux pulsions de meurtre est une histoire de famille, de vengeance et de règlements de compte où la vérité a l’odeur du sang.
Linwood Barclay inocule Le vertige de la peur (Belfond, 17 février 2022, traduit par Renaud Morin) avec une succession d’accidents d’ascenseur dans des immeubles new-yorkais. Deux flics désabusés et une journaliste tenace s’engagent dans une course contre la montre pour résoudre cette affaire avant l’inauguration de la plus grande tour de Manhattan.
Un regard sur les poches.
Histoire de fils, prix Renaudot en 2020, paraît chez Folio le 3 février. Dans cette fresque familiale au coeur du Cantal, Marie-Hélène Lafon balaie un siècle d’histoire, de 1908 à 2008. Au fil des pages, au gré des états d’âme, l’auteur lève le voile sur les secrets de famille.
Entre sacré et profane, Dai Sijie nous entraîne dans le sillage d’un peintre du Dalaï-lama avec Les caves du Potala (Folio, 17 février 2022). Un récit sensuel, spirituel et envoûtant.
Alors que paraît son nouveau roman (60 Minutes, Les Escales noires, 10 février 2022, traduit par Séverine Quelet), retrouvez aussi MJ Arlidge en version poche avec Loup y es-tu ? (1018, 10 février 2022, traduit par Séverine Quelet), une plongée cauchemardesque en forêt.
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