CHAPELIER FOU ENSEMB7E. L’ORCHESTRE ACOUSTIQUE D’UN MUSICIEN ÉLECTRONIQUE

Chapelier Fou présente depuis l’été 2021 un nouveau projet d’ensemble orchestral acoustique. Avec le Chapelier Fou Ensemb7le, composé de sept musiciens, il réinterprète avec des instruments classiques les morceaux de son répertoire électronique forgé en une dizaine d’années de carrière. Pour ce musicien classique de formation, c’est une nouvelle façon de brouiller les codes en faisant cohabiter le matériau rassurant des instruments anciens et la liberté de création et d’interprétation des musiques actuelles. Il se produira au SEW, à Morlaix, samedi 13 novembre 2021.

Dans la plus grande liberté, Louis Warynski, alias Chapelier Fou, a mené son parcours dans la musique actuelle française de la dernière décennie. Ne sachant que choisir entre la rigueur classique et le bidouillage électronique, s’amusant à marier les deux à sa fantaisie, Chapelier Fou a tracé un sillon bien personnel. Son dernier projet en date défie encore les classifications faciles. Entouré de six musicien.ne.s, dans une formation complètement acoustique, il réinterprète sur scène son corpus électronique.

L’intéressé s’amuse de cette confusion : « quand je joue électronique, ça ne rentre pas vraiment dans la case électronique, et là avec un orchestre “classique”, on ne rentre pas non plus dans les cases du classique ». Chapelier Fou s’amuse à jongler avec les casquettes. Alors qu’il suit une formation au conservatoire de Metz, se spécialisant dans le violon, le Nancéien se découvre aussi une passion pour les musiques électroniques et le sampling. Et c’est comme artiste de musique électronique qu’il sera révélé, si l’on peut dire, au festival du Printemps de Bourges en 2008, avant de signer ses premiers EP sur le label Ici, d’ailleurs, qu’il n’a pas quitté depuis, après huit albums, des tournées internationales et une multitude de projets transversaux l’amenant à travailler pour des installations d’art contemporain ou encore pour le cinéma d’animation

Parue sur l’album Méridiens en octobre 2020.

L’acoustique, la musique classique, est pourtant restée omniprésente dans l’œuvre de Chapelier Fou, la dotant d’un ton bien particulier, d’une identité distinctive dans le paysage des musiques électroniques françaises. « J’ai jamais su choisir entre l’acoustique et l’électronique, mettre en avant l’un ou l’autre, au contraire, j’ai l’impression de m’être presque efforcé à ce qu’on voit le moins possible de différence entre les deux aspects », commente-t-il. Son interprétation d’Éric Satie avec Bachar Mar-Khalifé pour les Variations de FIP est un exemple assez sublime de cet heureux mariage de deux mondes.

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Chapelier Fou était de passage au weekend d’inauguration du nouvel Antipode de Rennes le 23 octobre 2021. Crédit : Gwendal Le Flem

Mais la fréquentation des machines et des logiciels peut laisser bien solitaire, et après plusieurs années de tournée, épuisé, déprimé, Louis est prêt à lâcher son chapeau. Encouragé par son manager de l’époque, Éric Bichon, il se décide à trouver des musicien.ne.s pour envisager la tournée de son album Deltas (2014). Il sollicite Maxime Tisserand, clarinettiste nancéien qui avait réalisé des enregistrements pour l’album et monte avec lui une première formation hybride, acoustique et électronique, avec Camille Monper au violoncelle et Maxime François à l’alto. « C’était la formation parfaite pour moi », confie Louis, « parce qu’ils étaient curieux de jouer autre chose que de leur instrument et de mettre un pied dans l’électronique, d’apprendre à utiliser les synthés, les contrôleurs, etc. »

À l’inverse, Chapelier Fou Ensemb7e radicalise l’acoustique. Ici, rien que du bois. Et une formation se rapprochant de celle d’un orchestre de chambre. Après avoir déjà eu l’occasion d’interpréter son album Muance (2017) avec l’Orchestre National de Metz en 2019, Louis profite de la disette événementielle de 2020 pour travailler une idée qu’il pensait vouée à rester dans un coin de son esprit. « Ces périodes étranges qu’on a traversées, ce sont des moments d’inventer, de saisir des opportunités. Et l’ensemble a finalement pris le dessus. Je ne me serais même pas permis d’y croire auparavant. Je pensais que ça n’intéresserait personne et que ça ne se vendrait pas en tournée parce que ça coûte trop cher les musiciens », avoue-t-il.

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Captation de Chapelier Fou Ensemb7e pour Arte Concert. Crédit : Charline Thiriet

Toujours avec l’aide de Maxime Tisserand, Louis réunit une nouvelle formation de musicien.ne.s : Marie Lambert au violon, Claire Moret au violoncelle, Gregory Wagenhein au piano, Nicolas Stroebel à la batterie. Maxime François toujours à l’alto, et Maxime Tisserand à la clarinette. Là encore, même si les instruments sont acoustiques, ils jouent tous un ou plusieurs instruments en plus au besoin, harmonium, flûte à bec, trompette, percussions. Louis joue principalement du violon, mais touche aussi au bouzouki, au piano ou au métallophone. « Il y a toujours moyen de jouer des choses simples sur des instruments qu’on ne maîtrise pas. Je trouve que les musiciens se l’interdisent. Il faut pas, ça rend bien service », affirme-t-il. 

Liberté et débrouillardise, des enseignements venus sans doute du bagage électronique de l’artiste. « En musique électronique, on est obligés de toucher à tout et d’apprendre aussi bien l’ordinateur, la programmation, les boîtes à rythmes, la synthèse. C’est le royaume des autodidactes », explique-t-il. Chapelier Fou instille un peu de cet esprit dans son ensemble acoustique. Acoustique, mais pas classique. D’abord, parce que les morceaux joués ont été composés de façon électronique. Ils sont issus des albums qui ont rythmé les dix dernières années de Chapelier Fou, et notamment de Parallèles et Méridiens, un diptyque d’albums sorti en 2020. Pas de partitions donc. « J’ai enregistré une démo de tous les instruments, pour que chaque musicien.ne s’approprie ses parties à l’oreille, sans que ce soit figé », raconte Louis. Et c’est ensuite, dans l’interprétation forcément libre par l’orchestre, que les morceaux reprennent vie, sous le jour nouveau des instruments anciens qui révèlent, comme par un jeu de miroir, la place prépondérante de l’acoustique dans l’œuvre du musicien électronique, le bois sous la machine.

Dans la foulée d’une performance pour Arte Concert diffusée en avril 2021, Chapelier Fou Ensemb7e a entamé une tournée de concerts qui l’a fait passer par l’Antipode de Rennes le 23 octobre 2021. Il se produira également au SEW de Morlaix le samedi 13 novembre 2021 et au Carré Magique de Lannion le 8 avril 2022.

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Retrouvez Chapelier Fou Ensemb7e ou en solo dans toute la France, grâce au travail de son agence de booking Wart, basée à Morlaix (Finistère).

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Jean Gueguen
J'aime ma littérature télévisée, ma musique électronique, et ma culture festive !

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