Avec la sortie imminente de Beetlejuice Beetlejuice de Tim Burton le 11 septembre 2024, une tendance gothique particulière revient sur le devant de la scène : le Burtoncore. Inspirée des films du realisateur, cette esthétique gothique excentrique fascine depuis des décennies. Mais aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et l’influence croissante des icônes gothiques contemporaines, le style burtonien gagne en popularité et fait débat dans la société.
Une esthétique sombre et fantasque
Le style gothique à la Tim Burton est immédiatement reconnaissable. Il se distingue par une ambiance sombre et mélancolique, des décors excentriques et des personnages étranges et extravagants. Burton privilégie un univers visuel gothique où la noirceur se mêle à l’humour noir. Les environnements, souvent tordus et inquiétants, s’inspirent de l’architecture victorienne et de l’expressionnisme allemand. Les personnages marginaux sont souvent en quête d’identité, évoluant dans un monde où les contrastes visuels sont marqués par des palettes sombres et des touches de rouge ou de violet. Cette ambiance singulière se propage sur le style vestimentaire de chaque personnage en leur insufflant ces mêmes codes.
Des œuvres emblématiques comme L’Étrange Noël de Monsieur Jack ou plus récemment la série Mercredi ont popularisé ces thèmes auprès des nouvelles générations. Aujourd’hui, avec l’arrivée de Beetlejuice Beetlejuice, cet univers excentrique fait son retour dans la mode et la pop culture sous le nom de Burtoncore.
Mode et Haute Couture
Le succès de l’esthétique de Burton ne se limite pas au cinéma. Il s’étend également à la mode. Le Burtoncore se distingue par des silhouettes excentriques : vêtements noirs ornés de dentelles, coiffures volumineuses, maquillage intense. Ces éléments rappellent l’esprit victorien tout en ajoutant une touche fantastique et romantique. Cet esprit gothique et excentrique se retrouve dans les collections de créateurs, où l’étrangeté et l’inédit sont célébrés.
Dolce & Gabbana, dans sa collection automne/hiver 2024-2025, présente des ensembles transparents réinterprétés avec des jeux de proportions et de volumes variés. Des robes en tulle sont ajustées par des corsets transparents, dévoilant discrètement des sous-vêtements assortis en dessous. Versace, sous la direction de Donatella, adopte une vision audacieuse : « Cette collection a une attitude rebelle et un cœur généreux. La femme a tout d’une fille bien, mais elle garde une âme sauvage. Elle est distinguée, mais sexy. Il ne faut pas la provoquer ! L’homme est son âme sœur, un génie timide. Ils brisent les règles pour en inventer de nouvelles. Ces vêtements repensent les codes formels à travers des coupes, drapés et ornements uniques. La collection se concentre sur les lignes précises, les matériaux innovants, une exubérance réfléchie. C’est nous. C’est Versace ! » (Source)
La marque Alexander McQueen, quant à elle, introduit des éléments bruts et luxurieux dans sa dernière collection. Avec des imprimés sauvages et des silhouettes à la fois compressées et allongées, la collection se distingue par des objets incrustés et enveloppés ainsi que des statues en tricot. Cette approche audacieuse accentue l’aspect sculptural et provocateur de ses créations, enrichissant ainsi le dialogue visuel du Burtoncore.
En parallèle des défilés de mode, les réseaux sociaux voient exploser le hashtag #burtoncore, avec des centaines de vidéos et de photos de personnes qui s’inspirent des tenues sombres et excentriques de l’univers burtonien. Cette simultanéité entre l’effervescence des podiums et celle des plateformes en ligne démontre l’impact croissant de cette esthétique dans la culture populaire.
Le retour du gothique et les controverses du Burtoncore
Si le gothique est à la mode, sa popularisation rapide a également suscité des critiques. De nombreux adeptes de la sous-culture gothique dénoncent l’appropriation de leur esthétique par des masses qui, dans le passé, les ont souvent ostracisés. Sur les réseaux sociaux, des témoignages émergent, exprimant un malaise face à l’adoption massive du style gothique après avoir été jugés ou moqués pour l’avoir porté.
Cependant, certains voient dans cette nouvelle vague de popularité une opportunité. Le Burtoncore pourrait permettre aux amateurs de culture gothique de trouver plus facilement des vêtements, accessoires et objets qui correspondent à leurs goûts. Avec une meilleure accessibilité à cette esthétique, l’ouverture au grand public peut être perçue comme une manière de démocratiser le gothique, rendant plus simple l’expression de son style sans stigmatisation.
Une influence durable sur la pop culture
L’influence de Burton ne se limite pas aux vêtements et à la mode. Elle s’étend aux arts visuels et à la décoration intérieure. En 2023, l’exposition Labyrinthe de Tim Burton à La Villette, à Paris, a offert une plongée immersive dans son univers visuel. Ce gigantesque labyrinthe proposait aux visiteurs d’explorer un monde excentrique peuplé de créatures et de décors emblématiques de ses films, révélant ainsi la profondeur et la richesse de son imagination.
En octobre 2024, l’exposition The World of Tim Burton à Londres poursuivra cette exploration. Avec des décors immersifs et des œuvres d’art, elle montrera comment Tim Burton a su créer un univers captivant où se côtoient gothique, fantastique et humour noir.
Le Burtoncore et le merchandising : un phénomène sur les réseaux sociaux
Au-delà des vêtements de créateurs, le Burtoncore s’étend à une variété d’articles de merchandising liés à l’univers de Tim Burton, largement disponibles dans des boutiques comme Primark. Ces enseignes proposent des collections inspirées de films emblématiques tels que L’Étrange Noël de Monsieur Jack ou Beetlejuice, offrant ainsi au public une gamme d’articles allant des vêtements aux objets de décoration intérieure.
Sur les réseaux sociaux, ces produits rencontrent un succès énorme. Des millions de fans partagent leurs trouvailles, qu’il s’agisse de vêtements à l’effigie des personnages de Burton ou d’objets pour recréer l’atmosphère excentrique de ses films chez eux. Ce phénomène reflète l’influence durable du réalisateur sur la culture populaire et l’attrait persistant pour son univers visuel, qui continue de séduire à travers de multiples formes, de la mode à la décoration.
Bien plus qu’une simple tendance vestimentaire, le Burtoncore est un phénomène culturel qui témoigne de l’attrait pour l’étrange et l’inconnu.Si Beetlejuice Beetlejuice, nouvelle confirmation de l’esthétique sombre et fantasque de Burton, permet à des personnes extérieures à la culture gothique de s’approprier le style, le succès du film peut être révélateur de la manière dont les sous-cultures dépendent de la validation du grand public, dans un monde encore dominé par des diktats de la mode.