Camaret-sur-mer. La Pointe de Pen Hir ou une histoire de la Bretagne

Pointe pen hir

Il existe des lieux qui racontent une région, avec les ruines qui les habitent, les sites qui les font vivre et le paysage qui les accompagne. La Pointe de Pen Hir est de ceux-là. Incontournables, les falaises à l’extrémité ouest de la Bretagne, à Camaret-sur-mer dans le Finistère, ont vécu l’érosion, la guerre, et même l’hommage. Le paysage s’est construit au fil du temps et, sur cette falaise de grès de prés de 500 millions d’années, le vent, si vous écoutez bien, vous murmure à l’oreille ses histoires. 

Aujourd’hui, le pointe de Pen Hir, dans le Finistère, est un excellent spot d’escalade, mais qu’en était-il dans le passé ? À Camaret-sur-mer, c’est une visite riche et inoubliable qui vous attend. L’une des extrémités occidentales de la presqu’île de Crozon offre une des plus belles balades à effectuer au cœur de la Bretagne tout en étant l’écrin d’un patrimoine bâti d’exception, qui raconte l’histoire d’une région. Il est possible de la longer en empruntant le chemin de la randonnée du GR34. Le sentier côtier (borne du km 1000) se faufile en haut de la falaise et permet de visiter les alentours. En admirant le panorama incroyable qui s’offre à vous, du bleu de la mer au bleu du ciel, plongez dans le passé breton. 

Un premier arrêt s’impose avant la pointe de Pen Hir, mais non loin, puisque les premiers témoins de cette histoire se trouvent à la pointe de Toulinguet. Qui sont-ils ? Des habitants du Néolithique : les alignements de Lagatjar, ou “L’Oeil de la poule”. L’ensemble est composé d’une soixantaine de menhirs qui reposent dans la lande depuis leur installation en 2500 avant J. – C..

Et à l’horizon, juste au-dessus de la plage de Pen Hat, un bond dans le temps nous propulse au début du XXe siècle : on aperçoit les ruines du manoir Saint-Pol-Roux, propriété de Pierre Paul Roux, alias « Le Magnifique ». Le poète symboliste, reconnu dès ses débuts par Stéphane Mallarmé et précurseur du mouvement surréaliste, est venu s’installer dans la région en 1905 pour s’éloigner de Paris.

Après cette légère digression inévitable pour la beauté des lieux, reprenons le chemin en direction de la pointe de Pen Hir où, au 17 e siècle, les Anglais ont tenté plusieurs fois d’y débarquer. Leur but : accéder plus facilement à la rade et au port militaire de Brest. En 1694, pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, la bataille la plus célèbre porte d’ailleurs le nom de « bataille de Camaret » ou « bataille de Trez-Rouz ». Le 18 juin de cette même année, la flotte anglo-hollandaise, venue détruire une partie de la flotte française installée à Brest, est vaincue grâce aux fortifications de l’ingénieur et architecte militaire Vauban.

Mais ce n’est pas tout. S’il ne reste aucune trace dans la terre de ces événements, l’endroit a également été marqué par la Seconde Guerre mondiale. Le lieu a été le théâtre d’autres installations militaires puisque près de 3000 bunkers jalonnent encore aujourd’hui la côte bretonne historique, trace du fameux mur de l’Atlantique. S’étendant de la frontière hispano-française au nord de la Norvège, ce système de fortifications a été construit à la demande d’Hitler pendant le Troisième Reich, dès 1941. Le but était d’empêcher tout débarquement allié et protéger les bases sous-marines de Lorient et Brest. La côte de la presqu’île de Crozon n’a bien entendu pas fait exception.

Batterie de Kerbonn Pointe de Pen Hir
Batterie de Kerbonn, Pointe de Pen Hir, Bretagne © Batterie de Kerbonn

La majorité des blockhaus est dans un état délabré, laissée entre les mains de la nature, tandis que d’autres ont été réhabilités, comme celui de la falaise de Kerbonn transformé en musée mémorial consacré à la bataille de l’Atlantique. À l’extérieur, il est possible d’apercevoir, dispersés le long de la côte, des vestiges de ces abris de pierre dont l’ensemble constituait la deuxième construction la plus titanesque réalisée par l’homme après la grande muraille de Chine.

C’est aussi à la Pointe de Pen Hir qu’a été édifié le « Monument aux Bretons de la France Libre ». L’immense croix de Lorraine en granit, conçue par l’architecte Mathon et le sculpteur Bazin, est un hommage aux Bretons qui ont rejoint la France Libre à Londres, après l’appel du 18 juin 1940 du général De Gaulle. S’élevant face à la mer, elle contemple la voie grâce à laquelle de nombreux Bretons ont gagné l’Angleterre pendant la guerre. Le monument a été inauguré par le le Général lui-même le 15 juillet 1951. Au dos se trouve l’inscription « Kentoc’h mervel eget em zaotra », reprise de la devise bretonne : « plutôt la mort que la souillure ».

L’origine de cette devise viendrait d’Alain Barbe Torte à l’issue d’une bataille avec les Normands. Poursuivi avec ses soldats par ces derniers, tous retranchés vers une rivière crue pleine de boue, il vit une hermine poursuivre un renard. Mais au lieu de s’enfuir, elle lui fit face. Alors, Barbe Torte suivit son exemple et lança à ses troupes : « Plutôt la mort que la souillure ». Plus tard, en 939, Barbe Torte battra les Normands près de Cancale et sauvera l’unité de la Bretagne.

monument pointe pen hir
Monument aux Bretons de la France Libre

Mais Pen Hir, ce n’est pas que de l’histoire, c’est aussi un paysage à couper le souffle. Du haut de la falaise, il y a aussi la vue imprenable sur les Tas de Pois, ces massifs isolés en mer nés de l’érosion à l’extrémité de la pointe, est impressionnante.

Comme un lieu en Bretagne ne va pas sans légende, voulez-vous entendre celle-ci ? On raconte que ce sont des titans qui les ont construits… Au nombre de cinq, chaque rocher porte un petit nom breton : Bern Id (« tas de blé ») est le plus avancé dans la mer et le plus pointu, le petit Ar Forc’h (« la fourche ») prend sa suite, puis Chelott (« dentelle ») et Pen Glaz (« tête verte »). Enfin, Daouët est le plus proche de la pointe et le grand Daouët fait la jonction avec le continent.

Lorsque que le soleil est au rendez-vous, les rayons se reflètent sur l’eau turquoise. Il y a aussi les lumières au coucher du soleil. Dans un dernier spectacle, elles baissent le rideau sur cette journée de découverte de la côte bretonne et de son histoire.

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