A Douarnenez, Stéphanie Stein lance un projet culturel et artistique intitulé La Maison des Lumières. Après avoir été le berceau du Port-Musée de Douarnenez et le foyer de la revue maritime La Chasse-Marée pendant 40 ans, l’Abri du Marin du port Rosmeur et la Conserverie Chancerelle sont depuis le mois de juillet 2018 les propriétés de Stéphanie Stein et Didier Gourvennec Ogor. En attendant l’ouverture prévue à Noël 2018, tour d’horizon de la requalification en lieu artistique d’un héritage patrimonial en suspens…
La ville aux trois ports semble être le cœur névralgique des préoccupations artistiques et culturelles de Stéphanie Stein. « Il y a des endroits magiques qui parlent d’eux-mêmes et inspirent tout le monde, Douarnenez en fait partie. C’est la raison pour laquelle je me suis tournée vers ce lieu. Au départ, le projet ne concernait que la conserverie Chancerelle et non l’Abri du Marin, mais quand j’ai découvert cet endroit…»
Créé sur le port du Rosmeur par Jacques de Thézac en 1912, l’atmosphère qui baignait ce bâtiment (classé Monument historique depuis 2007) et Douarnenez en général a contaminé Stéphanie Stein depuis son enfance. Après la création avec le collectionneur Christophe Guillot en 2016 d’Ars Ultima, un fonds de dotation dédié à la création artistique, son attachement à la ville l’a conduite à acquérir au mois du juillet dernier l’Abri du Marin et la plus ancienne usine de sardines de la ville.
Fière de ce nouveau (gros) bébé culturel, Stéphanie Stein est enthousiaste à l’idée d’échanger sur son projet. « La Maison des Lumières est un cocktail. Nous souhaitons rassembler des publics extrêmement variés autour de projets artistiques ambitieux sans pour autant qu’ils soient effrayants ou impressionnants pour un visiteur non averti ». Après la signature officielle début juillet 2018 et un réaménagement intérieur éclair, la nouvelle identité de la bâtisse rose, reconnaissable entre toutes, a été dévoilée durant le festival marin Temps Fête du 25 au 29 juillet dernier. Dans la foulée, le compromis de vente est signé pour la conserverie Chancerelle – avec une superficie de 6 000 m² – et complète ce qui deviendra « la maison des Lumières, la maison de Douarnenistes, la maison des artistes ».
Installation de Yann Kersalé (bateau prêté par Port-musée de Douarnenez) © La Maison des Lumières
Plage reconstituée, buvette, crêpes, musiques et expositions… La maison au style a repris les airs festifs qui l’animaient déjà au début du XXe siècle et s’est transformée en Lanterne du Marin. L’exposition-pop Rendez-nous les Lumières a rassemblé 4 000 visiteurs, un aperçu alléchant du programme censé débuter à Noël.
Imprimante 3D et dessin sur tablettes, expositions immersives et interactives, réalité virtuelle et mapping vidéo (et ses quelques milliers de m²), Stéphanie Stein et Didier Gourvennec Ogor tenteront d’offrir un art numérique de qualité au plus grand nombre dans un lieu accessible et convivial. « L’idée : la création d’un lieu de vie où nous avons plaisir à être – explique Stéphanie Stein – une maison qui doit rassembler les familles et non un endroit où le public a peur d’aller parce qu’il n’est pas sûr de ce qu’il y trouvera. La beauté de Douarnenez et de ses ports s’épanouira avec le médium qui est la rencontre des lumières, que sont les artistes, avec le soutien des Douarnenistes qui lui donneront un supplément d’âme. »
Avec comme parrainage et référence principale l’Atelier des Lumières de Paris, les espaces sont dédiés à des installations et expositions immersives offrant aux visiteurs d’être actifs. « Il y aura également de la musique live presque tous les soirs comme dans les anciens bars d’hôtels chics où un pianiste jouait, sa cigarette à la bouche ou posée dans un cendrier sur son piano. À Douarnenez, un nombre incalculable de bons musiciens vivent dans la ville. Nous allons les inviter à occuper ce lieu et à en faire leurs maisons ».
La Maison des Lumières semble suivre les pas de son créateur : « Les marins n’étaient pas seulement parqués, ils pouvaient se restaurer et dormir, mais de ce lieu émergeait aussi une activité débordante. Sur les photographies, on peut voir des tableaux sur tous les murs. C’était un lieu de vie au sens noble du terme ». La vision de Jacques Thézac n’est pas prête de tomber dans l’oubli avec Stéphanie Stein et Didier Gourvennec Ogor.
Véritable entreprise culturelle en devenir, la question de céder au domaine privé deux entités patrimoniales de Douarnenez ne semble toutefois pas faire l’unanimité. En désaccord avec un projet culturel au cachet pourtant douarneniste, des contradicteurs aux caractères bien trempés ont attaqué Stéphanie Stein via leur page Facebook, un affichage sauvage et des tags très violents. Certains sont persuadés que l’avocate ne cherche qu’à racheter à bon prix des friches patrimoniales afin de les réhabiliter et opérer une culbute financière à leur revente ou leur location. « À l’heure actuelle, les attaques sont orientées vers la personne et nous condamnons ces actes anonymes, violents et extrêmes – clame l’adjointe à la Culture et à la Communication de Douarnenez, Marie-Noëlle Plénier – Je trouve regrettable que l’on attaque un projet global qui n’a pas encore été présenté dans son ensemble… ».
« …Stéphanie Stein porte un projet de nature à développer l’activité de Douarnenez avec le réinvestissement de friches patrimoniales que nous nous réjouissons de voir revivre. Je conseillerais un appel au calme, laissons-les travailler et voyons ce qu’elle a à proposer ». En réponse à ces attaques, Stéphanie Stein et Didier Gourvennec Ogor proposent une réunion publique au mois de septembre (la date n’a pas encore été arrêtée) afin de présenter en détail le projet aux Douarnenistes. De quoi mettre en lumière les bienfaits attendus de cette maison…
Infos pratiques :
Adresse :
Maison des Lumières
51, rue Henri Barbusse
29 100 Douarnenez
Mail : contact[@]lamaisondeslumieres.com