Cette rétrospective, quarante ans après la précédente consacrée à Chaïm Soutine en ce même lieu, est organisée à partir de 22 tableaux du héros de Montparnasse conservés par le musée de l’Orangerie et qui appartiennent à Paul Guillaume. Le parcours thématique célèbre un artiste à la puissance expressionniste et à la palette ardente quasi uniques dans le Paris de l’entre-deux-guerres. La force dérangeante de ces peintures exposées est saisissante. Il faut dire que Soutine a eu une vie assez hors norme. Ami de Modigliani, grand voyageur (avant son arrivée à Paris, il vécut en Russie dans de bien rudes conditions). De la misère à la gloire, sa peinture ne pouvait pas exprimer autre chose que la perception de ce parcours chaotique.
Son coup de pinceau est tout simplement fascinant. La vision de sa peinture provoque une chaleur envahissante, un plaisir spontané. Composée de 70 œuvres, cette exposition offre une vision d’ensemble de ce que pouvait être la grande palette picturale de Soutine. La mise en scène se fait classiquement par genre : paysages, natures mortes, figures humaines. Un choix pratique afin de montrer la grande homogénéité et la constante qualité de cette peinture.
Une peinture qui dérange n’est pas facile à montrer, elle l’est ici grâce à une scénographie dépouillée. Un espace simplifié à l’extrême, une absence de couleur vive, une élimination des formes trop marquées pour ne pas perturber le parcours.
Une peinture démente qui traduit à elle-seule tout un pans du XXe siècle. Une œuvre complexe qui apparait à l’Orangerie dans tout son éclat. Conseil : ne faites pas l’économie de lires les textes et autres cartels – de précieux éclairages.
Chaïm Soutine (1893-1943), l’ordre du chaos du 3 octobre 2012 au 21 janvier 2013. Musée de l’Orangerie
visuels : Portrait d’homme (Emile Lejeune), vers 1922-1923 © RMN (Musée de l’Orangerie) et Le Village, 1923 © RMN (Musée de l’Orangerie)